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Vape, Molière et gros calibre : retour sur une semaine folle

Mis à jour le 7/04/2020 à 14h56
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Le sujet qui a fait beaucoup causer, cette semaine, c’est la médicalisation de la vape et des substituts nicotiniques. De Édouard Philippe à Scott Gottlieb en passant par l’UKVIA, chacun s’est pris pour Argon dans une actualité que même Molière n’aurait espéré rêver.


Opinion

Docteur Édouard et Mister Philippe

C’est Édouard Philippe, Premier Ministre français, qui a dégainé le premier, façon Lucky Luke contre les Dalton. Ou plutôt façon Argon dans “Le médecin malgré lui”.

Mais si, rappelez-vous, quand Argon passe son diplôme de médecin. Les maîtres de l’Université l’interrogent, à tour de rôle, en latin : comment soigner l’hydropisie ? Le candidat répond “Clysterium donare, postea saignare, ensuita purgare”. (Utiliser le clystère, puis saigner et enfin purger). L’examinateur approuve “Bene, bene”. (Bien, bien). Vient l’étude d’un cas pratique : un malade souffre de violents maux de tête, de fièvres, de douleurs abdominales. Que faire ? Argon a la solution : “clystérium donare, postea saignare, ensuita purgare”. “Bene, bene” lui est-il répondu. Un maître tente de prendre le futur praticien en défaut : et si, malgré cela, le mal ne se dissipe pas ? Argon triomphe : “clystérium donare, postea saignare, ensuita purgare. Ensuita, resaignare et repurgare”. Le jury applaudit aux brillantes réponses du candidat, le félicite et lui décerne le titre de docteur en médecine.

En termes plus modernes, ça se traduit par “taxere, subventionnare” “on taxe, on subventionne”. Taxer le tabac d’un côté, subventionner la pharmacie de l’autre, en remboursant les substituts nicotiniques. Mais, attention, uniquement ceux vendus en pharmacie, et prescrits par un médecin. Ou comment décourager les praticiens de promouvoir la vape, exclue de facto du système.

Mais n’oubliez pas, si le “on taxe, on subventionne” ne marche pas, la solution est “on taxe, on subventionne, puis on re-taxe et on re-subventionne”. Réfléchir à un plan B ? Ça va pas, la tête ?

Bref, inutile de lorgner sur le dernier mod en bois stabilisé facturé huit cent euros par un modeur italien, vous n’arriverez pas à vous le faire offrir par la Sécurité Sociale. Mais c’était bien essayé.

Scott Gottlieb dans un nuage de vapeur

Le patron de la FDA, Scott Gottlieb, s’est pris pour un Martin Luther King du pauvre. Il a fait un rêve, le rêve d’une Amérique où les fumeurs seraient libérés de leurs chaînes et s’en iraient guillerets acheter leur vape comme des médicaments en libre service.

Alors, de notre point de vue européen, on voit évidemment les choses un peu de travers. On s’imagine aller chez un pharmacien, et lui tenir à peu près ce langage “Bonjour, je voudrais de l’ibuprofène, une boite de pansements, du Citrate de Bétaïne et un Boba’s Bounty en 6 mg, s’il vous plaît”. Et le pharmacien de préparer la commande, tout en précisant “attention, l’ibuprofène, pas plus de 400 mg toutes les six heures, et le Boba’s, faites-le steeper une petite semaine, il est un peu jeune”.

Non, évidemment. Le système américain est beaucoup plus décontracté que la plupart des systèmes européens, et les médicaments sans ordonnance peuvent souvent s’acheter dans les drug store et les supermarchés. Mais pas n’importe où, bien entendu.

On se demande quelles sont les raisons qui poussent Scott Gottlieb. Peut-être le directeur de la FDA a été sensibilisé, suite à la manifestation des jeunes américains contre les armes à feu, à l’ambiance dans les shops de vape, comme on peut le voir sur cette photo :

Il faut reconnaître que ce n’est pas très encourageant. Bon, l’essentiel, quand on est américain et qu’on a à la fois une box et une arme de gros calibre, c’est de ne surtout pas confondre les deux. Sinon, ça va encore faire de la mauvaise publicité aux armes à feu. Pour la vape, on n’est plus à ça près.

L’Angleterre, c’est décidément une île

Pendant ce temps, en Angleterre, la nourriture est toujours aussi ignoble, le climat toujours aussi maussade, mais eux, ils poussent les fumeurs à se mettre à la vape. Vraiment. Ils organisent même un mois entier pour ça, le VApril. Mois qui se déroule en avril, bravo, comment avez-vous deviné ?

Voilà : les vapoteurs britanniques, avec le concours du parlement et sous l’œil bienveillant du gouvernement et de l’industrie du tabac, organisent un mois pour soutenir la vape. Le Pape François et les théologiens du Vatican se sont offerts un beau couac, cette semaine, sur l’existence ou non de l’enfer pour les catholiques, mais les vapoteurs sont fixés, le Paradis existe. Il y pleut toute l’année et on y mange du bœuf bouilli à la menthe.

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.