Philip Morris International (PMI) est essentiellement connu pour la commercialisation de la fameuse marque de cigarette Marlboro. Groupe indépendant de Altria, son homologue américain avec qui il partage certains brevets d’exploitation, PMI tente depuis quelques années de rattraper son retard sur la vague de la cigarette électronique et met sur le marché ses nouveaux produits dits de “nouvelle génération”. Parmi eux, un dispositif qui chauffe le tabac se place en tête : l’IQOS. 

Dernière mise à jour de cet article : 14 avril 2018 (dangerosité iQOS)

Le principe du tabac chauffé iQOS

iQOS est un dispositif électronique qui chauffe du tabac, sans le brûler.

Le principe du tabac chauffé repose sur l’idée que c’est la combustion qui entraîne inévitablement la production d’une multitude d’agents très toxiques pour l’organisme. Parmi les milliers de substances contenues dans la fumée, on compte par exemple une bonne soixantaine de cancérogènes avérés, faisant du tabagisme la 1ère cause de mortalité prématurée au monde.

Pour éviter la combustion du tabac, les scientifiques de Philip Morris International ont développé une nouvelle mixture de tabac qui, à l’aide d’un appareil électronique, permet de dégager un aérosol nicotiné à une température relativement basse. Relativement, car l’IQOS chauffe tout de même son nouveau tabac jusqu’à 350°C, ce qui permet néanmoins de ne pas le brûler et donc, théoriquement, de réduire la production de substances inhérentes à la fumée du tabac comme le monoxyde de carbone, les goudrons, les nitrosamines, le cadmium, les hydrocarbures polycycliques ou encore le mercure…

Il est difficile de connaitre la composition exacte du tabac contenu dans les fameux “sticks”, ces petites cigarettes baptisées “heets” ou “teeps” selon le pays de vente, et qui ont même parfois porté le nom de la marque Marlboro en début de commercialisation.

D’après nos informations il semblerait qu’au moins un agent humidifiant (type glycérine ou propylène) serait présent dans la mixture. Au-delà, c’est tout un champ des possibles qui s’ouvre au consommateur curieux, la recette étant bien gardée, en vertu du secret industriel. Malheureusement, cette zone d’ombre qui entoure la fabrication des cigarettes de tabac, notamment en ce qui concerne les additifs, instille le doute sur les propriétés du tabac utilisé dans l’IQOS.

Deux études indépendantes détectent des composés nocifs

Si Philip Morris publie régulièrement des données sur ses propres études. Actuellement, une seule étude indépendante a pu être publiée sur l’IQOS, par la revue JAMA Internal Medicine, le 22 mai 2017. Des chercheurs de l’Université de Lausanne s’interrogent sur la réalité de l’absence de fumée dégagée par IQOS. Après avoir analysé les dégagements produits par l’appareil, leurs conclusions infirment cette annonce marketing fréquemment reprise par les médias. “La fumée dégagée par l’IQOS contient des éléments provenant de pyrolyse et de dégradation thermochimique qui sont les mêmes composés nocifs que dans la fumée de cigarette de tabac conventionnelle”, souligne l’étude menée par le Pr Reto Auer.

Dans sa réponse, publiée sur son site le 30 mai (mais depuis retirée), Philip Morris reconnaît le phénomène de pyrolyse. “Nous n’avons jamais affirmé que l’IQOS est dépourvu de processus pyrolytiques, bien connus pour augmenter avec l’augmentation de la température, et qui sont responsables de la plupart des composés nocifs ou potentiellement nocifs (HPHC) restant trouvés dans l’aérosol de l’IQOS. Cependant, aucune combustion ne se produit dans l’IQOS», expliquent Serge Maeder et Manuel Peitsch, scientifiques du cigarettier.

Pour les chercheurs lausannois, qui ont mené cette étude bénévolement devant le refus d’aide financière du Fonds de prévention du tabagisme suisse (CPT), la pyrolyse présente dans l’IQOS, tout comme dans les cigarettes conventionnelles, devrait amener à considérer ses dégagements comme de la fumée. “Des composés organiques volatiles (COV), des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et du monoxyde de carbone (CO) étaient présents dans la fumée de l’IQOS”, résume la publication du JAMA Internal Medicine.

