La cigarette électronique dans la société

Une trajectoire atypique

L’histoire de la cigarette électronique ne ressemble à aucune autre. Créée en 2003 par un pharmaciste d’origine chinoise du nom de Hon Lik, dont le père est décédé d’un cancer du poumon, il faudra attendre l’année 2007 avant de la voir commencer à se propager au grand public, et le début des années 2010 pour que son succès se généralise.

Sur son chemin, le vaporisateur personnel rencontrera de nombreux ennemis de part son côté disruptif, bouleversant plusieurs marchés bien établis.

D’abord, celui de l’industrie pharmaceutique. Alors que des années de recherche ont été nécessaires aux laboratoires pour mettre au point des molécules permettant d’aider au sevrage tabagique, la cigarette électronique leur sera rapidement préférée par de nombreux fumeurs. Difficile alors, pour des géants de Big Pharma, d’accepter qu’un si petit objet ait le potentiel de lui faire perdre plusieurs millions de clients à travers le monde.

L’industrie du tabac se verra également chamboulée. Elle, qui a toujours fait son profit grâce aux fumeurs, voit débarquer une nouvelle méthode de consommer de la nicotine, qui ne sort pas de ses usines. D’abord perplexe et préférant l’ignorer, au même titre que l’industrie pharmaceutique, elle se rend rapidement compte que la cigarette électronique possède le potentiel de la priver de nombreux clients futurs, et même de lui en faire perdre certains qu’elle possède actuellement. Des fumeurs qui passent au vapotage, ce n’est pas bon pour les affaires.

Au fur et à mesure que les années passent et que le succès du vapotage grandi, Big Tobacco est forcé de se rendre à l’évidence : la cigarette électronique plaît et semble bien partie pour rester dans un paysage de consommation de nicotine qui se voit redessiné. Il ne reste alors qu’une seule solution de repli, celle de se lancer sur ce nouveau marché. Au fil des ans, l’industrie du tabac augmentera ses investissements dans ce domaine, jusqu’à voir certaines de ses plus grandes entreprises se transformer entièrement. À l’image de Philip Morris International (PMI) qui a, désormais, l’intention claire d’arrêter de vendre des produits combustibles dans les décennies à venir, pour se focaliser uniquement sur ce qui est désormais appelé les produits du tabac « à risque réduit ».

Un objet qui fédère…

Le gain en popularité de la cigarette électronique, croissant au fil des ans, a vu naître une véritable communauté. Une communauté qui va jusqu’à descendre dans la rue pour la défendre. Une chose est certaine, l’arrêt du tabac n’a jamais été aussi plaisant pour les fumeurs, et ils comptent bien le faire savoir.

… devenu politique

Devant le succès toujours grandissant du vapotage, les hommes politiques du monde entier ne peuvent continuer de l’ignorer plus longtemps. Alors que certains pays font le choix d’assimiler le vapotage au tabagisme, et choisissent de le combattre au même titre que le tabac fumé, d’autres prennent une trajectoire très différente. C’est notamment le cas du Royaume-Uni qui, encore aujourd’hui, est le pays mettant le plus en avant le vapotage comme outil de sevrage tabagique.

Pour d’autres pays, la cigarette électronique se présente comme un dilemme. C’est par exemple le cas aux États-Unis où, suite à l’instauration des Tobacco Bonds, la majorité des États enregistre plusieurs millions de dollars de recettes, chaque année, en fonction des ventes de tabac. Comment, alors, accueillir la cigarette électronique qui permet d’arrêter d’arrêter de fumer, faisant de fait diminuer les ventes de tabac, et donc les recettes de tous les États ayant participé au grand procès de 1998 contre Big Tobacco ?

Les associations de lutte contre le tabagisme sont aussi bouleversées par le phénomène du vapotage. La raison même de leur existence étant la lutte contre le tabac, que penser de l’e-cigarette, cet objet originalement vendu par des fabricants indépendants, mais qui est aujourd’hui aussi marketé par l’industrie du tabac ?

L’histoire de la cigarette électronique, qui s’écrit depuis le début des années 2010 en Europe, a déjà connu de nombreux rebondissements. À l’aube de la prochaine révision de la TPD, de nouvelles réglementations pourraient bien venir bousculer une place à laquelle elle est désormais bien établie. Les vapoteurs descendront-ils dans la rue pour la défendre à nouveau ? Les décideurs politiques l’accepteront-ils enfin à sa juste valeur ? Autant de questions, et bien d’autres, qui laissent présager de nombreux tumultes pour l’avenir de ce qui est aujourd’hui devenu, l’outil de sevrage tabagique préféré des fumeurs à travers le monde, et le plus efficace.