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Vapotage et infarctus : une contre-étude démontre l’absence de lien

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Pour ses auteurs, les études démontrant un lien entre vapotage et maladies cardiaques sont scientifiquement mal réalisées et la communication de leurs auteurs, pas assez contrôlée.

Quand la science ment sciemment

Si la majorité des études scientifiques s’intéressant à la cigarette électronique démontre ses nombreux avantages par rapport au tabagisme, certaines arrivent à des conclusions beaucoup moins reluisantes, comme le fait que vapoter pourrait augmenter les risques d’infarctus du myocarde. Dans cette catégorie d’analyse, l’une des plus célèbres est probablement celle réalisée par le chercheur notoirement antivape, Stanton Glantz, en 2018. Bien que cette étude ait depuis été rétractée pour ses nombreux problèmes méthodologiques, et outre le fait que l’OMS continue pourtant de la citer afin de justifier ses positions contre le vapotage, une nouvelle étude (1) a souhaité analyser les résultats de précédents travaux scientifiques étant arrivés à une conclusion similaire.

Les 3 analyses retenues pour cette contre-étude étaient les suivantes :

  • Alzahrani T, Pena I, Temesgen N, Glantz SA – Association between electronic cigarette use and myocardial infarction. Am J Prev Med. 2018; 55 ([published correction appears in Am J Prev Med. 2019;57(4):579–584]): 455-461https://doi.org/10.1016/j.amepre.2018.05.004
  • Bhatta DN, Glantz SA – Electronic cigarette use and myocardial infarction among adults in the U.S. in the Population Assessment of Tobacco and Health.
  • Vindhyal MR, Ndunda P, Munguti C, Vindhyal S, Okut H – Impact on cardiovascular outcomes among e-cigarette users: a review from National Health Interview Surveys. J Am Coll Cardiol. 2019; 73 (9): 11https://doi.org/10.1016/S0735-1097(19)33773-8

Méthodologie

Comme le signalent les auteurs, cette contre-étude s’appuie sur les analyses citées précédemment, et plus particulièrement sur celle de Glantz et Alzahrani, de 3 manières.

D’abord, alors qu’Alzahrani et al. ont analysé les données des enquêtes NHIS de 2014 et 2016, les présentes analyses incluent également les données des enquêtes de 2015 et 2017-2019.

Deuxièmement, cette enquête vérifie si l’association entre l’utilisation d’e-cigarettes et l’IM (infarctus du myocarde) dépend de l’utilisation actuelle ou passée de cigarettes combustibles.

Troisièmement, ce travail teste des modèles supplémentaires pour examiner si la relation entre le vapotage et l’IM s’est accrue au fil du temps. Si l’association transversale émerge parce que le vapotage provoque un infarctus, alors on pourrait s’attendre à ce que ces associations s’accroissent (une fois qu’il y aura eu plus de temps pour que les e-cigarettes, une catégorie de produits relativement nouvelle, aient réellement un impact sur la santé cardiaque).

Résultats

Après avoir analysé les données de l’enquête nationale américaine (NHIS) pour 6 années (2014-2019), la contre-étude a révélé que l’association entre l’utilisation de l’e-cigarette et les antécédents d’infarctus du myocarde au cours de la vie dépend des antécédents de consommation de cigarettes combustibles.

Parmi les personnes sans antécédents de tabagisme, l’utilisation d’e-cigarettes – passée ou présente – n’était pas associée à l’incidence de l’IM. L’utilisation quotidienne d’e-cigarettes n’était associée à une incidence plus élevée d’infarctus du myocarde que chez les utilisateurs quotidiens et les anciens utilisateurs de cigarettes combustibles, soulignent les auteurs.

Ces résultats sont en contradiction avec les conclusions d’Alzahrani et de ses collègues
selon lesquelles l’utilisation de l’e-cigarette seule – indépendamment de l’utilisation de la cigarette combustible – est associée à un risque accru d’infarctus.

Dans un commentaire posté par un scientifique à cette étude, il était noté qu’il serait important d’examiner l’association entre l’utilisation de l’e-cigarette et l’IM chez les personnes n’ayant jamais fumé. Ce à quoi Alzahrani et Glantz ont répondu ne pas avoir besoin d’effectuer ce type d’analyse, car nous avons utilisé une analyse multivariable qui est ajustée pour les facteurs de confusion, y compris le tabagisme.

Pour les auteurs de la contre-étude, cette réponse vient renforcer une déclaration faite par Glanz et ses collègues dans leur analyse originale, qui explique que le fait que l’utilisation des e-cigarettes et des cigarettes classiques soient toutes deux incluses dans la même régression logistique signifie qu’elles contribuent toutes deux indépendamment au risque d’avoir eu un infarctus du myocarde.

Pourtant, selon les scientifiques qui analysent aujourd’hui cette étude, ces déclarations confondent une hypothèse que les chercheurs ont eux-mêmes placée dans leur modèle (à savoir que les e-cigarettes et les cigarettes classiques présentent des risques indépendants) avec les conclusions que les résultats de leur modèle ont permis de tirer.

L’interaction actuellement observée entre l’utilisation de l’e-cigarette et celle de la cigarette combustible menace la validité de cette hypothèse, abondent-ils.

Corrélation n’est pas causalité, un adage connu, mais vite oublié ?

Pour les auteurs de la contre-étude, la réponse à cette question est incontestablement oui.

Ils donnent pour preuve que lorsque les chercheurs présentent des analyses transversales, il est courant de reconnaître que de tels modèles ne permettent pas de tirer des conclusions causales. Ce que Glantz et Alzahrani ont reconnu dans leur analyse originale puisqu’ils indiquent que l’enquête NHIS dont sont issues les données utilisées est une étude transversale, elle permet donc uniquement d’identifier des associations plutôt que des relations causales.

Pourtant, comme le soulignent les scientifiques ayant réalisé la contre-étude, les deux auteurs de la recherche remise en cause ont tiré des conclusions politiques de leur approche, notamment en indiquant qu’ils déconseillent l’utilisation de cigarettes électroniques en tant qu’outil de sevrage tabagique.

Quelques exemples des communications publiques de chercheurs antivapes qui utilisent les résultats de leurs études qui ne démontrent rien afin de justifier leur position contre la cigarette électronique.

Les auteurs de la contre-étude concluent ainsi :

« La communauté scientifique est bien consciente que les communiqués de presse, les articles de blog et l’activisme public ne sont pas soumis à un examen par les pairs. Cette même communauté devrait se méfier de ses membres qui parlent d’une seule voix lorsqu’ils sont soumis à un examen par les pairs, mais qui utilisent ensuite le pouvoir de légitimation de l’examen par les pairs comme une accréditation qui les aide à diffuser à tort leurs résultats publiés.

Une science solide, façonnée et renforcée par un solide processus d’examen par les pairs, est une contribution précieuse à la politique publique et aux recommandations cliniques. Lorsque l’intégrité de ce processus est malmenée, la légitimité des institutions collectives de la communauté scientifique est compromise ».


(1) Critcher CR, Siegel M. Re-examining the Association Between E-Cigarette Use and Myocardial Infarction: A Cautionary Tale. Am J Prev Med. 2021 Jul 22:S0749-3797(21)00290-7. doi: 10.1016/j.amepre.2021.05.003. Epub ahead of print. PMID: 34304940.

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