Les chercheurs lausannois ont aussi comparé les taux relatifs de rejets de toxiques de iQOS et d’une cigarette Lucky Strike Blue Light. Ils ont relevé dans la fumée de l’iQOS l’équivalent de 82% de l’acroléine dégagée par la Lucky Strike, 74% du formaldéhyde, 50% du benzaldéhyde et même près de trois fois plus d’acenaphtlène (un goudron pas toujours mesuré dans les études). Des ratios nettement plus élevés que ce qu’annonce les études du cigarettier.

Les scientifiques de Philip Morris mettent en doute ces résultats, qu’ils jugent très surprenants”, pour des raisons de méthodologie. Pour eux, les chercheurs lausannois n’ont pas suivi les prescriptions habituelles des protocoles d’études sur le sujet, qui utilisent habituellement des machines à fumer et des cigarettes (notamment la 3R4F) standardisées. À leurs yeux, les mesures de la publication des chercheurs indépendants montrent des variations par rapport aux études préalables indiquant que leur “méthode d’analyse pourrait être inadéquate”. Dans un courrier reçu le 8 juin 2017 par Jean-Daniel Tissot, doyen de la faculté de biologie et médecine de l’université de Lausanne, Philip Morris demande le retrait de l’étude.

Scientific Reports 6, Article number: 25599 (2016)
doi:10.1038/srep25599

On notera que la machine de test utilisée par les chercheurs lausannois avait aussi servi à une étude sur le vapotage, notamment de cannabis, publiée dans Nature, en mai 2016. À cette occasion, les analyses de plusieurs aérosols de vapotage (sans et avec différents taux de nicotine et par ailleurs sans et avec un extrait de cannabis) n’avaient relevé aucune présence d’hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des taux insignifiants de composés organiques volatiles (COV) sauf, sans surprise, de propylène glycol.

La controverse scientifique devrait se poursuivre. Mais elle a déjà pris des aspects politiques au vu des enjeux commerciaux du sujet, relatés par le blog Vapolitique.

En novembre 2017, Jean-François Etter de l’institut global de santé publique à l’université de Genève rapporte que les auteurs de l’étude indépendante lausannoise ont répondu au fabricant.

Les auteurs de l’étude lausannoise qui affirment que le produit de tabac chauffé IQOS produit de la fumée répondent au fabricant Philip Morris International (PMI), qui conteste cette affirmation. Cette réponse est accompagnée d’un éditorial du journal JAMA Internal Medicine qui dénonce les pressions exercées par PMI sur les chercheurs et sur les autorités de leur Université, et les manoeuvres d’intimidation exercées par PMI sur les chercheurs

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2661701 et https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/article-abstract/2660130 

La seconde étude ayant détecté des produits potentiellement nocifs lors de l’utilisation de l’IQOS a été réalisée « par un laboratoire mandaté par la Croix-Bleue de Berne, Soleure et Fribourg », rapporte la version suisse du 20 minutes.

Selon elle, des « toxines dangereuses » seraient libérées lorsque les filtres en polymère de l’appareil sont chauffés à une température supérieure à 100° Celsius. Des substances appelées isocyanates, notamment présentes dans certains solvants, revêtements, peintures et autres mousses industrielles.

Pour leur recherche, les scientifiques ont chauffé lesdits filtres à des températures de 100, 160 et 200 degrés. Le fabricant indiquant que lors de l’utilisation de son produit, le tabac est chauffé jusqu’à 300° supplémentaires.

La question étant de savoir si ces toxines sont inhalées par le fumeur.

Pour le porte-parole du cigarettier interrogé à ce sujet, le problème est connu. Il assure toutefois que l’utilisateur de l’IQOS n’inhale en aucun cas ces toxines.

Cette étude n’en représente pas moins une nouvelle remise en question scientifique de la réduction des risques par rapport au tabagisme, offerte par le produit de PMI.

