Les e-liquides sont ils chimiques ? Sans nul doute, oui. Est-ce un problème ? Incontestablement, non. Mais que répondre à quelqu’un qui vous le fait remarquer en s’en servant d’argument pour s’opposer à la vape ? Et bien, que c’est une bonne chose.
Oui, la cigarette électronique est chimique, au même titre qu’absolument tout ce qui se trouve sur Terre, et même dans l’univers. L’important n’est pas de savoir si quelque chose est chimique ou non, mais de connaître ses constituants. Dans le cas de la vape, le ministère de la Santé britannique considère depuis 2015 qu’elle est « au moins 95 % moins nocive » que le tabagisme. Enfin, si vous souhaitez une preuve que tout ce qui nous entoure est chimique, veuillez observer l’étiquette ci-dessous, qui énumère tous les composés chimiques… d’une pêche.
Remise au goût du jour
C’est un article datant de 2017, remis à jour récemment dans Le Figaro : une étude explique que la vape pourrait sauver plusieurs millions de vies. Nous n’y reviendrons pas ici, puisque nous en avions déjà fait état lors de sa sortie. La teneur de la mise à jour nous a, par contre, échappé.
Mais l’intérêt de cet article est la lecture des commentaires. Outre les arguments classiques, on en retrouve un qui revient dans deux commentaires, comme un leitmotiv dans l’air du temps : la vape, c’est chimique.
Ce n’est pas spécifique ni à cet article ni au lectorat du Figaro. Régulièrement, on peut lire ou entendre ici et là que le vapotage est chimique, entendez par là malsain, par opposition à tout ce qui est naturel. Mais au fait, il y a quoi dans un e-liquide ? La réponse est ici.
L’alchimie de la chimie
Donc, lorsque vous entendez quelqu’un vous expliquer que la vape, c’est chimique, la réponse simple, claire, nette et sans conteste à cet argument est “oui, et alors ?”. Parce que votre interlocuteur fait une confusion courante.
Tout est chimique. Absolument tout. La médecine naturelle, les plantes, les animaux, même ce que la main de l’homme ou ses produits n’ont jamais touché est chimique. Tout être vivant est une usine chimique.
Un exemple : regardez l’image ci-dessous, qui donne une composition moléculaire :
C’est l’œuvre de James Kennedy, professeur de chimie à Melbourne. Et tous ces ingrédients dont vous ne voudriez pas dans votre assiette, c’est… Une pêche. Oui, le fruit.
Une pêche, même bio, même cueillie à plusieurs milliers de kilomètres de l’usine de pesticides la plus proche, se compose de ça. La nature, que l’on oppose à la chimie très régulièrement, n’est elle-même qu’une gigantesque usine chimique à ciel ouvert.
Dès lors, si, comme certains, vous appliquez l’adage “ne mangez jamais quelque chose qui contient un produit dont vous ne parvenez pas à prononcer le nom”, préparez-vous à mourir de faim.
Toute la Terre et ce qui s’y trouve est chimique. La Lune est chimique. Mars est chimique. N’importe quel astre aux confins de l’univers qui n’a jamais vu l’apparition de la vie est chimique. L’infiniment petit est chimique, puisque même les particules les plus simples sont des composants primaires.
Il n’y a qu’une seule exception, quelque chose qui n’est pas, ou n’est plus chimique : un trou noir. Tout simplement parce que l’état de la matière dans la singularité gravitationnelle est trop en dehors des limites des lois de la physique qui s’appliquent lors d’une réaction pour qu’on le considère encore comme tel. Et là, on spécule : peut-être que le trou noir est lui aussi chimique, mais bien malin qui saura le dire.
Si vous voulez manger quelque chose qui ne soit pas chimique, il ne vous reste donc que les trous noirs, et encore, on n’en est pas sûr. Bon appétit.
À l’origine d’une confusion
Lorsqu’on parle de chimie, ce n’est pas pour différencier deux classes de produits, mais une provenance. Chimique, par opposition à naturel, ne différencie pas deux molécules de qualités ou avec des propriétés différentes, mais simplement la façon dont elles ont été produites. Parce qu’entre une molécule présente dans la nature et la même synthétisée en laboratoire, il n’y a aucune différence. Même propriétés, même composition, même qualité.
Oui, il existe des produits issus de l’industrie chimique nocifs. Mais cela ne tient pas au fait qu’ils aient été fabriqués par l’industrie plutôt que dans la nature, mais simplement qu’ils ont été conçus ainsi pour des raisons, souvent, de rentabilité. Le problème n’est pas qu’ils soient chimiques, mais que leurs fabricants soient cyniques.
Tout cela ne répond pas à la question : la vape est chimique, est-ce que c’est un problème ? Non. Un e-liquide n’existe pas dans la nature, c’est un fait, mais il est l’amalgame de plusieurs composants qui, eux, s’y trouvent. On sait ce qu’il contient, on contrôle sa fabrication, on connaît précisément le résultat final. Le tout dans des conditions infiniment plus saines que dans la nature, et avec des particules qui y existent.
Dernier point : dans la chimie de la nature sont synthétisées des molécules toxiques, voire mortelles pour l’homme. Dans l’industrie chimique, cela arrive aussi, mais uniquement si on le fait exprès. Ça s’appelle “fabriquer du poison”. Or, les fabricants de e-liquide n’ont aucun intérêt à empoisonner leurs clients, au contraire : ils ont intérêt à les garder en vie le plus longtemps possible.
C’est à peu près tout. La prochaine fois, donc, que l’on vous dira “la vape, c’est chimique !” vous pourrez donc répondre sincèrement : “Oh, Dieu merci ! Voilà une bonne nouvelle, je suis soulagé”.
Cet article ne constitue pas un avis médical. En cas de doute, rapprochez-vous d’un professionnel de santé.