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La vape provoque désormais des fractures

Mis à jour le 9/07/2024 à 22h09
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Mais en fait, les auteurs expliquent que si ça se trouve, non. Mais quand même, leurs résultats seraient « éloquents pour la santé publique ».

Comme dirait Haroun, on rigole bien

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas eu connaissance d’une nouvelle étude scientifique dont les conclusions sont que la vape pose des problèmes sanitaires. Pourtant, si l’on remonte un peu dans le temps, certains scientifiques n’avaient, jusqu’à présent, pas manqué d’imagination afin de tenter de prouver que la cigarette électronique est mauvaise pour la santé. Après avoir accusé le vapotage de tous les maux possibles et imaginables, la mauvaise science arriverait-elle à bout de ce qu’elle peut proposer ? Visiblement non, puisque la cigarette électronique est désormais accusée de fragiliser les os. Un problème bien connu du tabagisme, mais dont on tente désormais de rendre responsable la cigarette électronique.

L’étude (1) dont il s’agit a été réalisée par des chercheurs du University of Pittsburgh Medical Center Pinnacle. Dans ses conclusions, elle indique que le vapotage présente un risque pour la santé des os. Naturellement, certains médias se sont précipités sur la nouvelle, comme d’habitude, sans même prendre le temps de lire l’étude en question. Les preuves contre le fait de vapoter s’accumulent, et une nouvelle étude associe maintenant les e-cigarettes à un risque accru de fractures, explique par exemple MSN.

Quand je vapotais pas, je me suis cassé la jambe ! Ah ben c’est la faute à la vape

Pourtant, si l’on prend soin de lire l’analyse en détail, on se rend rapidement compte que celle-ci présente de nombreuses limitations, au point qu’il en devienne, finalement, impossible de tirer la moindre conclusion.

Par exemple, comme le souligne Cameron English, de l’Action on Smoking and Health (ASH) au Royaume-Uni, les résultats de l’étude démontrent que les risques de fractures seraient plus élevés chez les vapo-fumeurs que chez les fumeurs exclusifs. Mais puisqu’un fumeur qui utilise en parallèle une cigarette électronique réduit pour ainsi dire toujours le nombre de cigarettes qu’il fume, et qu’il a été maintes fois prouvé que vapoter est moins nocif que fumer, comment expliquer que la double utilisation puisse être plus dangereuse que le tabagisme seul ? Réduire la consommation de cigarettes de tabac pour la remplacer en partie par un produit moins dangereux serait donc… plus dangereux ? Étrange.

Deuxième point pour le moins étrange, les chercheurs ont découvert que les risques de fractures seraient plus élevés chez les anciens vapoteurs que chez les vapoteurs actuels. Mais si la cigarette électronique est la cause d’une quelconque fragilité osseuse, alors comment expliquer que les os des personnes qui ont arrêté de vapoter sont plus fragiles que ceux qui vapotent actuellement ?

De plus, la manière dont ont été catégorisés les participants à cette étude (5 500 adultes américains) pose aussi question. Afin d’appartenir à la catégorie des vapoteurs, il suffisait d’avoir vapoté au moins une fois au cours des 30 derniers jours. Ainsi, une personne consommant 15 ml d’e-liquide par jour était vapoteuse au même titre qu’une autre personne qui vapotait seulement un flacon par mois. Même chose pour les fumeurs. Une personne qui fumait uniquement en soirée de temps en temps était catégorisée comme fumeuse, au même titre que quelqu’un qui fumait 3 paquets par jour. Pour des résultats précis, il faudra donc repasser.

Et comme si ce n’était pas assez, les chercheurs eux-mêmes expliquent, avec leurs mots, que cette étude ne sert finalement à rien du tout et ne peut absolument pas prouver quoi que ce soit. Ils notent ainsi qu’il est possible que pour certaines personnes, l’utilisation de l’e-cigarette ait commencé après la survenue et le diagnostic de la fracture. Autrement dit, quelqu’un qui aurait subi 18 fractures dans sa vie avant de vapoter, puis 3 dans les années suivantes, verrait ses fractures expliquées par… le vapotage.

Ce qui n’empêche pourtant pas les auteurs de conclure en expliquant que les implications potentielles de nos résultats sur la santé publique sont éloquentes. Ah bon.


(1) Dayawa Agoons, MD, MPH, resident physician, University of Pittsburgh Medical Center Pinnacle, Harrisburg, Pa.; Patricia Folan, RN, DNP, director and tobacco treatment specialist, Center for Tobacco Control, Northwell Health, Great Neck, N.Y.; American Journal of Medicine Open, Nov. 22, 2021, online

Parce qu’heureusement, certaines bonnes études existent