La cigarette électronique aux Pays-Bas

Une personne sur cinq fume

Les dernières données disponibles concernant les Pays-Bas remontent à l’année 2020. A cette époque, on estimait qu’environ 20 % de la population étaient fumeuses dans le pays.

Le vaping malmené

Bien que les Pays-Bas appliquent la TPD, le gouvernement du pays a décidé d’aller plus loin dans les restrictions au cours de l’année 2023. Les arômes ont ainsi été complètement interdits dans le pays, que ce soit pour les e-liquides contenant ou non de la nicotine.

Une décision qui a fait vivement réagir plusieurs associations de défense de la vape dans le pays. Restriction supplémentaire, les arômes tabac, désormais seuls à être autorisés, ne doivent être conçus qu’avec une liste d’ingrédients très précise. Une liste que les professionnels du secteur fustigent, arguant qu’il n’est pas possible de réaliser un arôme correct avec aussi peu d’éléments.

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Les Pays-Bas : un leader européen contre le tabagisme, mais hostile au vapotage

Avec un taux de fumeurs parmi les plus bas d’Europe et une politique anti-tabac ambitieuse, les Pays-Bas se positionnent comme l’un des meilleurs élèves du continent en matière de lutte contre le tabagisme. Pourtant, le pays a choisi une approche radicalement différente de celle de ses voisins britanniques en adoptant une position très restrictive vis-à-vis de la cigarette électronique.

Un taux de tabagisme historiquement bas

Selon l’enquête Eurobaromètre de 2024, les Pays-Bas affichent l’un des taux de tabagisme les plus faibles de l’Union européenne avec seulement 11% de fumeurs, juste derrière la Suède qui détient le record continental avec 8%. Cette performance place le royaume néerlandais bien en dessous de la moyenne européenne de 24%.

Les résultats sont d’autant plus remarquables que le pays enregistre une progression constante : entre 2020 et 2024, la proportion d’ex-fumeurs a augmenté de 5%, témoignant d’une dynamique positive dans l’arrêt du tabac. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les Pays-Bas ont enregistré une réduction relative de près de 30% de leur tabagisme depuis 2010, se rapprochant ainsi de l’objectif mondial de 30% fixé pour 2025.

Un objectif ambitieux : une génération sans tabac d’ici 2040

Fort de ces résultats encourageants, le gouvernement néerlandais s’est fixé un objectif ambitieux : éliminer complètement le tabagisme dans le pays d’ici 2040. Pour y parvenir, une série de mesures drastiques ont été progressivement mises en place ces dernières années.

Depuis 2021, les produits du tabac ne peuvent plus être exposés dans les points de vente. En janvier 2022, le pays a imposé l’emballage neutre pour l’ensemble des produits du tabac et de la nicotine, y compris pour les dispositifs de tabac chauffé. L’année 2024 a marqué une nouvelle étape avec l’interdiction de la vente de tabac dans les supermarchés et les stations-service, réduisant considérablement le nombre de points de vente accessibles.

Une politique tarifaire dissuasive

L’arme fiscale constitue également un pilier central de la stratégie néerlandaise. Le gouvernement a engagé une hausse continue du prix du tabac avec un objectif intermédiaire de 10 euros le paquet de cigarettes atteint dès 2023. Mais l’ambition va encore plus loin : les autorités envisagent de porter ce prix à 47 euros d’ici 2040, un niveau qui rendrait le tabac quasiment inabordable pour la majorité de la population.

Cette stratégie tarifaire s’inscrit dans une volonté assumée de rendre le tabac aussi peu attractif que possible, particulièrement pour les jeunes générations et les nouveaux consommateurs potentiels.

Le rejet de la cigarette électronique comme outil de réduction des risques

Contrairement à des pays comme le Royaume-Uni ou la Nouvelle-Zélande qui ont intégré la cigarette électronique dans leur arsenal de lutte contre le tabagisme, les Pays-Bas ont choisi une voie radicalement différente. En juin 2019, Paul Blokhuis, alors ministre de la Santé, déclarait sans ambiguïté qu’une “génération sans tabac devrait aussi être une génération sans e-cigarette”.

Cette position s’explique par la perception qu’ont les autorités sanitaires néerlandaises du vapotage : plutôt que d’y voir un outil de sevrage tabagique, elles considèrent la cigarette électronique comme une potentielle porte d’entrée vers la dépendance à la nicotine, particulièrement pour les jeunes. Les chercheuses de l’Institut Trimbos, organisme de référence en matière de santé publique aux Pays-Bas, affirment que l’idée selon laquelle le vapotage aide les fumeurs à arrêter serait “en grande partie un mythe”.

L’interdiction des arômes : un tournant majeur

La mesure la plus emblématique de cette approche restrictive est entrée en vigueur le 1er octobre 2023 : l’interdiction de tous les arômes pour les cigarettes électroniques, à l’exception de l’arôme tabac. Cette décision fait des Pays-Bas le deuxième pays de l’Union européenne à adopter une telle restriction, après le Danemark.

Les vapoteurs néerlandais ne peuvent désormais plus acheter d’e-liquides aux saveurs fruitées, mentholées ou gourmandes, qu’il s’agisse de liquides pour dispositifs rechargeables, de pods ou de cigarettes électroniques jetables. De plus, les fabricants doivent composer leurs arômes tabac à partir d’une liste restrictive de seulement 16 ingrédients autorisés, ce qui limite considérablement les possibilités de création.

