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Panique sur la cigarette électronique : l’histoire d’une hystérie médiatique

Mis à jour le 5/03/2024 à 20h15
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Si vous utilisez une cigarette électronique, vous avez probablement entendu parler des vapoteurs tombés malades aux États-Unis en 2019, ou encore de l’acronyme « EVALI ». Mais que s’est-il réellement passé cette année-là ? Petit tour d’horizon de l’une des campagnes de désinformation les plus importantes dans l’histoire du vapotage.

2019 : six mois au cœur de la folie

  • 25 juillet : neuf cas de vapoteurs malades sont détectés dans le Wisconsin.
  • 4 août : les premiers témoignages de malades apparaissent sur les réseaux sociaux.
  • 14 août : le CDC s’empare de l’affaire et annonce que 94 personnes sont désormais touchées. Leur point commun serait qu’elles utilisent toutes une cigarette électronique.
  • 23 août : le premier décès survient dans l’Illinois. Au sein de la communauté scientifique, l’épidémie s’appelle désormais « la maladie mystérieuse ». Un manque de connaissances et de données qui n’empêche pas la presse de commencer à accuser le vapotage de toute part.
  • 4 septembre : au lendemain du second décès, la Food and Drug Administration indique pour la première fois avoir détecté un composé similaire dans tous les e-liquides utilisés par les vapoteurs malades : l’acétate de vitamine E présent dans des e-liquides contenant du THC.
  • 6 septembre : de grands journaux américains citent l’acétate de vitamine E comme potentielle responsable des problèmes pulmonaires. De son côté, le CDC conseille l’arrêt de l’utilisation de la cigarette électronique, quels que soient les e-liquides consommés.
  • 11 septembre : l’administration Trump profite de la panique autour du vapotage pour annoncer sa volonté d’interdire les arômes dans les e-liquides. C’est la première fois que la politique intervient dans cette affaire et lorsqu’elle le fait, c’est en liant deux phénomènes totalement distincts l’un de l’autre : l’augmentation du vapotage chez les mineurs aux USA, et la maladie pulmonaire qui sévit chez les consommateurs d’e-liquides au THC contenant de l’acétate de vitamine E.
  • 15 septembre : l’État de New York interdit les e-liquides aromatisés. À cette période, dans le reste du monde, la presse inonde les réseaux de titres alarmistes liant vapotage et maladie pulmonaire.
  • 22 septembre : Agnès Buzyn, ministre de la Santé en France, tente de rassurer les vapoteurs en indiquant qu’il n’y a aucun problème dans l’Hexagone.
  • 24 septembre : l’état d’urgence sanitaire est décrété dans le Massachusetts qui interdit la vente des produits de la vape pour une durée de 4 mois.
  • 26 septembre : trois semaines après la FDA, c’est au tour du CDC d’annoncer que certaines données suggèrent que le vapotage de produits contenant du THC semble « jouer un rôle » dans cette affaire. .
  • 27 septembre : l’AFP relaie l’information au sujet de l’acétate de vitamine E. Cependant, de nombreux professionnels ont déjà été durement touchés financièrement. Plusieurs annoncent des diminutions de leur chiffre d’affaires de l’ordre de 30 %. Les titres alarmistes de la presse mondiale ont définitivement effrayé les vapoteurs, qui ne se rendent plus dans leurs boutiques.
  • 3 octobre : malgré les nouvelles données fournies par le CDC et la FDA, la presse française poursuit sa croisade contre le vapotage à l’aide de titres toujours plus chocs. La cigarette électronique continue d’être quotidiennement la cible d’informations alarmistes.
  • 8 octobre : le CDC continue d’affirmer clairement que l’acétate de vitamine E contenue dans certains produits au THC vendus au marché noir semble être responsable de toutes les maladies pulmonaires connues par les vapoteurs américains. Il continue pourtant de conseiller d’arrêter de vapoter, y compris des e-liquides traditionnels ne contenant que de la nicotine.
  • 8 novembre : le CDC annonce officiellement que le vapotage d’acétate de vitamine E contenue dans des e-liquides au THC provenant du marché parallèle est responsable. L’information est rapidement reprise par les médias du monde entier. Ils sont pourtant bien moins nombreux à rapporter la nouvelle qu’ils ne l’étaient pour alarmer le grand public.

Cet article reprend l’histoire de la crise EVALI (e-cigarette, or vaping, product use associated lung injury), survenue aux États-Unis en 2019.

