Il y a quelques jours, paraissait sur le site anglophone de l’OMS une nouvelle page baptisée « e-cigarettes : à quel point sont-elles dangereuses ? ». Prenant la présentation d’une foire aux questions, elle est destinée à répondre aux grandes interrogations du public sur le sujet du vapotage. L’OMS ayant déjà prouvé par le passé sa malveillance volontaire envers la vape, elle récidive ici avec 10 affirmations en partie ou complètement fausses. Décryptage et débunkage.
Les cigarettes et autres produits du vapotage sont-ils dangereux ?
Réponse de l’OMS : « il existe de nombreux types de cigarettes électroniques utilisés (aussi appelés ENDS), qui contiennent des quantités variables de nicotine et d’émissions nocives.
Les émissions des cigarettes électroniques contiennent généralement de la nicotine et d’autres substances toxiques qui sont nocives tant pour les utilisateurs que pour les personnes exposées au vapotage passif. On a constaté que certains dispositifs qui prétendent être sans nicotine contiennent de la nicotine
Il ne fait aucun doute que les produits du vapotage sont nocifs pour la santé et ne sont pas sûrs, mais il est trop tôt pour fournir une réponse claire sur l’impact à long terme de leur utilisation ou de l’exposition à ces substances.
Les ENDS sont particulièrement dangereux lorsqu’ils sont utilisés par des adolescents. La nicotine crée une forte dépendance tandis que le cerveau des jeunes se développe jusqu’à la mi-vingtaine. L’exposer à la nicotine peut avoir des effets néfastes et de longue durée.
Les jeunes qui en consomment sont également plus susceptibles de faire usage de cigarettes, de cigares ou de narguilés.
Les cigarettes électroniques augmentent le risque de maladies cardiaques et de troubles pulmonaires. Pour les femmes enceintes, les ENDS posent des risques importants car ils peuvent endommager le fœtus en croissance.
Les produits du vapotage exposent également les non-fumeurs et les passants à la nicotine et à d’autres produits chimiques nocifs.
Le liquide contenu dans les cigarettes électroniques peut brûler la peau et causer rapidement un empoisonnement à la nicotine s’il est avalé ou absorbé par la peau. Il y a un risque de fuite des appareils ou d’ingestion du liquide par les enfants, et il a été démontré que les ENDS peuvent causer des blessures graves par des incendies et des explosions. »
Vapoter, un danger tout relatif
Notre avis : si la vape ne peut effectivement pas être considérée comme étant absolument sans risque, elle reste toutefois énormément moins dangereuse que le tabagisme.
Dans son rapport de 2015, le ministère de la santé britannique a officiellement déclaré que « le danger associé à l’utilisation de la cigarette électronique risque d’être extrêmement faible, et certainement beaucoup plus faible que le tabagisme ». Un danger qu’une équipe d’experts internationale a estimé l’année précédente représenter « moins de 5 % des risques liés au tabagisme ».
Deux années plus tard, une étude écossaise en arrivait quant à elle à la conclusion que le potentiel cancérigène de la cigarette électronique par rapport au tabac fumé n’était que de 1 %.
Vapotage passif
Même son de cloche concernant le sujet du vapotage passif. Si l’OMS indique qu’il peut présenter un risque pour l’entourage du vapoteur, de nombreuses études expliquent qu’il est négligeable.
En 2013, une étude allemande démontrait que seules 5 molécules nocives se retrouvaient dans l’air après avoir vapoté dans une pièce de 8 m². Des molécules qui se trouvaient alors en quantité très inférieure à celles retrouvées dans une pièce dans laquelle une cigarette combustible avait été consommée.
L’année suivante, une étude du chercheur polonais Maciej L. Goniewicz démontrait que même la présence de nicotine était réduite dans le cas du vapotage passif. De l’ordre de dix fois inférieure à celle du tabagisme passif.