Cette interdiction s’accompagne également de restrictions sur l’emballage : les produits ne peuvent plus afficher de descriptifs, de visuels ou de termes suggérant la présence d’autres parfums que le tabac. Même les noms de marque évoquant des saveurs sont désormais proscrits.

Des restrictions publicitaires draconiennes

Au-delà des arômes, la réglementation néerlandaise impose des contraintes importantes sur la commercialisation des produits de vapotage. La publicité pour les cigarettes électroniques est totalement interdite en ligne, à la télévision et sur les réseaux sociaux. Les promotions et offres spéciales sont également bannies.

Dans les magasins, les produits de vapotage doivent être dissimulés et ne peuvent être exposés sur des présentoirs visibles, à l’image de ce qui s’applique aux produits du tabac. Seuls les magasins spécialisés disposent de quelques dérogations limitées.

Un marché du vapotage très restreint

Cette politique restrictive se reflète dans les chiffres : selon les données officielles, seulement 1,4% des adultes néerlandais utilisent régulièrement une cigarette électronique, l’un des taux les plus faibles d’Europe. Ce chiffre contraste fortement avec un taux de tabagisme qui reste à 11%, soit près de huit fois supérieur.

Cette faible adoption du vapotage interroge sur l’efficacité de l’approche néerlandaise, d’autant que des pays ayant encouragé la cigarette électronique comme outil de sevrage, tels que le Royaume-Uni ou la Suède, affichent des taux de tabagisme encore plus bas.

Les conséquences de l’interdiction des arômes

L’interdiction des arômes a profondément bouleversé le marché néerlandais du vapotage. De nombreux vapoteurs se sont tournés vers des solutions alternatives : achats transfrontaliers en Belgique ou en Allemagne où les arômes restent autorisés, commandes en ligne depuis l’étranger malgré le renforcement des contrôles douaniers, ou encore fabrication maison d’e-liquides à partir de bases neutres et d’arômes alimentaires.

Des experts de la santé publique et du secteur du vapotage expriment leurs inquiétudes quant aux conséquences potentielles de cette mesure. Le principal risque identifié est celui d’un retour au tabac pour les ex-fumeurs qui ne trouvent plus d’alternative satisfaisante dans l’offre légale. Par ailleurs, le développement d’un marché noir de produits non contrôlés pourrait exposer les consommateurs à des risques sanitaires accrus.

Une position qui fait débat au niveau européen

Les Pays-Bas ne se contentent pas d’appliquer ces restrictions sur leur territoire national : le pays fait partie d’une coalition de douze États membres de l’Union européenne qui poussent activement pour l’interdiction des arômes à l’échelle continentale. En juin 2024, le gouvernement néerlandais a co-signé avec la France, l’Allemagne, l’Espagne, l’Estonie, la Finlande, l’Irlande, le Luxembourg, Malte, la Pologne et la Slovénie une proposition initiée par le Danemark appelant le Conseil européen à interdire les arômes dans tous les produits de vapotage.

Cette initiative s’inscrit dans une volonté d’harmonisation européenne, mais elle suscite de vives controverses. Les pays ayant déjà interdit les arômes, comme l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie, ont connu une augmentation significative de leur taux de tabagisme depuis la mise en place de ces restrictions, suggérant un effet potentiellement contre-productif.

Un paradoxe néerlandais

Les Pays-Bas se trouvent ainsi dans une situation paradoxale : le pays affiche l’un des meilleurs bilans européens en matière de réduction du tabagisme, mais cette réussite s’est construite sans faire appel à la cigarette électronique, contrairement à d’autres nations performantes comme la Suède ou le Royaume-Uni.

La position néerlandaise soulève des questions importantes sur les stratégies de santé publique. Alors que l’Eurobaromètre 2024 révèle que les Pays-Bas maintenaient encore en mai 2023 un excellent classement avec 11% de fumeurs, l’interdiction des arômes entrée en vigueur en octobre 2023 fera l’objet d’une attention particulière lors des prochaines enquêtes. Les experts s’interrogent : le pays parviendra-t-il à maintenir sa dynamique positive sans l’outil du vapotage, ou connaîtra-t-il une stagnation voire une remontée du tabagisme, à l’image de ce qui a été observé dans d’autres pays européens ayant adopté des mesures similaires ?

L’avenir incertain du vapotage néerlandais

Les professionnels du secteur et certains observateurs craignent que la réglementation ne se durcisse encore davantage dans les années à venir. Des rumeurs évoquent même la possibilité d’une interdiction totale de la cigarette électronique d’ici 2030, bien qu’aucune mesure concrète n’ait encore été annoncée dans ce sens.

Ce qui est certain, c’est que les Pays-Bas incarnent aujourd’hui une approche de santé publique qui privilégie l’abstinence totale de nicotine plutôt que la réduction des risques. Cette philosophie tranche nettement avec celle d’autres pays européens et soulève des débats passionnés sur la meilleure manière d’atteindre l’objectif commun : éradiquer les ravages du tabagisme.

Sources et références