Après mes reviews en juin des clearomiseurs Mega Aerotank et de l’Aerotank Giant, je croyais fermement que Kangertech arrivait au bout de sa logique du gros, tout en m’interrogeant comme toujours sur le faible contenant de ce Giant par rapport à son diamètre.
Et bien Kangertech m’a une fois encore cueilli sur le vif. Je ne m’y attentais pas à celle-là : 6 ml, 30 mm, et 2 résistances dual-coil en ligne dans un seul et même engin, le Turbo Aerotank.
Je vous propose donc ici un examen de la surenchère apparue avec le Giant AeroTank même si ici, comme pour le Turbo, tout est différent dans l’adaptation de la base pour accueillir deux résistances.
Autant vous l’avouer de suite, il s’agit plus à mon sens de tunning que de série pour reprendre l’image automobile suscitée par cette appellation Turbo.
Le format du Mega était adapté à mes besoins et surtout à mes Mods mais c’était sans compter sur l’arrivée dans mon écurie du performant Seven 30 qui je vous le confirme encore, a remisé tous mes autres mods électroniques aux placards, du moins quand je reste chez moi.
J’ai toujours avec moi un bon méca histoire de prévoir le pire, ce qui d’ailleurs est arrivé car mon Seven 30 a curieusement rendu l’âme. Je tiens d’ailleurs ici à remercier très personnellement l’équipe du Petit Vapoteur qui me l’a remplacé sans aucune difficulté et très rapidement. Passons.
Dès que j’ai eu connaissance de ce phénomène Turbo, j’ai eu envie de le voir sur mon Seven au côté du Giant et du Big Fogger. Au-delà de la discussion à hue et à dia sur la taille grossissante des mods, je trouve que le setup est juste parfait entre le Seven 30 et le Turbo de Kangertech. Il est vrai que c’est franchement énorme et presque comique mais au moins je ne passe mon temps à remplir et à recharger.
La vraie question que je me pose est de savoir si c’est vraiment une bonne idée de surenchérir de la sorte alors que la vapote est encore socialement et juridiquement précaire. A raison je dirais que non, mais c’est sans compter les multiples courants plus ou moins discutables qui se mettent en place dans ce monde culturel. Et comme chacun sait, chaque discipline à son tunning. C’est franchement le cas avec ce Turbo.
Mais alors vous me direz, que peut apporter cette affaire par rapport aux reconstructibles qui sont tout de même le fer de lance de cette catégorie de vapoteurs exigeants et ce d’autant plus dans ce cas précis que le coût de remplacement des résistances n’est plus du tout raisonnable par rapport à mon Big Fogger de même diamètre. C’est cette question entre autre que je me propose d’approfondir ici.
C’est gros et lourd mais c’est beau non ?
Le packaging, même lui, a été modifié pour l’occasion, en s’améliorant encore avec une fermeture par bouton magnétique. L’utilisation du rouge me rappelle mes premières 205 GTI et donne un aspect sport / classe à la boite. A l’intérieur, aucune surprise sauf la taille et la finition de l’engin qui vous éclairent le visage.
Ce Turbo AeroTank reprend et utilise les mêmes principes de fonctionnement que tous ses petits frères mais avec une adaptation majeure dans l’assemblage de la bague et du tank. En effet la présence de deux résistances côte à côte empêche tous mouvements circulaires pour visser et dévisser. Par ailleurs Kangertech a intelligemment réutilisé le système airflow très performant de la base du Giant AeroTank que je trouvais génial, vraiment pratique.
Il conserve la belle cohérence du design maison mais en l’adaptant à la démesure de l’engin. L’idée de pouvoir mettre 6 ml de liquide dans un Kanger est excellente et suscitait en partie une des raisons de ma convoitise mercantile et juvénile. L’idée d’utiliser un quad-coil n’est pas forcément bonne pour moi, du moins en terme de qualité purement gustative de la vape, comme le démontre d’ailleurs la nouvelle résistance BVC de Aspire que je trouve excellente pour une vape all-day. Mais on le verra, ce turbo n’est pas fait pour être fin mais plus pour être furieusement cyclonique !
En revanche je vais vous demander de porter votre regard sur la bague d’assemblage de la base et du tank, celle qui se visse et dévisse et qui a des petites flèches inscrites dessus indiquant qu’il faut tourner la bague mais qui n’indique pas le sens de fermeture ou d’ouverture.
Je comprends très vite, et ce depuis le salon Vapexpo ou pressé je n’avais jamais pu refermer le tank, que Kangertech a un peu bâclé ce système de fermeture pourtant important car il fait aussi office d’étanchéité de la base du tank. Ce système fonctionne, certes, mais est très pénible à mettre en œuvre et ce d’autant lors que vous venez de remplir votre tank bien à ras bord.
En effet, dans ce cas il vous sera impossible de pencher l’ensemble avant fermeture complète de cette bague. Le tank ne se positionne pas naturellement et les pas de vis sont beaucoup trop fins pour envisager une sérénité dans l’avenir. Vous devez y aller doucement, le tank posé bien à plat sur une table et visser surtout sans jamais forcer. Bref, un vrai sujet de mécontentement.