Des conclusions confirmées par les propos du professeur Konstantinos Farsalinos peu de temps après, lors de sa critique d’une étude espagnole, dans laquelle il expliquait que la nicotine expirée dans l’air par un vapoteur ne représentait aucun danger pour la santé de son entourage, et n’entrainait en aucun cas une dépendance à la molécule.
Peu de temps après, une recherche allemande qui s’intéressait elle aussi au vapotage passif concluait que :
- la concentration intérieure de CO et de CO2 est restée inchangée entre les périodes contrôlées lors de l’étude et celles du vapotage ;
- les niveaux de formaldéhyde, de benzène et des produits de pyrolyse comme l’acroléine et l’acétone n’ont pas dépassé les niveaux naturels ;
- en ce qui concerne les sept hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) considérés comme probablement cancérigènes par le CIRC (Centre international de Recherche sur le Cancer), la concentration a augmenté en moyenne de 20%, passant de 122,8 ng/m3 (contrôlé) à 147,3 + 26.2 ng/m3 ;
- aucune hausse significative n’a été observée en ce qui concerne les éléments toxiques et potentiellement cancérigènes comme le cadmium, l’arsenic et le thallium ;
- la concentration d’éléments et de métaux a montré que le taux d’aluminium avait augmenté de 2,4 fois. » [Cependant, aucune hausse significative d’autres métaux n’a été observée, dont le cuivre, le chrome, le nickel, le plomb, l’étain, le vanadium ou le zinc].
Autant de données que le docteur Siegel expliquait être rassurantes :
« La principale crainte pour la santé de l’entourage du vapoteur reposait sur la possibilité d’une exposition à des aldéhydes cancérigènes et toxiques et autres produits de pyrolyse dont les formaldéhydes, acroléines et acétones. Cependant, cette étude n’a trouvé aucune hausse de la concentration de ces polluants en conditions réalistes (de la vie réelle).
Malgré une légère augmentation de la concentration d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, aucune hausse significative n’a été relevée en ce qui concerne les composés connus ou probablement cancérigènes ».
De nombreuses autres études sur le vapotage passif ont été conduites, n’hésitez pas à les consulter afin d’en apprendre plus sur le sujet.
Il est également important de noter que l’OMS semble confondre deux produits totalement différents. En effet, elle explique que la vapeur contient « du glycol, qui est également utilisé pour faire de l’antigel ». Cependant, comme le rappel le professeur Dautzenberg, les e-liquides contiennent du propylène glycol, une molécule utilisée dans l’industrie alimentaire par exemple, et qui est très différente de l’éthylène glycol qui est en effet utilisé pour l’antigel.
Triste que #OMS confonde le propylène glycol, un ingrédient alimentaire, des cigarettes, pharmaceutique (y compris antiasthmatiques en inhalation) et l’éthylène glycol qui effectivement est un antigel. Merci à l’OMS de préciser par qui a été écrit cet outil de com maladroit? pic.twitter.com/MbxaZabmE6
— Pr . B Dautzenberg (@parissanstabac) January 22, 2020
Le vapotage des adolescents
Oui, il est possible que le vapotage des adolescents soit un problème, aux États-Unis. Même si les chiffres diffèrent selon les sources, il semblerait que le pays connaisse bel et bien une recrudescence du nombre de jeunes qui vapotent.
Toutefois, cette information est à relativiser, comme c’est souvent le cas des questions qui concernent le vapotage. En effet, s’il est un fait que de plus en plus d’adolescents vapotent outre-Atlantique, il est également un fait qu’ils sont de moins en moins nombreux à fumer.
En effet, dès 2014, un rapport du CDC indiquait que le nombre de jeunes vapoteurs était passé de 1,5 à 13,4 %, mais qu’en parallèle, le nombre de jeunes fumeurs avait diminué, passant de 15,8 à 9,2 % chez les lycéens, et de 4 à 2,5 % chez les collégiens.
