La cigarette électronique au Canada
Le tabagisme au Canada : une tendance à la baisse mais des défis persistants
Le Canada mène depuis plusieurs décennies une lutte active contre le tabagisme, avec des résultats encourageants. En 2022, le taux de tabagisme chez les Canadiens âgés de 15 ans et plus s’établissait à 12 %, soit une baisse significative par rapport aux 23 % enregistrés en 2003. Cette diminution témoigne de l’efficacité des politiques de santé publique mises en place par les différents paliers gouvernementaux.
Malgré ces progrès, le tabagisme demeure la principale cause de décès évitable au Canada. Environ 46 000 personnes décèdent chaque année de maladies liées au tabac, ce qui représente un coût estimé à 11,2 milliards de dollars pour la société canadienne. Face à ce constat, le gouvernement fédéral s’est fixé un objectif ambitieux dans le cadre de sa Stratégie canadienne sur le tabac : réduire le taux de tabagisme à moins de 5 % d’ici 2035.
Des disparités régionales marquées
Le taux de tabagisme varie considérablement selon les provinces canadiennes. Le Québec affiche l’un des taux les plus élevés du pays avec 13 % de fumeurs en 2022, se rapprochant de provinces comme Terre-Neuve-et-Labrador et le Nouveau-Brunswick. À l’inverse, l’Ontario et la Colombie-Britannique présentent des taux nettement inférieurs, contribuant à faire baisser la moyenne nationale.
La cigarette électronique au Canada : un cadre réglementaire en évolution
Longtemps interdite à la vente, la cigarette électronique a connu un tournant majeur en mai 2018 avec l’adoption de la Loi sur le tabac et les produits de vapotage. Cette législation a légalisé la vente de produits de vapotage contenant de la nicotine aux adultes canadiens, tout en instaurant un cadre réglementaire strict visant à protéger les jeunes.
Une réglementation stricte
La réglementation canadienne interdit la vente de produits de vapotage aux personnes de moins de 18 ans et impose des restrictions importantes sur la publicité et la promotion de ces produits. Depuis juillet 2024, le pays a également mis en place un régime de taxation coordonné des produits de vapotage, avec un droit d’accise fédéral auquel s’ajoute un droit additionnel dans certaines provinces participantes. La concentration maximale en nicotine est fixée à 20 milligrammes par millilitre, similaire à la réglementation européenne.
Chaque province et territoire dispose également de la possibilité d’appliquer ses propres règles. Le Québec, par exemple, a adopté en 2023 une position particulièrement restrictive en n’autorisant que les arômes de tabac, interdisant ainsi les saveurs fruitées et gourmandes qui étaient populaires auprès des vapoteurs.
Le vapotage en chiffres
En 2022, 6 % des Canadiens âgés de 15 ans et plus déclaraient avoir vapoté au cours des 30 derniers jours. Le vapotage est particulièrement répandu chez les jeunes adultes, avec 14 % des 15-19 ans et 18 % des 20-24 ans qui vapotent, contre seulement 3 % chez les 25 ans et plus. Cette prévalence élevée chez les jeunes suscite des préoccupations importantes au sein des autorités de santé publique.
Concernant les motivations, 44 % des vapoteurs de 25 ans et plus indiquent utiliser la cigarette électronique pour réduire ou cesser leur consommation de cigarettes, ou pour éviter de recommencer à fumer. Chez les 15-19 ans, la principale raison invoquée est la réduction du stress, mentionnée par 33 % des vapoteurs de cette tranche d’âge en 2021.
Un débat sur la réduction des risques
La place de la cigarette électronique dans la stratégie de lutte contre le tabagisme fait l’objet de débats au Canada. D’un côté, la Stratégie canadienne sur le tabac reconnaît que l’accès à des choix moins nocifs que la cigarette pour les fumeurs peut contribuer à la réduction des méfaits. De l’autre, les autorités sanitaires s’inquiètent de l’augmentation du vapotage chez les jeunes non-fumeurs, qui pourrait créer une nouvelle génération de personnes dépendantes à la nicotine.
Plusieurs professionnels de santé, dont des cardiologues et des pneumologues, considèrent que vapoter est généralement moins toxique que fumer. Toutefois, les effets à long terme du vapotage restent largement méconnus, et le gouvernement canadien maintient une position de prudence, privilégiant une approche restrictive pour protéger les jeunes tout en permettant aux fumeurs adultes d’accéder à ces produits.
Sources et références
- Statistique Canada – Le Quotidien : Production et écoulement des produits du tabac, décembre 2024
- Société canadienne du cancer – Le Québec progresse dans sa lutte contre le tabagisme (2024)
- Santé Canada – Le tabagisme au Canada : ce que nous savons
- Statistique Canada – Enquête canadienne sur le tabac et la nicotine (ECTN) 2022
- Santé Canada – Le vapotage au Canada : ce que nous savons
- Santé Canada – Réglementation du tabac et des produits de vapotage
- Gouvernement du Canada – Régime coordonné des droits sur le vapotage
- Ministère des Finances Canada – La Gazette du Canada : Règlement concernant les droits d’accise sur les produits de vapotage (2024)
- Santé Canada – Stratégie canadienne sur le tabac
- Gouvernement du Québec – Stratégie pour un Québec sans tabac 2020-2025
- Santé Canada – Aborder la question du tabagisme et de l’utilisation des produits de vapotage au Canada