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Vape, prud’hommes et forêts scandinaves

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C’est l’après-midi, le temps est clément, la semaine s’achève, je me remémore une boutique de vape qui a fermé, et puis tout part en vrille, parce que c’est l’article du vendredi.

Souvenirs perdus, partis en fumée

Récemment, je me remémorais une petite boutique de vape qui avait fermé. Il y en a beaucoup, mais celle-ci était rigolote. Elle avait ouvert dans une ville bretonne, juste à côté d’une des pionnières dans la région. Mais, vraiment, juste à côté.

C’était une de ces boutiques opportunistes qui avaient poussé un peu partout lorsque la e-cigarette avait commencé à devenir populaire. Son patron n’y mettait jamais les pieds : il avait considéré que la vape était un bon investissement, loué un pas-de-porte, acheté un stock, et, considérant que le vapotage était un truc de geeks, donc de mecs frustrés, avait embauché deux vendeuses.

Leur mission était simple. Informer les clients sur l’arrêt du tabac et leur conseiller le meilleur substitut ? Vous n’y êtes pas. Leur critère de recrutement et leur boulot était d’être jolies et habillés court. Ainsi, dans l’esprit du patron, le geek, yeux exorbités et bave aux lèvres, achèterait sans se poser de questions.

Les deux filles embauchées dans la boutique avaient postulé parce qu’elles cherchaient du travail. Elles firent ce qu’on leur demandait, et attendirent le client. Qui ne vint pas. Du coup, elles s’ennuyaient, et commencèrent à prendre de plus de pauses. De pauses cigarettes, parce qu’elles étaient fumeuses. De pauses cigarettes devant la boutique de vape. Oui.

Donc, nous avions une boutique de vape connue, reconnue, et irréprochable de réputation, bien achalandée par une équipe compétente et passionnée d’un côté, et une boutique misérablement pourvue en matériel et en liquides dont les vendeuses passaient leur temps à fumer des clopes. Ce qui devait arriver arriva, et la boutique ferma.

Un cas de conscience et une petite laine

Je me remémorai cette histoire suite à une conversation avec un collègue. Le souvenir m’en revint alors que j’écoutais un groupe de black metal hurler une chanson sur le thème « c’est vraiment chouette de blasphémer dans les forêts scandinaves en hiver ». Je me fis la réflexion qu’il faudrait qu’un jour, ils fassent un morceau réaliste sur le thème « quand on part blasphémer dans les forêts scandinaves en plein hiver, c’est important de penser à prendre une petite laine en attendant que les gardes forestiers viennent nous chercher parce qu’on s’est encore paumés ». Mais c’est hors sujet.

Je me demandais si un employeur pouvait exiger de ses salariés qu’ils vapent. Au moins les fumeurs. Parce que c’est vrai que cela ne fait pas très sérieux, lorsque vous avez affaire à un professionnel du vapotage censé vous expliquer les vertus de la substitution et la réduction des risques, qu’il sente le cendrier froid.

Et admettons qu’un employeur exige de ses salariés fumeurs qu’ils passent à la vape. Dans quelle mesure cela ne lui vaudrait pas des problèmes.

Vous avez peut-être entendu ces employés d’une célèbre société de boissons anisées (et alcoolisées) qui traînent employeur en justice pour avoir été forcés de consommer ladite boisson ? Oui, il y a aussi des exemples dans l’industrie du tabac, mais c’est presque trop facile.

Le procès de la vape

Et si ça arrivait à la vape ? Imaginez, dans vingt ans, nous sommes dans la même situation qu’aujourd’hui. Jean-Kevin, alors âgé de 40 ans, mais toujours vêtu de son jean baggy et de son tee-shirt Game of Thrones, se rend au tribunal, lippe tremblante et tout offusqué, afin de dire sa vérité, selon l’expression favorite des bobos.

« Monsieur le Juge, ils m’ont forcé à vapoter alors que moi, je voulais fumer du vrai tabac ! Une véritable torture, et une mise en danger de ma santé ».

Et là, le magistrat, dont le beau-frère du cousin par alliance du côté de l’oncle de sa femme au second degré est lobbyiste auprès de l’OMS, tonnerait, l’œil furieux « COMMENT ?!? C’est un véritable scandale, je m’offusque que l’on ait pu vous forcer à consommer cette vapote dont on ne sait pas encore si elle est dangereuse et ainsi vous avoir fait courir un risque ! »

Puis le Juge se tournerait vers l’employeur de Jean-Kevin et tonnerait « JE VOUS CONDAMNE ! Payez des indemnités hors de propos à Jean-Kevin, donnez lui tout votre argent, votre maison, votre voiture, et même l’urne qui contient les cendres de votre chien en dédommagement de ce crime infâme que vous lui infligeâtes ! Et si ça ne tenait qu’à moi, je vous ferai pendre par… »

« Par ? » demanderait l’employeur inquiet.
« Par ? » demanderait son avocat angoissé.
« Par ? » demanderait un Jean-Kevin avide.
« Par ? » demanderait le procureur flegmatique.

« Par devant la mairie ! » Tonnerait le Juge avant d’être interrompu par l’avocat de Jean-Kevin « Monsieur le Juge ? Mon client trouve que la peine va trop au-delà de ses espérances, et souhaite faire preuve de mansuétude en renonçant à l’urne du chien. »

Et tout le monde se congratulerait de ce procès modèle et de ce jugement équitable, sauf l’employeur de Jean-Kevin, qui se demanderait s’il vaut mieux choisir le gaz ou la corde, et son avocat qui se demanderait comment lui seraient payés ses honoraires fastueux.

Bien entendu, ceci n’est que la manifestation de mon esprit trop fébrile. Néanmoins, si vous êtes un employeur dans la vape et qu’un de vos salariés fume, l’image de votre entreprise dut-elle en souffrir, ne lui demandez pas de se convertir. Virez-le pour une autre raison.

Tout ça me rappelle qu’une fois, la direction du Vaping Post m’a demandé de tester un liquide qui s’est avéré franchement infect. Je crois que je suis resté traumatisé. Je devrais en parler à mon médecin. Et à mon avocat.

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