Ainsi, s’il est vrai qu’il est impossible de savoir si tous ces jeunes qui vapent auraient fumé des cigarettes combustibles si la cigarette électronique n’avait pas existé, le fait est qu’il consomme aujourd’hui un produit considéré comme étant « au moins 95 % moins nocif » que le tabagisme.
D’une manière générale, aux USA, le nombre de fumeurs a diminué depuis le gain de popularité du vapotage. Dans son rapport de 2018, le CDC indiquait ainsi que les États-Unis n’avaient jamais connu un taux de fumeur aussi bas que l’année précédente.
Il est également important de noter que le vapotage des jeunes semble répondre à un effet de mode aux USA. En effet, depuis bien des années maintenant, le Royaume-Uni monitore l’utilisation de la cigarette électronique par les mineurs. En 2015, le pays réalisait déjà un sondage dont les résultats montraient que les adolescents britanniques, s’ils essayaient la vape, ne continuaient pas l’utilisation de la cigarette électronique sur le long terme.
La théorie de la passerelle
Dans sa réponse, l’OMS explique que les utilisateurs de cigarettes électroniques sont « plus susceptibles » de passer plus tard au tabac fumé. Une affirmation qui, là encore, a d’ores et déjà été largement étudiée par la science.
En 2014, un rapport de l’Action on Smoking and Health (ASH) publié au Royaume-Uni indiquait que le vapotage des jeunes est « rare et limité aux individus qui fument ou ont déjà fumé ».
L’année suivante, un sondage réalisé une nouvelle fois au Royaume-Uni auprès de 1 601 Gallois âgés de 11 à 16 ans expliquait que « seulement 2 % de l’ensemble des adolescents interrogés ont reconnu avoir développé une dépendance à la cigarette électronique, la plupart d’entre eux étant déjà fumeurs ou consommateurs de cannabis ».
Des conclusions qui coïncidaient avec celles d’un sondage similaire réalisé en France quelques mois plus tôt.
La même année, une autre étude réalisée cette fois auprès de 26 500 personnes réparties parmi 27 pays européens mettait en avant que « seulement 1 % des non-fumeurs avait testé la cigarette électronique ». De quoi confirmer que « l’e-cigarette n’amène pas à une normalisation du tabac » pour Konstantinos Farsalinos.
Enfin, toujours en 2015, l’ASH revenait à la charge avec une nouvelle étude qui démontrait que l’expérimentation du tabagisme n’avait jamais été aussi faible chez les jeunes Britanniques depuis la création de l’étude en 1982, et ce malgré l’augmentation du nombre d’adolescents qui vapotaient dans le pays.
Là encore, de nombreuses autres études sont parues à ce sujet. N’hésitez pas à consulter notre rubrique qui lui est destinée afin d’en apprendre plus.
Cigarette électronique et maladies cardiaques
« Les cigarettes électroniques augmentent le risque de maladies cardiaques et de troubles pulmonaires. Pour les femmes enceintes, les ENDS posent des risques importants car ils peuvent endommager le fœtus en croissance » explique l’OMS sur son site internet.
Mais alors que dire de l’étude de Konstantinos Farsalinos réalisée en 2014 qui, si elle connait certaines limites, démontre clairement que la vape n’a pas d’incidence à court terme (juste après le vapotage) sur le cœur du vapoteur, contrairement à la fumée de cigarettes ?
Que dire de deux des dernières études réalisées sur l’impact du vapotage sur le cœur (voir l’étude de 2018 et la recherche de 2019), qui ont été démontées par différents scientifiques peu après leur publication ?
Et enfin, que dire de l’une des dernières études en date à ce sujet, baptisée VESUVIUS (Vascular Effects of Regular Cigarettes Versus Electronic Cigarette Use), qui arrivait à la conclusion que « les fumeurs chroniques étant passés au vapotage ont présenté des améliorations significatives de la fonction endothéliale vasculaire » ?
Le vapotage des femmes enceintes
Concernant ce point, l’OMS explique que « pour les femmes enceintes, les ENDS posent des risques importants car ils peuvent endommager le fœtus en croissance ».