Juillet : le commencement

Le 25 juillet, un communiqué du département de santé du Wisconsin (Department of Health Services – DHS) fait part de 9 cas de « maladies pulmonaires graves chez des adolescents » habitant l’État. Alors que le DHS explique enquêter sur la cause de ces problèmes, il indique que tous les malades semblent avoir un point en commun : ils seraient vapoteurs. Les vapoteurs, que l’on compte par millions dans le monde, tomberaient-ils soudainement malades ? Un sujet en or pour les rédactions pressées de faire de l’audimat. Les premiers titres sensationnalistes font leur apparition, accusant déjà la cigarette électronique alors que l’enquête des autorités de santé n’a même pas encore débuté.

Dès le 29 juillet, USA Today fait part des premiers cas de vapoteurs tombés malades, dans le Wisconsin. « Les autorités de santé du Wisconsin enquêtent sur six cas supplémentaires d’une maladie pulmonaire possiblement liée au vapotage ».

Août : les autorités de santé s’emparent du problème

Quelques semaines plus tard, le 14 août 2019, le centre américain de prévention des maladies (Centers for Disease Control and Prevention – CDC) publie un communiqué de presse indiquant qu’il enquête sur le cas de 94 personnes atteintes de problèmes pulmonaires à travers tout le pays. L’organisme de santé explique consulter les ministères de cinq États au sujet « d’un ensemble de maladies pulmonaires liées à l’utilisation de produits de la vape », tout en notant que « bien que certains cas dans chacun des États sont similaires et semblent être liés à l’utilisation de produits du vapotage, plus d’informations sont nécessaires pour déterminer ce qui cause les maladies ».

Sur Facebook, une internaute hospitalisée alerte ses abonnés sur les dangers de la cigarette électronique. Septembre 2019
Voir la traduction du post Facebook de Maddie Neslon
« S’il vous plaît, partagez autant que possible et à qui vous le pouvez, je suis là pour faire de la sensibilisation #stopthevape #truthorange #escapethevape MISE À JOUR – Les nombreux professionnels de santé qui travaillaient sur mon cas n’ont pas été en mesure de trouver d’ingrédients ou de choses qui ont causé tous ces problèmes. Mon diagnostic de pneumonie éosinophile aiguë a été diagnostiqué à partir de quelque chose dans les nombreuses marques de vape pens que j’avais utilisées. Mes poumons se sont remplis de liquide et mes reins ont été infectés par quelque chose et, malheureusement, comme nous sommes la première génération à utiliser ces produits, il n’y a pas encore assez de recherches pour savoir exactement ce que c’était. Je ne partage pas mon histoire pour jouer un rôle de parent et vous dire d’arrêter, (même si oui, je vous le recommande.) Je partage mon histoire pour que vous soyez tous conscients qu’il y a quelque chose dans ces produits qui n’est pas sûr et qui m’a presque coûté la vie. J’aimerais aussi remercier l’hôpital des timbales et mes médecins extraordinaires qui ont travaillé très fort pour m’aider, et un merci tout particulier à Brett Kay qui m’a littéralement sauvé la vie. ♥️ Lien pour un GoFundMe que nous avons préféré masquer Si quelqu’un veut m’aider à payer mes frais médicaux et à sensibiliser les gens, j’ai fait le lien avec le fonds de démarrage ci-dessus. Pour tous ceux qui pensent que la vape est une alternative plus sûre que la cigarette, vous avez tort. Peu importe qu’il s’agisse d’un clearomiseur, d’un vape pen au THC ou d’un Juul, malheureusement, j’ai pu vivre cette expérience de première main et ce n’est pas amusant. J’ai dû être mis dans un coma artificiel avec un tube respiratoire dans la gorge. Je peux vraiment dire que cela a été l’une des choses les plus difficiles que j’ai eues à vivre et je ne le souhaite à personne. Avant, je me disais que ça ne m’arriverait pas à moi, mais ça peut t’arriver à toi aussi. J’écris ceci pour avertir tous mes amis parce que je connais la plupart d’entre eux, CELA PEUT VOUS ARRIVER. Je suis épuisée de me battre si fort et je ne peux même pas aller aux toilettes toute seule, je suis encore aux soins intensifs aujourd’hui et j’espère être transférée à l’hôpital. Pas plus tard qu’aujourd’hui, j’ai vu un article dans lequel 14 jeunes enfants se sont faits hospitaliser pour la même chose, suivez mon conseil, ne fumez pas, ne vapotez pas. #vape #stopthevape #stopthevapes #nosmoke TruthOrange truth ». NDLR : ce post a été modifié par son autrice le 6 septembre (comme permet Facebook de le vérifier), car dans sa version originale, il n’était aucunement fait mention des termes « vape pen au THC ». Maddie aurait-elle commencé à reconnaître avoir vapoté des produits frelatés ? Nulle réponse à cette question puisque depuis cette publication, elle n’a plus jamais fait mention de ses problèmes de santé, probablement résolus depuis. Il était aussi sûrement difficile de reconnaître publiquement, après avoir vu son post partagé plus de 1 000 fois, qu’elle avait fait une erreur en accusant la vape dans sa globalité.  