Un concurrent détecte des composés organiques volatils

À l’heure actuelle, seul un concurrent de PMI, Imperial Tobacco, a pu porter un regard critique, et à priori scientifique, sur le dispositif IQOS en annonçant avoir détecté des traces de certains composés organiques volatils (VOCs) dans la fumée secondaire. Imperial n’ayant pas misé sur cette technologie de tabac chauffé dans sa stratégie de développement, mais plutôt sur un procédé hybride et sur la cigarette électronique, les conclusions annoncées par ce concurrent peuvent être raisonnablement prises avec du recul, d’autant que leurs trouvailles n’ont pas fait encore l’objet d’une publication dans une revue scientifique.

PMI a récemment introduit auprès d’une agence gouvernementale américaine, une demande de certification de l’IQOS comme présentant un risque réduit par rapport au tabac. Ce dossier scientifique et juridique est supposé contenir 3 millions de pages, soient 15 tonnes de papier et l’équivalent d’une pile de feuilles de 1,5 km de haut. Le produit, déjà commercialisé dans une vingtaine de pays, devrait être disponible chez les buralistes français depuis mai 2017.

Force est de constater sur le terrain commercial que Philip Morris cherche à se positionner dans le champ de la réduction des risques. Un paradoxe ? Pas tout à fait. 

Pas de morale dans le business

Doit-on y voir pour autant une soudaine prise de conscience, qui voudrait que tout d’un coup, l’industriel serait pris d’une culpabilité telle qu’il tenterait de corriger ses erreurs passées ? 

La règle qui prédomine aujourd’hui dans notre économie c’est le choix du consommateur, et ce d’autant plus à l’époque du tout connecté, où chaque individu produit de l’information. Si le consommateur souhaite manger plus sainement, alors le marché s’adaptera naturellement. Attirés par une nouvelle zone de profit, de petits acteurs souples et très réactifs vont rapidement s’engouffrer dans cette nouvelle brèche, suivis plus tard par de plus importants lorsque les signaux économiques confirmeront le profit potentiel à réaliser et la stabilité du nouveau marché. L’explosion du marché bio, par exemple, montre bien à quel point un changement dans la demande peut impliquer des transformations rapides et profondes dans un secteur économique pourtant bien établi. Le tabac pourrait ne pas déroger à la règle.

Attendre le bon moment

Les sticks de tabac “Heets” ont pu porté la marque Marlboro à un certain stade de leur commercialisation.

Vous vous en doutez, Philip Morris n’a pas inventé l’IQOS le mois dernier. Conçu dans son centre de recherche à Neuchâtel, en Suisse, IQOS n’est autre que le développement d’une idée technique apparue dans l’industrie du tabac durant les années 1980.

Parmi les fabricants qui commercialisent des produits du tabac chauffé, on peut compter Reynolds American (RAI) avec Eclipse, REVO et Core, Philip Morris International avec son HeatStick (aussi appelé “HEETs” et maintenant “TEEPs”) et son IQOS (“I Quit Ordinary Smoking”), British American Tobacco (BAT) avec Glo et Glo iFuse, puis Japan Tobacco (JTI) avec la Ploom, le concept PAX.

Depuis la fin des années 1980, les sorties commerciales n’ont été qu’une suite d’échecs. Comme en 1998, pour l’Accord de Philip Morris, qui ressemblait déjà à l’IQOS.

De nouveaux acteurs tentent une percée sur ce marché. À l’image du grossiste chinois Heaven Gifts, spécialisé dans les produits du vapotage, qui a inscrit à son catalogue le “iBuddy” un kit de chauffe, sans s’aventurer toutefois dans la commercialisation des sticks de tabac.

C’est l’arrivée du vaporisateur (cigarette électronique) dans sa version industrielle, initiée par Hon Lik en 2003, qui a posé les bases d’un nouvel environnement favorable au développement de ces nouveaux produits. L’adhésion massive des consommateurs pour la cigarette électronique a éveillé les consciences de consommation aux produits alternatifs au tabac, puis l’évolution du cadre réglementaire a donné le feu vert aux services marketing des grands cigarettiers pour réagir et se jeter pleinement dans le marché de la réduction des risques.