Une étude irlandaise menée en 2019 sur des femmes en attente d’un enfant, et utilisatrices exclusives de cigarettes électronique, n’a trouvé aucune différence lors de l’accouchement ou concernant la santé du bébé, entre elles et des femmes non-fumeuses et non-vapoteuses. De quoi rappeler à toutes les concernées qu’à l’heure actuelle, vapoter durant une grossesse ne semble pas poser de problèmes immédiats. Contrairement à une consommation de tabac qui elle, a de réelles conséquences sur l’enfant.
Cigarette électronique, empoisonnement et explosions
Enfin, pour conclure sa réponse, l’OMS indique que l’e-liquide peut « causer un empoisonnement s’il est avalé » et rappelle que les cigarettes électroniques peuvent causer de graves blessures suite à des incendies ou des explosions.
Il s’agit sûrement là de la réponse la plus surprenante de l’organisme de santé.
En effet, s’il est vrai que plusieurs « explosions » d’accumulateurs ont eu lieu de par le monde, est-il vraiment nécessaire de rappeler qu’il y a de très fortes chances qu’elles furent la cause d’une mauvaise manipulation des batteries avec lesquelles fonctionnent les cigarettes électroniques ?
Et quand bien même ces explosions n’auraient pas toutes été le fruit d’une ignorance de la loi d’Ohm dans le cas de l’utilisation d’un mod mécanique, mais auraient été le fruit d’un défaut de fabrication, n’est-ce pas le risque encouru pour tous les produits électroniques qui contiennent des batteries ?
Est-il vraiment nécessaire de rappeler la mésaventure de Samsung et des Galaxy Note 7 ? Ou encore les nombreux cas d’explosions ayant touché les iPhone 4, 5, 6, ou 6S ?
Car oui, tout produit électronique qui contient une batterie présente un risque d’explosions. Car toutes les batteries peuvent exploser.
Tout sur les explosions de cigarette électronique (et comment les éviter)
Par exemple, saviez-vous qu’en octobre 2019, un navire traversier norvégien à batterie hybride avait pris feu, ce qui avait conduit à la rédaction d’un rapport complet sur la sécurité des batteries à bord des navires ?
Enfin, concernant les risques d’empoisonnement à la nicotine, oui, ils existent. Car la nicotine n’est pas une substance destinée à être consommée oralement, au même titre que la javel, l’essence, l’huile de moteur et autres liquides toxiques.
Il faut toutefois relativiser ce risque. En effet, selon le Dr Bernd Mayer, de l’Institut des sciences pharmaceutiques de l’Université de Graz en Autriche, un adulte aurait besoin d’ingérer 2,5 flacons de 10 ml d’e-liquide à 20 mg/ml pour en mourir.
Et si la dose létale pour un enfant est naturellement plus faible, il semble important de rappeler qu’aujourd’hui, tous les flacons de liquides pour cigarettes électroniques sont pourvus de bouchons équipés d’une « sécurité enfant » afin d’éviter tout problème.
Les e-cigarettes (ENDS) causent-elles des lésions pulmonaires ?
Réponse de l’OMS : « il y a de plus en plus de preuves qui montrent que l’utilisation d’ENDS pourrait causer des dommages aux poumons.
Le 17 septembre 2019, les Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis ont lancé une enquête d’urgence sur les liens entre l’utilisation des cigarettes électroniques et des lésions pulmonaires ayant entrainé des décès.
Le 10 décembre 2019, les États-Unis ont signalé plus de 2 409 cas d’hospitalisation et 52 décès confirmés.
Au moins cinq autres pays ont ouvert des enquêtes pour identifier les cas de lésions pulmonaires liées à l’utilisation de produits du vapotage ».
Notre avis : oui, de nombreux Américains ont été hospitalisés ces derniers mois suite à l’utilisation d’une cigarette électronique. Oui, certains sont malheureusement décédés.