Sur les réseaux sociaux, certains malades se manifestent et leurs posts commencent à faire le tour du web, comme celui de Maddie Nelson. Des publications qui accroissent le sentiment d’insécurité naissant chez certains vapoteurs qui se mettent à douter des effets sur le corps du vaporisateur personnel. D’autres, au contraire, se questionnent d’ores et déjà sur les produits consommés. Des questions qui n’obtiendront pour réponse que des propos évasifs, ou pas de réponse du tout.

D’autres internautes réagissent à sa publication et demandent quel type d’e-liquide la jeune fille utilisait. Sans obtenir la moindre réponse. « Qu’est-ce que tu fumais quotidiennement ? Des sels de nicotine ou… ? Je sais que ça craint mais tout le monde autour de moi vapote et je suis curieux de savoir ce que tu fumais, merci ». La jeune femme répond « des vapes et des cigalikes spéciaux, ça ne valait pas du tout le coup ». Le troisième s’étonne : « des cigalikes spéciaux ? Au THC ? ». Pas de réponse.

Un premier décès

Une semaine plus tard, le 23 août, un premier décès est signalé dans l’État de l’Illinois. Les Centers for Disease Control and Prevention publient alors un nouveau document indiquant que 193 personnes seraient désormais touchées par des problèmes de santé, tous présentant des symptômes similaires : difficultés respiratoires et essoufflement pouvant aller jusqu’à conduire à une hospitalisation. Lors de cette nouvelle prise de parole, l’organisation indique une nouvelle fois que selon les données à leur disposition, « aucun produit ou composé n’a été relié à tous les cas ». Celle qu’on appellera désormais, la « maladie mystérieuse », restera pour l’instant une énigme pour les scientifiques.

Des doutes qui n’empêchent pas la presse de poursuivre la publication de titres toujours plus alarmistes. Voltage écrit par exemple un article dont le titre est « Le premier décès lié à la cigarette électronique vient d’être enregistré », Maxisciences nomme l’un de ses papiers « Les effets nocifs de la cigarette électronique inquiètent les autorités américaines », tandis que Cosmopolitain titre « Vapotage : une jeune femme placée dans le coma artificiel ».

Septembre : de plus en plus de malades

Une dizaine de jours plus tard, le 3 septembre, un second décès est annoncé, cette fois-ci dans l’État de l’Oregon.

Le lendemain, la Food and Drug Administration (FDA), organisme de santé gouvernemental qui était resté très discret jusqu’alors, indique avoir repéré un composé similaire dans « presque tous les échantillons analysés ». En effet, si l’agence ne s’était pas encore exprimée sur cette affaire, elle travaillait pourtant dessus, notamment en étudiant les e-liquides consommés par les nombreux malades à travers le pays. Le composé qu’elle repère se nomme acétate de vitamine E. Il serait utilisé en tant qu’agent épaississant dans certains produits contrefaits, et pourrait conduire à de graves problèmes de santé. 

Le 6 septembre, dans l’Indiana, un troisième décès est annoncé. Point important concernant ces deux derniers trépas, les journaux UsaToday et le New York Times indiquent que les deux victimes auraient consommé des produits contenant du THC, peu de temps avant leur mort. C’est la première fois que le THC est nommé et identifié par la presse comme potentiel suspect de cette « maladie mystérieuse » qui toucherait désormais 450 personnes dans tous les États-Unis. Des informations concordantes avec les dernières trouvailles de la FDA concernant l’acétate de vitamine E. Le même jour, le CDC donne une conférence durant laquelle il recommande aux vapoteurs d’arrêter de vapoter complètement le temps de leur enquête. De son côté, la FDA publie son propre communiqué, qui déconseille quant à lui aux vapoteurs d’inhaler des produits contenant du THC. Des recommandations qui diffèrent selon les organismes et participent au flou qui entoure ces mystérieux décès de vapoteurs.