C’est encore bien plus dommage car tout le reste de la fabrication est comme à l’accoutumé presque parfait. Comme pour le Mini Aerotank, le Méga Aerotank et le Giant AeroTank, ce n’est plus un alliage mais de l’inox dit alimentaire 304, inoxydable selon Kangertech. Ce changement de matière lui procure un aspect plus industriel et mieux fini. Les cheminées intérieures, le tank, le top cap et la base intégrant l’airflow, sont usinés en massif ce qui lui procure une plus grande résistance et aussi une bien meilleure allure.
Ajouté à cela un plot de connexion au Mod par vis réglable et un cache pyrex en acier ultra robuste et vous avez un consommable qui vaut largement son prix, ce qui d’ailleurs est assez surprenant au regard des autres produits de la gamme. On dirait que Kangertech a sacrifié sa marge opérationnelle pour ce produit.
Revue technique
- 2 résistances dual coil : 1.8 Ohm interchangeable par le bas
- 1 base avec bague airflow énorme comportant 5 positions
- Pas de vis 510 en acier
- Plot de connexion par vis réglable
- Un drip tip (embout) en métal version Kayfun
- Un réservoir transparent en pyrex démontable épais
- Capacité : 6 ml
- Longueur : 81.5 mm
- Diamètre: 30 mm (totalement flush avec le Seven 30)
- Poids : 152 g c’est en gros 3 fois le poids d’un Protank
- 2 résistances de rechange
- Fermeture du tank pas visse intégrée à la base
- Un dépliant explicatif
Assemblage à revoir et remplissage ultra simple
Le turbo est entièrement démontable en six parties distinctes. Le nettoyage de l’ensemble est toujours très pratique. Je me demandais d’ailleurs comment Kanger avait fait pour la cheminée. Et bien simplement la partie du haut qui contient le tank en pyrex et sa couverture renforcée en métal inclut deux cheminées parallèles où viendront se loger les deux résistances lors de la fermeture. Le haut du tank est fermé par un top cap ou les deux flux d’air ne font plus qu’un.
Comme je vous le disais plus haut l’assemblage des parties est finalement classique mais le regroupement du tank sur la base se fait par la bague avec les inscriptions noires en forme de flèches. Vous mettez votre tank tête en bas et vous positionnez les deux cheminées des résistances dans les deux colonnes d’air. Jusque ici tout est parfait mais pour refermer la base et conserver l’étanchéité vous devrez visser cette bague qui va venir verrouiller le tank en resserrant les 2 parties.
La difficulté provient du fait que le tank est lourd et que les pas de vis sont trop aigus. Le début du vissage est franchement laborieux. Le pas de vis peine franchement à trouver sa bonne position. Mauvais point ! Mais bon on ne va pas non plus le remplir quatre fois par jour avec ces 6 ml !
Une fois que vous avez réussi à serrer l’ensemble, vous vous rendrez compte qu’il est impossible de contrôler si vous avez bien serré ou non cette bague car elle est glissante et peu pratique à l’usage. Au-delà de ce défaut, vous vous retrouvez avec un joli monstre de 150 grammes qui semble presque indestructible.
Comme pour tous les autres AeroTank, et pour terminer sur un phénomène qui m’agace toujours et qui est directement lié à la conception de la base, le remplissage complet du Turbo reste délicat. Une fois le tank rempli et retourné, vous vous rendrez compte que la moitié du liquide disparait du réservoir ce qui donne l’impression que ce clearomiseur est à moitié vide. Pire, en fin de tank il faut le retourner pour voir le niveau de e-liquide restant. Très pénible.
Pour finir n’oubliez pas que vous avez deux résistances classiques de chez Kanger et que vous devez soit attendre qu’elles s’imprègnent, soit les amorcer par aspiration en bouchant l’airflow par intervalles réguliers. Pas trop non plus car vous mettrez du liquide dans les cheminées et apparaitront alors ces horribles agglutinations (glouglous).
A la fois déçu et impressionné par ce Turbo selon la configuration
Revenons d’abord sur la possibilité de régler l’arrivée d’air dans votre clearomiseur. Vers la gauche vous diminuez et vers la droite vous augmentez… Simple et pour le coup très efficace. Sur ce Turbo cela marche trop bien et pourtant j’adore les clearomiseurs aériens, mais ici trop c’est trop, ou alors il faut avoir une cage thoracique de champion du monde.
En effet, ouvert à fond ce n’est plus un passage d’air ou un Turbo mais un vrai mistral et donc cela nécessite de prendre une énorme aspiration. Pour vous donnez une idée je n’ai jamais ouvert la bague de réglage à plus de deux crans. Je vous conseille d’essayer l’airflow avant même de vapoter. Pour conclure j’ajouterais que ce turbo est franchement trop bruyant.
Dans un second temps, il vous faut bien comprendre une chose essentielle qui limite l’usage de ce phénomène de foire. En effet les deux résistances en série de 1.8 ohms vont donner au final à votre mod une impédance d’environ 1 ohm ce qui signifie que la plupart des batteries et petits mods sur le marché ne seront pas suffisant voire même ne fonctionneront pas avec ce Turbo. Un Mod comme le Seven 30 aura en revanche tout ce qu’il faut pour dompter le bestiau.