Depuis, un jeu de la confusion entre cigarette de tabac chauffé et cigarette électronique se fait dans les médias qui décrivent spontanément ce nouvel appareil comme une “cigarette électronique”. C’est tout à l’avantage du cigarettier Philip Morris, puisque le consommateur déjà sensibilisé aux bénéfices que peut apporter l’e-cigarette par rapport au tabac fumé, sera sans doute plus enclin à essayer ce nouveau produit vendu chez les buralistes et fabriqué par les propriétaires de Marlboro. Mais dans les faits, l’IQOS se rapproche-t-il d’une cigarette électronique ?

IQOS n’est pas une cigarette électronique

Sur les paquets de cigarettes Heets pour IQOS on peut lire parfois l’inscription : “Le plaisir du tabac sans cendres et moins d’odeur”.

Si le terme de “cigarette électronique” a toujours posé un problème sémantique, puisque le mot “cigarette” reste fortement associé au tabac alors que le dispositif s’y oppose, l’appellation est restée tout de même ancrée dans le vocabulaire. Mais une chose est sûre, l’IQOS ne fonctionne pas avec du e-liquide et ne se décline pas en milliers de versions différentes.

Autre nuance fondamentale, IQOS n’est pas vendu, même indirectement, comme un outil d’aide au sevrage. Contrairement au marché de la cigarette électronique, où les vendeurs font régulièrement miroiter (indirectement) le pouvoir de cessation induit par le produit au fumeur, l’IQOS entend vous faire fumer autrement. La signification du mot IQOS, pour “I Quit Ordinary Smoking”, soit “j’ai arrêté le tabagisme ordinaire” en français, illustre parfaitement l’enjeu qui se profile derrière la commercialisation de ce nouveau produit du tabac.

Le business d’un cigarettier repose sur le caractère hautement addictif de ses produits. Si le client fumeur achète IQOS au détriment de ses cigarettes classiques, d’un point de vue marketing, il ne faudrait surtout pas que ce dernier arrête également d’acheter des sticks de tabac chauffé au bout de quelques mois. Ce soucis commercial de garder sa clientèle captive pourrait trouver sa clef dans la composition du produit.

IQOS est-il moins dangereux qu’une cigarette traditionnelle ?

Le chercheur Jan Heide de l’Université de Rostock en Allemagne, a présenté à l’Ecig Symposium de La Rochelle en décembre 2016 quelques résultats de ses travaux sur les produits du tabac sans combustion.

Sans combustion, il apparaît logique que IQOS offre une réduction des risques face au tabac fumé car la grande majorité des composés hautement nocifs pour la santé contenus dans la fumée du tabac sont issus de la combustion.

À ce jour, seules les données présentées par Philip Morris International permettent d’appréhender cette question de la réduction des risques. Et comme chacun le sait, le passé tumultueux de l’industrie du tabac pousse la grande majorité de la communauté scientifique à se méfier de leurs allégations. Nul ne pourra en revanche contester le fait que les moyens scientifiques mis en œuvre par PMI sont colossaux.

À l’heure actuelle, seule l’université de Rostock en Allemagne (photo ci-dessus) se serait déjà penchée sur des analyses comparatives entre tabac conventionnel et tabac chauffé. Certaines conclusions ont été brièvement présentées au premier Ecig Symposium de La Rochelle en décembre 2016, mais n’ont pas encore fait l’objet de publication dans une revue scientifique. Les premiers indices semblent bel et bien indiquer une quantité de composés inférieure à ceux compris dans la fumée du tabac mais sans pour autant “créer ou réduire certains composés dangereux ou très dangereux”.