La FDA conseille aux vapoteurs de s’éloigner des produits contenant du THC. « Maladies du vapotage : les consommateurs peuvent se protéger en évitant les produits du vapotage contenant du THC ».

La politique s’en mêle, et s’emmêle

4 jours plus tard, le 10 septembre, un sixième décès est cette fois-ci signalé dans l’État du Kansas. L’occasion pour son secrétaire à la santé, le docteur Lee Norman, d’appeler tout bonnement à un arrêt de la vape :

« Si vous, ou quelqu’un que vous aimez, vapotez, arrêtez s’il vous plaît. Le nombre de morts à travers le pays, et de personnes reportées malades, continue de s’intensifier », déclare-t-il ainsi.

Le 11 septembre, c’est au tour de l’administration Trump d’entrer en scène et d’indiquer sa volonté d’« éliminer le marché des e-cigarettes aromatisées afin d’inverser l’épidémie très préoccupante de l’utilisation des e-cigarettes par les jeunes qui affecte les enfants, les familles, les écoles et les communautés ». C’est la première fois que les autorités de santé publique mélangent deux affaires qui n’ont pourtant rien n’a voir, celle de l’augmentation de l’utilisation des produits de la vape par les jeunes du pays, et les récents décès survenus.

Le NY Times avertit que l’administration Trump souhaite interdire les arômes dans la vape. « L’administration Trump prévoit d’interdire les cigarettes électroniques aromatisées ».

Les cas d’empoisonnements sont ainsi utilisés pour nourrir les argumentaires anti-vape de nombreux organismes de lutte contre le tabac, et dans beaucoup de villes américaines, les activistes anti-vape les utilisent afin de tenter de faire passer leurs mesures qui interdiraient, soit les e-liquides aromatisés, soit la vape dans sa globalité. C’est notamment le cas en Virginie, dans le Delaware, dans le Maryland, et dans de nombreux autres États du pays.

Le même jour, dans le comté de Kenosha, une descente organisée par les forces de l’ordre locales conduit à l’arrestation de deux hommes en possession de drogues, mais également de près de 130 000 cartouches d’e-liquides au THC artisanales, dont certaines « maquillées » en emballages de bonbons. Le shérif présent sur place se demande alors si l’activité criminelle des deux hommes pourrait être liée aux nombreux problèmes de santé connus par tous ces vapoteurs malades dans le pays.

USA Today fait part de l’arrestation de deux hommes dans le Wisconsin. « Des frères du Wisconsin inculpés pour des opérations de contrefaçons de cartouches de vape ».

Le 12 septembre, le CDC publie un nouveau communiqué qui confirme 380 cas de vapoteurs malades, dispersés à travers 26 États du pays. Un chiffre en diminution par rapport aux derniers communiqués par le New York Times car il ne prend en compte que les cas scientifiquement confirmés.

Les premières interdictions frappent la vape

Le 15 septembre, Andrew Cuomo, gouverneur de l’État de New York, met un terme à la possibilité de vendre des produits de la vape aromatisés sur son territoire. Une décision qui survient quelques semaines après une première interdiction d’État prononcée dans le Michigan. Il déclare à l’époque qu’il est « évident » que les e-liquides sucrés « s’adressent aux jeunes et qu’ils sont très efficaces pour les cibler ». C’est la seconde fois qu’un homme politique se sert des récents décès survenus dans le pays pour appliquer une politique anti-vapotage.

CNN rapporte que l’État de New York interdit désormais la plupart des produits de la vape aromatisés. « L’État de New York interdit la plupart des saveurs dans les e-cigarettes ».

Retour de la FDA le 19 septembre lorsqu’elle annonce mener une « enquête criminelle » sur la vague de maladies et de décès liés au vapotage, qui touche à présent 530 personnes et qui aurait causé la mort de 8 d’entre elles.

Dans le monde entier, l’hystérie médiatique perdure

À ce stade, la presse généraliste en France continue d’inonder les réseaux de titres alarmistes, malgré l’avancée des différentes enquêtes qui tendent de plus en plus à démontrer que la majorité des vapoteurs malades avaient consommé des produits bien différents des e-liquides traditionnels.