J’en viens à l’utilisation et aux sensations de vape procurées par ce Turbo qui m’ont d’une part déçu en utilisation classique et d’autre part impressionnée en utilisation de machine à fumer de discothèque.
Déçu : en effet l’adjonction de ces deux résistances procure une puissance double qui fait que tous vos liquides vont changer et de goût et de comportement. La puissance est telle que dans ce mode « normal » je suis obligé de descendre vers 7/8 watts sur le mod donc 14/16 watts en puissance réelle pour ne pas avoir une sensation de gorge enflammée. En fait le problème réside dans mon taux de nicotine qui est de 12 mg/ml et donc trop élevé, un peu comme quand vous utilisez des drippers largement ouverts.
Cette utilisation devient donc confortable avec une utilisation sans nicotine ou à des taux très faibles. Vous me direz, moi qui entend passer de 12 à 6 mg/ml dans le mois suivant, ce pourrait être une bonne solution. Mais je trouve dommage d’acheter ce genre d’engin pour en limiter l’usage ; j’en conclus facilement que ce n’est pas la cible du Turbo. J’ajouterais que l’utilisation dans ces conditions fait que je n’arrive quasiment plus à distinguer les goûts de mes liquides et comme je les fais moi-même et que je suis plutôt attentif à cela, l’ensemble est au final décevant à mes yeux.
Impressionné mais pas bluffé : En revanche avec un liquide aux alentours de 6 mg/ml voire 0 vous allez pouvoir pousser un peu les watts sous réserve bien sûr d’avoir le matériel adéquat. Dans ce mode je ne vape plus aux alentours de 14/15 watts soit une puissance à fournir de 30 watts au minimum. Avec cette configuration je vous informe de nuages de vapeurs sans précédents sur un consommable grand public et si vous avez du souffle et que vous ouvrez en grand vous allez pourvoir faire un épais nuage de vapeur. Je pense que Kanger a eu la volonté d’amener ces nouvelles pratiques de power vaping chez les non-initiés aux reconstructibles ou aux dripperx comme le Dripper Doge qui fera l’objet d’un test ici prochainement.
Il est vrai que ce Turbo fait de gros nuages de vapeur mais pas franchement plus qu’un dripper avec des montages en cotton ou voir même l’un de mes derniers tests de reconstructibles, le Lemo de chez Eleaf. C’est la raison pour laquelle je suis impressionné par la vapeur que ce consommable arrive à produire mais pas non plus bluffé car j’ai croisé la même sensation avec largement plus de goût sur des drippers ou d’autres reconstructibles.
Pour tout vous dire je préfère de loin mon Giant sur mon Seven 30 que ce Turbo pour les goûts procurés mais aussi car je ne suis pas adepte des énormes nuages de vapeurs. Je ne suis pas une machine de foire mais plutôt un ancien gros fumeur tout heureux d’avoir arrêté de fumer depuis un peu moins de 2 ans. Mais j’admets aussi que d’aucun soit un peu plus jeune que moi et ait envie de se montrer sur la toile même si franchement je crois sincèrement que ces comportements nuisent à l’image de la vape auprès du grand public.
Je dois en revanche reconnaitre que monté sur mon Seven 30 le look est juste parfait et que parfois dans certaines configurations festives ce Turbo me donne exactement ce dont j’ai besoin pour ne pas reprendre le tabac !
Il vous reste à définir vos usages propres pour vous faire une décision quant à l’achat ou non de cette pièce de collection.
En résumé
Points positifs
- Contenance de 6ml à l’image de la bête
- Design très flatteur
- Vapeur de locomotive
- Qualité de fabrication globale
- Ideal pour le Seven 30
- Entièrement démontable et lavable
- Embout mobile type Kayfun interchangeable et identifiable
- Acier inoxydable alimentaire et design parfaitement abouti
- Prix au regard de l’ensemble
Points négatifs :
- Résistance *2 encore beaucoup trop chère (environ 4 euro le remplacement)
- Dégradation des goûts des liquides
- Airflow extrêmement bruyant
- Poids excessif
- Pas de vis de la bague de serrage trop fin
- Un gouffre en liquide
- Nécessite impérativement un mod qui fonctionne en deçà de 1 ohm
- Cible commerciale improbable
- Choix discutable de Kanger quant à simplement doubler les résistances habituelles.
Conclusion
2/5 si vous envisagez un usage classique, 4.5/5 pour le seul volume de vapeur et la contenance.
Globalement déçu, il faut bien le dire, à regret d’ailleurs, non pas par le Turbo en lui-même que je trouve beau et parfait en contenance, mais par le choix discutable de Kangertech de simplement coller deux résistances classiques. L’assemblage ne fonctionne pas et rendra trop fort vos liquides habituels sauf à descendre votre taux de nicotine pour faire des énormes nuages de vapeur sur Youtube en montant en puissance. Ce qui entre nous ne m’intéresse pas du tout.
Le Turbo Aerotank en images