Ce que l’OMS oublie cependant de rappeler c’est que la très grande majorité d’entre eux avait consommé des e-liquides contenant du THC, dans lesquels était présent de l’acétate de vitamine E, composé nocif pour les poumons, et totalement absent des e-liquides traditionnels.
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Les e-cigarettes sont-elles plus dangereuses que les cigarettes ordinaires ?
Réponse de l’OMS : « cela dépend d’une série de facteurs, notamment la quantité de nicotine et d’autres substances toxiques dans les liquides chauffés, mais nous savons que les vaporisateurs personnels présentent des risques évidents pour la santé et ne sont nullement sécuritaires ».
Notre avis : la cigarette électronique est considérée par le ministère britannique comme étant « au moins 95 % moins nocive » que le tabagisme. Voir premier paragraphe pour plus d’informations, ou le rapport toxicologique, très complet, réalisé par le Royaume-Uni.
Les cigarettes électroniques sont-elles addictives ?
Réponse de l’OMS : « oui. La nicotine crée une forte dépendance, et les cigarettes électroniques impliquent l’inhalation d’un aérosol infusé de nicotine ».
Notre avis : oui, consommer de la nicotine dans le cadre du tabagisme implique bien souvent une dépendance. En effet, la présence de la molécule, combinée à un cocktail chimique complexe crée une forte dépendance. Cependant, il n’existe pas de consommation pandémique de nicotine via les médicaments par exemple. Car c’est bien la rapidité de diffusion de la nicotine, dans le cadre du tabagisme, qui crée l’effet shoot, et donc la dépendance. Ce qui explique en parti le succès du fabricant de pod Juul aux USA, dont les liquides peuvent contenir jusqu’à 59 mg/ml de nicotine, alors que la législation Européenne empêche d’excéder 20 mg/ml.
Ainsi, ne vaut-il pas mieux être dépendant d’un produit moins toxique (la cigarette électronique), plutôt que d’un produit qui l’est beaucoup plus et qui tue 7 millions de personnes chaque année (le tabac combustible) ?
Les émissions de cigarettes électroniques sont-elles nocives pour l’entourage ?
Réponse de l’OMS : « oui, les aérosols contenus dans les SPDN contiennent généralement des substances toxiques, y compris du glycol qui est utilisé pour fabriquer de l’antigel. Les SPDD présentent des risques pour les utilisateurs et les non-utilisateurs ».
Notre avis : de nombreuses études ont d’ores et déjà démontré que le vapotage passif n’existe quasiment pas et ne représente qu’un risque infime par rapport au tabagisme passif. Voir second paragraphe pour en savoir plus.
Les cigarettes électroniques devraient-elles être interdites ?
Réponse de l’OMS : « les pays peuvent choisir d’interdire la cigarette électronique. Elles sont actuellement interdites dans plus de 30 pays dans le monde, et de plus en plus de pays envisagent de les interdire pour protéger les jeunes ».
Notre avis : dans tous les pays où la cigarette électronique est présente, les chiffres du tabagisme diminuent. Au Royaume-Uni par exemple, le ministère de la santé indiquait dès 2016 que dans l’ensemble du pays, alors que le nombre de vapoteurs augmentait, le nombre de fumeurs diminuait.
Des résultats similaires ont d’ailleurs été observés en France puisque selon le gouvernement, notre pays aurait perdu 1,6 millions de fumeurs depuis 2016. Et bien que le lien entre cette diminuation et l’augmentation du nombre de vapoteurs n’ait pas été officiellement établi, il y a fort à parier qu’une relation de cause à effet existe bel et bien.
Même son de cloche aux USA puisqu’il n’y a jamais eu aussi peu de fumeurs dans le pays selon le rapport du CDC datant de 2018.