Parmi les plus frappants, nous pouvons citer « Cigarette électronique : une maladie inquiétante tue 5 personnes aux États-Unis » par Le Point, (qui titrera d’ailleurs, la semaine d’après, « cigarette électronique : il ne faut pas se tromper d’ennemi », ce qui prouve bien la tendance du journal à apprécier les titres racoleurs, voire faire exprès de créer l’angoisse pour ensuite la calmer quelques jours plus tard), « Elles ont failli me coûter la vie : le cri d’alerte d’une Américaine contre la cigarette électronique » du Nouvel Obs, ou encore « Cigarette électronique : du liquide se solidifie dans les poumons d’un jeune qui vapotait trop », par Cnews. Une liste bien loin d’être exhaustive tant les attaques contre la cigarette électronique se multiplient sur le front médiatique.

CNews affole la France à l’aide de ses titres racoleurs et inexacts.

Le 24 septembre, c’est au tour du gouverneur de l’État du Massachusetts de prononcer l’« État d’urgence sanitaire » et d’interdire pour une durée de 4 mois, tous les produits du vapotage.

Le coupable enfin identifié

Le 26 septembre, dans un nouveau communiqué, le CDC fait le point sur son enquête. Il indique alors qu’à l’heure actuelle, 805 vapoteurs malades ont été recensés dans tout le pays, dont 10 sont décédés. Pour la première fois, il indique que certaines données « suggèrent que les produits contenant du THC jouent un rôle » dans cette affaire.

Le 27 septembre, l’AFP confirme enfin que les autorités américaines ont expliqué que les cartouches de vape au THC « jouent un rôle » dans les problèmes de santé connus par de nombreux vapoteurs américains.

Tweet de l’AFP relayant les avancées de l’enquête aux USA.

Mais, en France comme aux États-Unis, le mal est fait et certains professionnels du secteur font part de pertes de chiffre d’affaires pouvant atteindre 30 % sur les ventes, tant auprès des professionnels que des particuliers.  Une situation que l’on peut (en grande partie) imputée à l’AFP, pour ses dépêches toujours plus alarmistes, et qui ont persisté des mois après la clôture officielle de cette affaire par les agences de santé américaines.

Le Monde avec AFP publie ici un titre alarmiste qui associe les cas de décès à l’utilisation générale de la cigarette électronique.

Octobre : malgré les avancées de l’enquête, l’alarmisme perdure

Le 3 octobre, malgré le fait que le CDC ait annoncé que le THC est certainement la cause de ces nombreuses maladies qui touchent plusieurs centaines de vapoteurs aux États-Unis, les médias continuent leurs titres aussi racoleurs qu’irresponsables. BFM TV titre par exemple, « Vapotage: une étude américaine évoque des poumons comme brûlés par des gaz toxiques », tandis que Le Parisien a quant à lui choisi « Vapotage : les poumons de malades américains comme brûlés par des gaz toxiques ». Une fois encore, les titres parlent de « vapotage » sans qu’aucune distinction ne soit faite entre le vapotage de liquides traditionnels, à la nicotine, et le vapotage contenant du THC, très marginal en France comme aux États-Unis. Les médias continuent ainsi d’alimenter la peur.

Malgré toutes les preuves qui tendent à indiquer que les liquides au THC sont responsables, la presse continue ses titres alarmistes.

Le 8 octobre, les CDC publient un nouveau document qui parle désormais de 1 299 personnes touchées aux États-Unis, dont 21 sont décédées. Si l’organisme rappelle que « les données nationales et étatiques suggèrent que les produits contenant du THC, en particulier ceux obtenus dans la rue ou d’autres sources informelles (…) sont liés à la plupart des cas et jouent un rôle majeur dans l’épidémie », il continue de recommander aux personnes « d’envisager de s’abstenir d’utiliser des produits contenant de la nicotine ». Une position difficile à comprendre de la part d’une organisation de santé ayant de plus en plus de preuves de l’implication des produits contenant du THC dans cette crise.

Le 11 octobre, lors d’un briefing à la presse américaine, le docteur Dr. Schuchat, directrice adjointe principale du CDC, annonce que ses équipes utilisent désormais le terme « EVALI » pour parler de cette maladie. Cinq lettres qui sont l’acronyme de E-cigarette, or Vaping, product use Associated Lung Injury, que l’on pourrait traduire par maladie pulmonaire associée au vapotage, dont MPAV est d’ailleurs l’acronyme utilisé par les scientifiques francophones, comme au Québec par exemple.