Il existe également des travaux réalisés par le cardiologue grec Konstantinos Farsalinos. Ces principales conclusions ont été présentées au Vapexpo de Lyon en mars 2017. Les voici : 

  • Les produits du tabac chauffé sont un vieux concept qui n’a pas fonctionné par le passé.
  • De nouveaux développements et de nouveaux produits sont déjà sur le marché ou vont bientôt arriver.
  • Le tabac chauffé est très similaire aux cigarettes de tabac dans les comportements d’usage.
  • Pas de fumée secondaire mais odeur désagréable (très similaire à la fumée de tabac.
  • Faible hit en gorge. 
  • Les toxines présentes dans la fumée du tabac chauffé sont inférieures à celles du tabac fumé par combustion, mais plus importantes que dans les cigarettes électroniques de dernière génération.
  • Les vapoteurs ne vont pas aimer les cigarettes de tabac chauffé, mais elles peuvent être une alternative viable pour les vapofumeurs ou les fumeurs qui ne sont pas satisfaits des e-cigarettes.

Une association suisse s’inquiète également de la fonte des éléments filtrants de l’IQOS au cours de son utilisation et de la présence d’acide polyactide (PLA), un polymère biosourcé et biodégradable, révélées par une étude qu’elle a commandée. Philip Morris maintient que toutes les preuves disponibles aujourd’hui indiquent clairement qu’IQOS est une meilleure alternative pour les fumeurs qui, autrement, continueraient à fumer des cigarettes.”

En l’absence d’études indépendantes, il est en revanche impossible d’affirmer formellement que l’IQOS offre une réduction des risques face au tabac fumé. Néanmoins, dans un rapport publié en février 2018 sur le tabac chauffé et dans lequel l’iQOS tient une large place, l’agence de santé publique anglaise (PHE) estime que ces produits devraient s’avérer moins nocifs que les cigarettes fumées mais davantage que le vapotage. Le PHE reste très prudent, et le restera tant que la recherche indépendante sera insuffisante.

Voir notre synthèse du rapport du PHE : Le tabac chauffé est-il dangereux pour la santé ?

IQOS est-il moins dangereux qu’une cigarette électronique ?

Le rapport de Public Health England place la nocivité du tabac chauffé en général et de l’iQOS en particulier entre la cigarette traditionnelle et la cigarette électronique, sans se risquer à positionner le curseur, la recherche indépendant fait défaut.  En mars 2017 au cours d’une conférence Vapexpo à Lyon, Farsalinos affirmait “non, IQOS n’est pas moins dangereux qu’une cigarette électronique moderne, dont la vapeur contient moins de toxiques”.

Voici trois posters présentés récemment au Vapexpo de Lyon en mars 2017 :

La chose importante à retenir à ce stade de la connaissance scientifique, c’est que les ingrédients contenus dans les e-liquides pour cigarettes électroniques sont parfaitement identifiés et bien connus. Pour le tabac chauffé de l’IQOS, c’est une autre histoire, car les méthodes de fabrication de ce nouveau tabac sont totalement opaques.

Le 2point à considérer est le nombre d’études publiées à ce jour dans les revues scientifiques sur le sujet de la cigarette électronique, qui peuvent valider ou non la recevabilité de la publication. Cela ne veut pas dire que toutes les études publiées se valent bien entendu, mais plus ce nombre augmente, et plus il devient facile de procéder à des revues systématiques, c’est à dire des analyses approfondies de la littérature scientifique qui permettent d’affiner une base de connaissance. Les rapports du PHE, du RCP et plus récent de Truth Initiative (sur près de 700 études) peuvent servir de bons référentiels.

Les études toxicologiques sur la cigarette électronique indiquent dans leur grande majorité une réduction des risques certaine et significative face au tabac fumé. Les composés qui préoccupent les chercheurs et qui suscitent encore des débats concernent de petits ensembles, le principal étant celui des aldéhydes. Autre grande préoccupation des chercheurs, le double usage vape/tabac, qui pourrait concerner dans certains pays une part importante de la population des vapoteurs. Enfin, la question des effets à long terme fait également partie des grands discussions.

IQOS est-elle vraiment une cigarette sans fumée ?

