La cigarette électronique en Allemagne
Un pays en progrès
Depuis 2006, le taux de prévalence tabagique ne fait que diminuer en Allemagne. Sa politique antitabac prévoit l’interdiction de fumer dans les lieux publics où il n’est pas possible d’être « physiquement séparé » des autres usagers. La publicité pour le tabac est interdite à la télévision, à la radio, sur internet, et dans la majorité des publications écrites.
Depuis 2006, le taux de prévalence tabagique ne fait que diminuer en Allemagne. Sa politique antitabac prévoit l’interdiction de fumer dans les lieux publics où il n’est pas possible d’être « physiquement séparé » des autres usagers. La publicité pour le tabac est interdite à la télévision, à la radio, sur internet, et dans la majorité des publications écrites.
Le tabagisme toujours très présent
La législation sur la cigarette électronique en Allemagne est assez semblable à la législation française. En 2022, on estime qu’environ 1,5 millions de vapoteurs résident dans le pays. Le taux de prévalence tabagique serait d’environ 28 %, soit un peu plus de 20 millions de fumeurs. Chaque année, le tabac tuerait près de 125 000 personnes.Les principales actualités en Allemagne
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Consultez ci-dessous l’ensemble de nos derniers articles qui parlent de l’Allemagne.L’Allemagne face à une situation préoccupante du tabagisme
L’Allemagne connaît une situation paradoxale en matière de tabagisme. Alors que de nombreux pays européens parviennent à faire reculer le tabagisme, l’Allemagne enregistre une hausse inquiétante de la prévalence tabagique. Le taux global de tabagisme en Allemagne était légèrement supérieur à 34 % en juillet 2022, contre 26,5 % en mars 2020, selon les résultats de l’enquête DEBRA (Deutsche Befragung zum Rauchverhalten). En 2023, environ 32 % de la population allemande était fumeuse, ce qui représente près de 20 millions de fumeurs. Chaque année, le tabac serait responsable d’environ 125 000 décès dans le pays.
Une augmentation alarmante de la consommation intensive
Au-delà du nombre de fumeurs, c’est l’intensité de la consommation qui préoccupe particulièrement les autorités sanitaires. Selon les données de la caisse d’assurance maladie KKH, le nombre de personnes fumant plus de 20 cigarettes par jour a augmenté de 50 % en dix ans. Cette hausse touche principalement les hommes âgés de 40 à 59 ans, mais concerne également des tranches d’âge plus jeunes.
Cette consommation intensive s’accompagne d’une progression marquée des maladies respiratoires chroniques. Entre 2013 et 2023, le nombre de personnes atteintes de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) suivies par la caisse d’assurance a progressé de 30 %. Les femmes représentent désormais 40 % des patients atteints, un chiffre en augmentation traduisant l’évolution des comportements tabagiques dans la population féminine.
Des disparités régionales importantes
L’étude de la KKH met en évidence d’importantes disparités régionales. Dans le Land de Thuringe, le nombre de fumeurs a doublé en dix ans, passant de 3,5 % en 2013 à 7 % en 2023. Berlin affiche les taux les plus élevés à l’échelle nationale, avec 9 % des assurés concernés en 2023 contre 6,4 % dix ans plus tôt. À l’inverse, les Länder du Bade-Wurtemberg (4,3 %) et de Hesse (4,7 %) présentent les taux les plus faibles de dépendance tabagique en 2023.
Un retard dans les politiques de lutte antitabac
Selon le Tobacco Control Scale de 2022, l’Allemagne se classe 34ème sur 37 pays évalués, accusant un fort retard dans la mise en place de politiques de lutte contre le tabagisme, malgré la ratification de la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac en 2004. En 2023, l’OMS a explicitement condamné l’inaction de l’Allemagne sur les quinze dernières années. Rüdiger Krech, directeur de la promotion de la santé à l’OMS, a déclaré que la politique allemande actuelle en matière de tabac était “très préoccupante”, soulignant l’absence de mesures efficaces pour prévenir l’initiation ou accompagner le sevrage.