Un soutien trop tardif

Fort heureusement, en France, une alliée de taille dans cette bataille s’est invitée au débat, en la personne d’Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé du gouvernement français. Lors d’une interview radiophonique sur RTL, la ministre a clairement indiqué que, concernant la vape, « nous [les Français] ne sommes pas dans la même situation que les États-Unis », qu’elle explique beaucoup plus permissifs que la France en matière de législation dans le domaine. Une interview durant laquelle elle parle « de cas d’événements indésirables très graves (aux USA) avec des morts, parce que les gens utilisaient des huiles essentielles avec une toxicité pulmonaire », avant de rappeler qu’aujourd’hui en France, « la législation est beaucoup plus rigide » et que « nous n’avons pas aujourd’hui d’alerte sanitaire particulière ».

La tentative de sauvetage médiatique arrive tard et la population reste inquiète, comme en atteste cette capture d’écran qui montre les fréquences de recherche du public sur Google. Combien de temps faudra-t-il pour que les vapoteurs retrouvent la confiance qu’ils avaient pour leur vaporisateur personnel ? Et les moins bien informés d’entre eux, qui sont peut-être déjà retournés au tabac, reviendront-ils un jour à la vape ?

Les vapoteurs s’inquiètent et recherchent des informations sur les décès survenus aux États-Unis.

Novembre : le calme après la tempête ?

Après plusieurs dizaines d’articles alarmistes, publiés par la presse du monde entier, le calme semble enfin revenir suite à la publication le 8 novembre, d’un communiqué du CDC qui annonce officiellement que tous les échantillons testés par l’organisme contenaient de l’acétate de vitamine E. Des échantillons qui provenaient tous du marché noir, seul moyen d’obtenir des e-liquides contenant du THC.

Selon les Centers for Disease Control and Prevention, il s’agit de la première fois qu’ils détectent « un produit chimique potentiellement préoccupant » dans des échantillons biologiques de patients atteints par des lésions pulmonaires. Des résultats qui « fournissent des preuves directes de la présence d’acétate de vitamine E au site principal de la lésion dans les poumons ».

Le jour même, ainsi que les suivants, la presse généraliste s’empare de l’information et informe le grand public que vapoter normalement ne pose aucun problème de santé.

« Cette molécule, qui se transforme en colle dans les poumons, devient doublement dangereuse lorsqu’elle est combinée à de l’huile de cannabis. C’est ce qui aurait provoqué la mort de ces 39 Américains et des milliers de malades », peut-on par exemple lire sur France 2.

Nous pouvons tout de même regretter l’absence de titre plus clair. Pouvoir lire « cigarette électronique : aucun danger pour les utilisateurs », aurait par exemple permis de rassurer la population d’une manière plus efficace.

France 2 informe la population. Un titre plus clair aurait été le bienvenu.

Ce qu’il faut retenir

  • Malgré les titres alarmistes de la presse généraliste dans le monde, il n’y a aucune raison de s’inquiéter pour sa santé en tant que vapoteur français. Toutefois, l’ETHRA met en garde les vapoteurs européens quant à la possibilité de voir débarquer certains de ces produits sur le vieux continent,
  • Depuis le 8 novembre et les déclarations des CDC, il est désormais officiel que les problèmes de santé rencontrés par les vapoteurs outre-Atlantique, sont dus à l’inhalation d’acétate de vitamine E, par le biais d’e-liquides au THC.
    Concernant ceux qui expliquent n’avoir vapé que des e-liquides traditionnels, contenant de la nicotine, il est important de rappeler qu’il ne s’agit que d’informations déclaratives, et qu’il est ainsi tout à fait possible que ces personnes n’assument pas publiquement leur consommation de cannabis. Un point qui était d’ailleurs rappelé lors d’une conférence de la docteure Jennifer Layden, médecin-chef et épidémiologiste au département de santé de l’Illinois, qui rappelait que tout dépend de « la capacité et la volonté » du patient à partager l’information.
  • En France, en Europe, comme aux États-Unis, les produits du vapotage contenant du THC n’ont jamais été autorisés sur le marché. Tous les e-liquides impliqués dans ces maladies ont été achetés au marché noir. Parmi les marques les plus utilisées par les malades, Dank Vapes, TKO ou encore Rove. Autant de marques qui, soit n’avaient aucune existence officielle aux États-Unis, soit étaient des contrefaçons de marques légales.

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