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Le temps des grands reviewers raconté aux enfants

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A partir d’un certain âge, nous sommes tous le dinosaure de quelqu’un. Dans 30 ans, nous raconterons aux petites enfants les débuts héroïques de la vape, autour d’un feu de camp (à LED). En ce vendredi, je m’y vois déjà…

Ohé matelot

Il paraît que la vieillesse est un naufrage. Mais ça, c’est uniquement si vous ne savez pas naviguer. Moi, par exemple, avant d’embarquer, je vérifierai les états de services du capitaine, je ferai trois fois le tour du rafiot, et surtout, je m’assurerai que l’armateur n’est pas à bord. Demandez au Titanic si ce n’est pas une bonne idée.

Et ainsi, je voguerai paisible sur les flots du temps, attendant d’atteindre le dernier port. Vous me reconnaîtrez facilement, je serai le petit vieux assis dans un coin, toujours prêt à raconter une bonne histoire. Comme maintenant, quoi, sauf que j’aurai des cheveux blancs… Ouais, comme maintenant, quoi.

Et les petits enfants viendront me demander : « Papy Guillaume, racontes-nous une histoire ! »

Alors, je leur demanderai ce qu’ils veulent comme histoire.

« Une histoire qui raconte comment la vape c’était avant ! Oh oui, on adore les vieilles histoires de vape ».

Parce qu’en ce temps là, dans le futur, donc, la vape ne sera certainement plus comme maintenant. On aura des mods atomiques et des atomiseurs qui nébuliseront le liquide avec un faisceau laser, chaque particule aromatique à la température idéale.

Et donc, les enfants, je vais vous raconter une histoire de l’ancien temps. Le temps où il y avait encore des…

« Des dinosaures ? », demandera une petite voix effrayée.

Non, juste après. Le temps des grands reviewers.

Au temps jadis du passé antérieur

C’était un temps béni où l’on attendait, impatient, devant son écran, la Sainte Notification qui signifiait que l’on allait pouvoir baver devant du matériel qu’on n’achèterait pas.

Il y en avait de tous les styles, mais tous étaient spécialisés. Untel était spécialisé en genesis, untel en high end très rare, l’autre en matériel débutant, il y avait le double spécialiste tests de liquides et décoration intérieure à base de matelas, et l’inévitable spécialiste en tout.

Un jour, les enfants, je vous expliquerai ce qu’étaient le genesis et le high end. Mais pas aujourd’hui.

Et leurs vidéos se ressemblaient toutes. D’abord, il y avait un générique foireux bricolé avec un logiciel gratuit, puis ils disaient bonjour, chacun à sa façon. Ils s’imaginaient peut-être que c’était le top de la modernité, mais la plupart d’entre eux étaient trop jeunes pour avoir entendu parler d’Yves Mourousi.

Puis ils démontaient entièrement ce qu’ils devaient reviewer. C’est assez curieux, d’ailleurs, je vous confierai que, durant des années, ça m’a plongé dans un abyme de perplexité.

Repères biographiques pour youtubeur démonté

C’est bien connu, il y a des enfants qui adorent démonter des trucs pour comprendre comment ça marche, et leurs biographies sont formelles : ensuite, ils construisent d’autres trucs vraiment balèze, style des bateaux insubmersibles (dans les mers chaudes uniquement. J’oublierai que vous avez prononcé le mot « iceberg », pour le bien de tout le monde), ou alors ils inventent l’électricité, le télégraphe, l’aviation, ils fabriquent des fusées ou des centrales nucléaires.

Parfois même, ils ne construisent rien. Ils se contentent de dire des choses curieuses, comme par exemple : « l’énergie est égale à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré », ou encore « la vitesse de la lumière dans le vide est invariable, peu importe la vitesse de sa source ou de l’observateur » (oui, les proches du jeune Albert évitaient de laisser traîner leurs montres). Mais tous ont une biographie.

Les reviewers se contentaient de le démonter, puis de créer une chaîne YouTube. A ma connaissance, aucun n’a été le sujet d’une biographie.

Enfin, à la fin de leur vidéo, ils vapaient en commentant. Et c’était là le plus étrange : même si tu achetais le même matériel qu’eux, que tu faisais le montage comme eux, que tu vapais le même liquide qu’eux, à la même puissance, jamais, au grand jamais, tu ne retrouvais ce dont ils parlaient.

« Mais comment tu expliques ça, dis, Guillaume ? »

Et bien, tu crois en la magie ?

« Non, ça n’existe pas, la magie ».

C’est bien, tu iras loin. Et bien, c’est un mystère que je ne suis jamais parvenu à m’expliquer avec certitude. Sans doute un excès d’enthousiasme.

« Comme toi, quand tu parles de Summoning ? »

Euh, non, rien à voir avec moi qui parle avec justesse, précision et objectivité du meilleur groupe de l’Histoire de l’humanité, qui ont su transcender non seulement le métal, mais la musique pour en extraire toutes les émotions qu’elle peut produire. Tiens, d’ailleurs, je cours m’en écouter un peu avant de finir mon histoire.

La fin des reviewers

« Et ils sont devenus quoi, ces reviewers, Guillaume ? » 

Et bien, la lignée s’est éteinte il y a fort longtemps déjà. Rien à voir avec une comète, cette fois-ci du moins. 

Ils ont tenté de lancer leur propre gamme, certains ont trouvé du travail dans la vape. Et finalement, ils ont laissé tomber leur chaîne en échange d’un emploi plus rémunérateur. Parfois, il en est qui ont perdu l’envie. D’autres, hélas, sont morts, et ils nous manquent toujours.

Il ne reste que des petits, aujourd’hui. Certains sont pas mal, il faut le reconnaître, mais aucun ne bâtira l’histoire de la vape comme l’ont fait leurs aînés. J’ai, pardon, j’ai un doute sur l’image que laisseront d’autres. 

« Il n’y a plus de grands reviewers de cette époque ? »

Si, il en reste un. Il vit loin, quelque part dans un pays mystérieux où un monstre invisible nage dans un Loch et où des hommes en jupe dont, pourtant, tu n’oserais jamais remettre la virilité en doute distillent le meilleur whisky du monde. C’est de là qu’il perpétue la tradition des grands reviewers, dans sa cabane de jardin. Il ne reste que lui de cette époque. C’est pour ça que sa femme l’appelle Mark, mais nous, on l’appelle Highlander.

 

Cet article parodique a été écrit très lentement avec un déambulateur.