Le prix moyen d’un paquet de 20 cigarettes était de 8,70 euros en 2024, un tarif bien inférieur à celui pratiqué dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest. En 2021, les législateurs ont approuvé une augmentation pluriannuelle des taxes sur les cigarettes d’un montant total d’environ 50 centimes par paquet, mais pour les experts du Centre allemand de recherche sur le cancer, ces mesures sont loin d’être suffisantes car l’augmentation du niveau des taxes n’a pas suivi le rythme de l’inflation.
La cigarette électronique : une réglementation en évolution
En Allemagne, l’utilisation de la cigarette électronique est légale mais encadrée par des réglementations. Les produits de vapotage sont soumis à des restrictions concernant leur vente, leur publicité et leur utilisation dans certains lieux publics. Il est permis de vapoter dans les espaces extérieurs tels que les rues et les parcs. En revanche, le vapotage est interdit dans les espaces publics fermés comme les administrations, les hôpitaux et les transports en commun, sauf dans les zones désignées pour les fumeurs.
L’Allemagne a introduit une taxe progressive sur les e-liquides à partir de 2022. Un flacon de 10 ml qui coûtait environ 5 euros voit sa taxe augmenter chaque année, pour atteindre 3,20 euros supplémentaires d’ici 2026. L’Allemagne fait partie des 19 pays européens qui taxent déjà la cigarette électronique.
La Bavière a demandé l’interdiction des cigarettes électroniques jetables (puffs) pour des raisons écologiques, initiative soutenue par le Bundesrat. De plus, l’Allemagne fait partie des pays qui ont mis en place ou envisagent une interdiction des arômes dans les produits de vapotage, hormis les saveurs tabac.
Une baisse préoccupante des tentatives d’arrêt
Les résultats de l’enquête DEBRA montrent que les tentatives d’arrêt chez les fumeurs ont fortement diminué : seuls 8,6 % des fumeurs ont déclaré avoir effectué une tentative d’arrêt en juillet 2023 au cours des 12 mois précédents, contre 16 % en mars 2021. Cette baisse intervient alors même que le pays fait face à une augmentation de la consommation et des maladies liées au tabac.
L’Allemagne a été ciblée par la campagne mondiale de l’OMS lancée en 2020 pour aider 100 millions de personnes à arrêter de fumer, aux côtés d’autres pays européens comme la Pologne, la Turquie, la Russie et l’Ukraine. Cette campagne vise à améliorer l’accès aux services de sevrage et à créer des environnements plus propices à l’arrêt du tabac.
Perspectives et défis
L’Allemagne se trouve à un carrefour critique de sa politique de santé publique en matière de tabagisme. La forte présence des lobbys de l’industrie du tabac constitue un frein majeur à toute avancée structurelle. Plusieurs ONG et experts de santé publique dénoncent régulièrement le poids des fabricants dans les processus législatifs, qui contribue à maintenir un cadre réglementaire permissif, en décalage avec la gravité de la situation et les recommandations internationales.
Pour inverser la tendance actuelle, le pays devra mettre en place des mesures plus volontaristes, incluant une taxation significative des produits du tabac, un renforcement des interdictions publicitaires, un meilleur accompagnement au sevrage et une lutte plus efficace contre l’influence de l’industrie du tabac.
Sources
- Génération Sans Tabac – Hausse importante du tabagisme en Allemagne (septembre 2023)
- Génération Sans Tabac – L’Allemagne en alerte face une augmentation de la consommation des fumeurs (juin 2025)
- Génération Sans Tabac – Allemagne : le taux du fumeur bondit de plus de neuf points en deux ans (août 2022)
- Euronews – Quels pays de l’UE ont les taux de tabagisme les plus élevés ? (janvier 2025)
- ONU Info – Tabagisme : l’OMS lance une campagne pour aider 100 millions de personnes à arrêter de fumer (décembre 2020)
- OMS – L’OMS publie les toutes premières directives sur le traitement clinique du sevrage tabagique chez les adultes (juillet 2024)










