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La potentielle interdiction de vente de tabac au Royaume-Uni pourrait avoir des conséquences planétaires. Sommes-nous à l’aube d’un grand bouleversement ?
Le début d’une révolution ?
Le tabagisme fait partie de notre quotidien. Que l’on soit fumeur ou ancien fumeur n’est pas la question, tous les jours, même sans en consommer soi-même, nous voyons des cigarettes. Qu’il s’agisse de collègues de travail, d’un membre de la famille, d’amis, ou de simples passants dans la rue, le tabagisme est ancré dans nos vies à tel point que beaucoup ne le remarquent même plus. Et pourtant, ce qui est devenu, au fil des décennies, un produit comme un autre, au même titre que les boissons par exemple, pourrait bien être sur le point de disparaître, et pour de bon.
Cette révolution, plus probable que jamais, pourrait prendre son essor au Royaume-Uni. En 2023, dans le cadre d’un projet de loi, le pays avait proposé une interdiction générationnelle du tabac. En d’autres termes, une interdiction de vendre des cigarettes à toute personne née après le 1er janvier 2009. Si la mesure avait fait grand bruit lors de son évocation, elle était retournée dans l’anonymat jusqu’en novembre 2024, lors de son passage à la House of Commons, où elle avait été adoptée par les députés, à une vaste majorité. Depuis lors, la mesure est ballotée de comité en comité, où les débats à son sujet se poursuivent. Des débats qui devraient normalement prendre fin avant la fin du mois, et qui permettraient de soumettre la mesure une dernière fois aux députés.
Après sa première acceptation de novembre 2024, il est peu probable que les députés se prononcent contre elle. Elle serait alors transmise à la House of Lords où, si elle peut être quelque peu remaniée, ne sera pas bloquée. Au Royaume-Uni, le système législatif est fait de sorte que les députés aient toujours le dernier mot. Et puisque l’interdiction générationnelle est souhaitée tant par le Parti conservateur que par le Parti travailliste, tout laisse à penser que la mesure finira bien par être mise en place.
Mais que signifierait cette mise en place ? Bien plus qu’on pourrait le penser.
Un profond bouleversement économique
Par le passé, de nombreux pays ont été les instigateurs de réglementations jamais vues auparavant, et qui ont par la suite été massivement adoptées. En 1893, par exemple, la Nouvelle-Zélande a été le premier pays du monde à ouvrir le droit de vote aux femmes. L’année suivante, l’île annonçait la mise en place du premier salaire minimum national. En France, en 1909, une loi interdisant l’utilisation de plomb dans les peintures est adoptée. En 2004, l’Irlande est devenue le premier pays à interdire de fumer dans certains lieux publics. Autant de mesures nées de la volonté d’un seul pays, qui ont par la suite été mises en place « dans le monde entier ».
Il suffit donc de se référer à l’histoire pour comprendre l’importance du vote à venir au Royaume-Uni. Si les Britanniques, et tout le laisse penser, mettent en place une interdiction générationnelle de vente de tabac, il y a fort à parier que la mesure sera par la suite adoptée par d’autres pays. Et cette mesure, de par son fonctionnement, signifierait bel et bien la fin annoncée du tabagisme. Lorsque tous les habitants du Royaume-Uni, nés après 2009, ne seront plus de ce monde, plus personne ne pourra légalement acheter de tabac. Et le bouleversement économique qui découlerait de l’adoption de cette mesure, par de nombreux pays du monde, serait massif.
Les cigarettiers perdraient certes leur principale source de revenus, mais ils ne seraient pas les seuls. Les pays qui produisent du tabac devront remplacer cette culture, les distributeurs remplacer ce produit, les buralistes et autres points de vente, dire adieu aux revenus liés à la vente de cigarettes. Les entreprises de marketing perdraient de gros clients, tout comme celles produisant des emballages. L’industrie pharmaceutique verrait une partie de ses produits devenir inutiles, les douanes et autres services fiscaux ne collecteraient plus les nombreuses taxes mises en place sur les produits du tabac, faisant perdre des milliards à de nombreux gouvernements du monde. Le tourisme du tabac, qui consiste pour les frontaliers à aller s’approvisionner dans un pays voisin, disparaîtrait, et avec lui, les revenus apportés par ces acheteurs étrangers. Les organisations antitabac perdraient leur principal ennemi et n’auraient plus de raison d’exister, mettant au chômage leurs salariés, tout comme les entreprises spécialisées dans la collecte des mégots. Et la cigarette électronique, alors ? Vendue comme outil de sevrage tabagique. Que deviendrait son secteur s’il n’y avait plus de tabagisme ? Et la liste pourrait se poursuivre encore longtemps.
Cette proposition d’interdiction générationnelle de vente de tabac que s’apprête à voter le Royaume-Uni est donc loin d’une simple mesure nationale à laquelle seuls les Britanniques devraient s’intéresser. Elle n’est rien de moins que la première pierre d’un potentiel bouleversement à l’échelle planétaire, dont les conséquences pourraient impacter l’économie de nombreux pays.
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Genève, Suisse