Auer R, Concha-Lozano N, Jacot-Sadowski I, Cornuz J, Berthet A. Heat-Not-Burn Tobacco CigarettesSmoke by Any Other Name. JAMA Intern Med. Published online May 22, 2017. doi:10.1001/jamainternmed.2017.1419

Conclusion

Nous l’avons dit, l’IQOS de Philip Morris International n’est pas une cigarette électronique telle que nous l’entendons mais bel et bien un produit du tabac. Si l’IQOS peut offrir une réduction des risques face au tabac fumé, seules les données publiées par la société Philip Morris International sont disponibles (très peu de sources indépendantes), une certaine prudence s’impose donc.

Fautes de données indépendantes, l’IQOS ne peut être scientifiquement comparée à une cigarette électronique conventionnelle. En revanche, la connaissance sur l’e-cigarette est aujourd’hui bien avancée et la réduction des risques reconnue par un nombre grandissant d’organisations de santé publique.

Guidé par un chiffre d’affaire à dix chiffres, PMI semble enfin très éloigné du mouvement social initié en partie par les vapoteurs, et qui a permis à la réduction des risques du tabagisme de faire de grandes avancées ces dernières années.

PMI en quête du label “Risque modifié”

Philip Morris International annonçait le 5 décembre 2016 le dépôt d’un dossier “Modified Risk Tobacco Product” (MRTP) auprès de la FDA, qui certifierait la réduction des risques pour l’iQOS.

Après examen des nombreuses pièces déposées par PMI, le 30 avril 2019, la FDA a officiellement autorisé le cigarettier à commercialiser son produit sur le sol américain. Il ne s’est cependant pas encore exprimé concernant le« risque modifié ».

IQOS en photos

Compléments d’information

Où trouver l’IQOS en France ?

La vente de l’IQOS et de ses cigarettes de tabac à chauffer est opérée via le réseau des buralistes français. Le site de la marque propose la vente en ligne de son appareil électronique uniquement mais pas des cigarettes compatibles (soumises à la loi sur les produits du tabac). Certains bureaux de tabac à Paris et à Nice ont été sélectionnés par le fabricant pour effectuer une phase de test commercial depuis mai 2017. Un lancement national est probablement prévu bientôt.

Où trouver IQOS à l’étranger ?

Lors de son développement commercial, différents lancements de l’IQOS ont été programmés par Philip Morris International. Parmi les premiers pays visés par le cigarettier suisse se trouvent le Japon, le Portugal ou encore l’Espagne, et bien entendu la Suisse. Les techniques de vente diffèrent selon les pays et il a été constaté que des approches individuelles avec les consommateurs ont même été déployées sur certains marchés. En Espagne par exemple, le client potentiellement intéressé peut entrer en contact avec un représentant pour une démonstration et un suivi sur l’utilisation du produit. Scénario similaire en Suisse, où des équipes de jeunes représentants parcourent les bars à la recherche de nouveaux adeptes, où des distributeurs de cigarettes compatibles IQOS peuvent également être présents.

Philip Morris a également développé une application mobile pour diffuser des nouvelles sur son produit IQOS et fidéliser ses clients.

Pour aller plus loin

Un rapport complet de l’agence anglaise de santé publique compile et critique les études sur le tabac chauffé, avec un constat préliminaire : la recherche indépendante fait encore défaut.

La confusion entre tabac chauffé et cigarette électronique est régulièrement entretenue par l’industrie du tabac. Un Comité scientifique international fondé par Riccardo Polosa met en garde. L’OMS qui surveille les produits du tabac les sépare clairement des dispositifs de vapotage.

Trois ans après l’introduction de l’iQOS sur le marché nippon, une première étude dresse le bilan de l’intérêt porté par les Japonais au tabac chauffé et sa prévalence.

Suivre l’actualité liée au produit IQOS

Nous publions régulièrement des articles d’actualité concernant l’iQOS, le produit phare de tabac chauffé de Philip Morris International. Pour connaitre les dernières infos sur ce sujet, vous pouvez consulter les dernières nouvelles.

Mais aussi :


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