De nombreux gouvernements peinent encore à intégrer les données de terrain que la vape fait remonter inexorablement dans les chiffres de baisse du tabagisme. Alors que l’OMS semble expliquer que les pays qui ont banni le vapotage le font pour « protéger les jeunes », de nombreux enjeux viennent clairement perturber la gestion rationnelle de ce sujet majeur de la santé publique. Entre idéologie, revenus fiscaux et lobbies industriels, les grandes instances de la santé sont plus que jamais écartelées par cet outil qui perturbe profondément certains équilibres gouvernementaux.
La vape devrait-elle être réglementée ?
Réponse de l’OMS : « Oui. Les ENDS sont nocifs pour la santé et, lorsqu’ils ne sont pas interdits, ils doivent être réglementés.
L’OMS recommande aux pays de mettre en œuvre les mesures réglementaires qui conviennent le mieux à leur contexte national.
La réglementation devrait :
- perturber la promotion et l’utilisation des cigarettes électroniques ;
- réduire les risques potentiels pour la santé des utilisateurs et des non-utilisateurs de ces produits ;
- interdire que des allégations fausses ou non prouvées soient faites au sujet des cigarettes électroniques ;
- protéger les efforts actuels de lutte contre le tabagisme.
Environ 15 000 saveurs uniques sont utilisées dans le marché du vapotage, y compris des saveurs conçues pour attirer les jeunes, comme la gomme à mâcher et la barbe à papa.
Les gouvernements devraient restreindre la publicité, la promotion et le parrainage des ENDS afin que les jeunes, les autres groupes vulnérables et les non-fumeurs ne soient pas ciblés.
L’utilisation des cigarettes électroniques dans les lieux publics et les lieux de travail intérieurs devrait être interdite, compte tenu des risques pour la santé des non-utilisateurs.
Taxer les produits de la vape de la même manière que les produits du tabac offre une solution gagnante pour les gouvernements en protégeant les citoyens par des prix plus élevés qui dissuadent la consommation ».
Notre avis : conseiller de « perturber la promotion et l’utilisation des cigarettes électroniques » entre en contradiction avec les données de terrain jusqu’à présent rapportées par diverses enquêtes et dont les résultats tendent le plus souvent à démontrer une amélioration de la santé publique là où la vape s’est implantée.
En interdisant la promotion du vapotage, les pays privent leur population de fumeurs d’une occasion d’être informés concernant la réduction des risques offerte par le vapotage par rapport au tabac fumé.
L’OMS invite ainsi les gouvernements du monde à « protéger les efforts actuels de lutte contre le tabagisme » sans considérer une seconde les résultats des recherches scientifiques réalisées jusqu’à présent sur la cigarette électronique. Le vapotage aidant à arrêter de fumer, il devrait justement être inclus à ces efforts de santé publique de lutte contre le tabagisme. Mais la réduction des risques tabagiques ne fait pas partie de l’arsenal idéologique de l’OMS, qui refuse systématiquement la notion de risque pour le tabagisme, qui ne semble être pour elle n’être qu’une habitude de consommation à éradiquer.
Concernant les arômes, si l’OMS semble se concentrer sur le fait que certains « attirent les jeunes », elle semble oublier que les adultes apprécient également les arômes gourmands. Une étude américaine conduite en 2018 auprès de 20 836 vapoteurs américains démontrait que la majorité d’entre eux utilisait des e-liquides aromatisés. En effet, 82,9 % avait déclaré vapoter des e-liquides fruités et 68,5 % des e-liquides gourmands.
Plus intéressant encore, la recherche démontrait que les nouveaux vapoteurs adultes semblaient se diriger de plus en plus vers des e-liquides de ce type, dès leur premier achat au moment de passer du tabac à la vape. Ils n’étaient ainsi « que » 17,8 % à se procurer un e-liquide aux fruits en tant que premier achat en juin 2015, mais plus de 33 % l’année suivante. En parallèle, les nouveaux vapoteurs qui faisaient le choix de démarrer la vape avec un e-liquide classic étaient 46 % en 2015, et « plus que » 24 % l’année suivante.
