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Juul autorisé à revenir aux États-Unis dans un climat de soupçons

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Deux ans après l’interdiction de ses produits aux États-Unis, Juul revient sur le devant de la scène. Mais cette autorisation de la FDA suscite déjà la colère de sénateurs démocrates, qui dénoncent des conflits d’intérêts au sein de l’administration Trump.

La FDA juge les pods Juul appropriés pour la santé publique

Hasard du calendrier. En juin dernier, nous vous proposions de revivre l’épopée de l’entreprise américaine, Juul Labs Inc., dont la croissance avait été aussi rapide que la chute. Créée par deux étudiants, la start-up lançait, en 2015, un petit pod aux allures de clé USB, qui s’était rapidement imposé comme la nouvelle référence des cigarettes électroniques aux États-Unis. Deux ans plus tard, Juul possédait 70 % des parts du marché de la vape aux USA.

En 2019, peu de temps après que le cigarettier Altria (Philip Morris aux USA) ait investi plusieurs milliards de dollars dans l’entreprise, l’agence de réglementation américaine, la Food and Drug Administration (FDA), commençait à s’intéresser à la société. Elle se retrouvait rapidement accusée de publicité trompeuse et d’avoir lancé plusieurs campagnes marketing ciblant tout particulièrement les jeunes Américains.

Face à l’augmentation du nombre de mineurs qui vapotaient dans le pays, les médias se sont rapidement emparés de l’affaire, à tel point que, de concert avec la FDA, tous accusaient Juul d’être responsable d’une « épidémie de vapotage chez les mineurs ». Et ses différentes stratégies, comme le retrait de la plupart des arômes dans ses pods, n’y changeaient rien. En 2022, la FDA émettait une ordonnance interdisant la commercialisation des pods Juul sur le territoire américain.

Deux ans plus tard, en juin 2024, premier espoir pour Juul, puisque la Food and Drug Administration annulait cette ordonnance. Il n’était pas question d’autoriser à nouveau l’entreprise à vendre ses produits aux USA, mais l’organisme fédéral acceptait de rouvrir le dossier. En d’autres termes, la FDA acceptait simplement de reprendre l’évaluation des produits du fabricant, destinée à savoir s’ils sont « appropriés pour la protection de la santé publique », comme l’exige la législation américaine depuis le 9 septembre 2020 et l’entrée en vigueur du processus de Premarket Tobacco Applications (PMTA).

Il y a quelques semaines, près d’un an après avoir démarré cette analyse, la Food and Drug Administration a finalement rendu son verdict. Dans ses conclusions, elle indique :

Les données montrent que les bénéfices pour les fumeurs adultes, notamment le sevrage tabagique et la réduction des risques, dépassent les risques d’initiation chez les jeunes.

  • Les produits goût tabac montrent un fort taux de conversion complet (taux de fumeurs passant au vapotage exclusif, N.D.L.R).
  • Les produits goût menthol, malgré leur attrait pour les jeunes, montrent un bénéfice supérieur pour les fumeurs adultes.

La balance bénéfices/risques est donc favorable pour les deux types de produits. En conséquence :

La commercialisation des produits est jugée appropriée pour la protection de la santé publique (APPH), conformément à la section 910(c) de la loi FD&C. Les autorisations de mise sur le marché (MGO) sont délivrées.

Extrait du Technical Project Lead (TPL) Review of PMTAs, pour le pod Juul, et deux cartouches pré-remplies, aux arômes tabac et menthol.

Cette décision marque donc un retour officiel de Juul sur le marché américain, mais sous étroite surveillance. Une décision que certains Sénateurs contestent déjà, comme en atteste la lettre récemment reçue par Marty Makary, Commissaire de la FDA.

L’administration Trump au centre d’un conflit d’intérêts ?

Le courrier, dont l’initiative revient au sénateur démocrate, Dick Durbin, et cosigné par sept de ses collègues, s’inquiète du retour de l’entreprise sur le territoire, et s’interroge sur les raisons qui ont poussé la FDA à l’accepter. 

« Comme vous le savez, JUUL est la marque de cigarette électronique qui a déclenché « l’épidémie » de vapotage chez les jeunes — ainsi qualifiée par le Dr Scott Gottlieb, votre prédécesseur sous la première administration Trump — et qui est responsable de l’addiction de millions d’enfants à la nicotine, dont beaucoup n’auraient jamais touché une cigarette », s’émeuvent ainsi les auteurs du courrier, avant de s’en prendre directement à l’administration de Donald Trump. 

« Nous sommes profondément préoccupés par l’apparence de conflits d’intérêts entre l’administration Trump et l’industrie américaine des cigarettes électroniques », écrivent-ils, citant notamment Johnny DeStefano, ancien conseiller du Président Trump, qui serait désormais directeur des activités de lobbyisme de Juul. 

Ils notent également que d’autres membres de l’industrie du tabac (Swisher International, le plus grand fabricant et distributeur de cigares au monde, et le cigarettier Reynolds American) auraient été clients de la société de lobbying de Susie Wiles, aujourd’hui cheffe de cabinet de la Maison-Blanche. 

Rappelant que Donald Trump a fait de la « transparence radicale une priorité déclarée », les sénateurs ont demandé, avant le 22 août, des réponses « détaillées et complètes » à plusieurs questions.

Parmi elles, comment Juul a réussi à obtenir une autorisation de mise sur le marché, alors qu’en 2022, la FDA indiquait que ses produits n’étaient pas appropriés pour la protection de la santé publique. Ou encore, une liste indiquant le nombre d’employés de la FDA « ayant travaillé sur la demande de JUUL et ayant quitté l’agence après le 20 janvier 2025, avec pour chacun la fonction, la date et la manière de leur départ. »

Le retour de Juul sur le marché américain n’a donc pas fini de faire parler de lui.

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