Des chiffres qui démontrent l’importance cruciale des arômes lors d’un passage du tabac au vapotage.
Le mois suivant, une étude conduite par Konstantinos Farsalinos, cette fois auprès de presque 70 000 vapoteurs américains, démontrait que l’attrait pour les saveurs tabac continuait de diminuer puisque seuls 7,7 % des interrogés déclaraient consommer des e-liquides classics, contre 14,8 % l’année précédente.
Enfin, concernant les taxes, il n’est une nouvelle fois pas possible d’être d’accord avec l’OMS. En effet, la cigarette électronique étant un substitut nicotinique reconnu par une récente étude comme étant deux fois plus efficace que les substituts nicotiniques plus « traditionnels » (patchs, gommes à mâcher etc), pourquoi vouloir augmenter son prix et ainsi diminuer les chances que les fumeurs s’y intéressent ?
Ces recommandations de l’OMS contrastent fortement avec la politique menée par le Royaume-Uni. En effet, dans le pays de Skakespeare, certains vape shops sont installés dans des hôpitaux, des vapoteuses sont distribuées gratuitement dans certains cas, et un mois entier de l’année est consacré au sevrage tabagique avec la vape. Début 2019, le ministère de la santé du pays reprenait même une expérience réalisée par un internaute afin de démontrer la différence d’impact entre la fumée de cigarettes et la vapeur d’un vaporisateur personnel sur les poumons, symbolisés à l’occasion par du coton.
Le directeur du ministère déclarait à cette occasion qu’il serait « tragique que des milliers de fumeurs qui pourraient arrêter de fumer à l’aide d’une e-cigarette soient découragés par de fausses craintes concernant la sécurité » et qu’il est « essentiel de rassurer les fumeurs en leur disant que passer à une cigarette électronique serait beaucoup moins nocif que de fumer ».
Selon la dernière enquête en date de l’ASH, le Royaume-Uni compterait actuellement plus de 3 millions de vapoteurs. Un chiffre « vraiment encourageant » pour Alison Cook, directrice des politiques à la British Lung Foundation, organisation caritative qui promeut la santé respiratoire et soutient les personnes atteintes de maladie pulmonaire.
OMS : 8 ans d’acharnement contre la vape
2012 : premier rapport de l’OMS suggérant de bannir le vapotage car il serait une porte d’entrée vers le tabagisme,
2013 : l’OMS publie un nouveau rapport qui « déconseille » le vapotage,
2014 : l’organisation continue d’étudier la cigarette électronique en rappelant que ses émissions contiennent « des produits chimiques qui peuvent être considérés comme toxiques ».
2015 : dans son rapport baptisé The Global Tobacco Epidemic 2015, l’organisation continue d’encourager les gouvernements à « réfléchir sur la réglementation voire le bannissement des liquides arômatisés », et leur recommande de limiter ou d’interdire la promotion de ces dispositifs.
2016 : un nouveau rapport de l’OMS est publié à l’occasion de la COP7. Là encore, théorie de la passerelle, risques pulmonaires et autres fantaisies sont de la partie. Lors de l’événement, l’OMS a d’ailleurs appelé les parties présentes « qui n’ont pas encore interdit l’importation, la vente et la distribution du vaporisateur (…) à envisager soit leur prohibition, soit leur réglementation ».
2018 : tenue de la huitième édition de la COP8, décrite par l’OMS comme un rassemblement durant lequel « la lutte antitabac est à l’honneur ». Les mots « cigarettes électroniques » ou « vapotage » n’y auront pas été prononcés une seule fois.
2019 : publication d’un nouveau rapport de l’OMS dans lequel l’organisation explique que malgré « un examen approfondi des données disponibles sur la cigarette électronique », il n’y a pas assez de « données probantes » pour affirmer que vapoter est moins nocif que fumer.
La même année, l’organisation mondiale de la santé a applaudi l’interdiction du vapotage en Inde, pays qui voit plus d’un million de personnes mourir chaque année du tabagisme.
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