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Le médicament Champix (varénicline) permet-il d’arrêter de vapoter ?

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Une récente étude a tenté de savoir si le célèbre médicament d’aide à l’arrêt du tabac est efficace pour le sevrage de la cigarette électronique.

L’étude en bref

L’analyse a été conduite durant 24 semaines. 140 participants ont été divisés en deux groupes. L’un était traité à l’aide de varénicline (Champix), un médicament d’aide au sevrage tabagique, l’autre ne recevait qu’un comprimé sans effet. Lors de tous les stades de l’étude, Champix se serait révélé plus efficace pour l’arrêt du vapotage. Son efficacité était même plus de deux fois supérieure.

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Sevrage tabagique et arrêt du vapotage

Arrêter cigarette électronique Champix varénicline

L’arrêt de la cigarette électronique peut parfois représenter un défi.

Au cours des six dernières années, le nombre de vapoteurs a drastiquement augmenté dans le monde. En France, le marché a commencé à considérablement prendre de l’ampleur à partir de l’année 2017, avec une augmentation des ventes des produits de la vape de l’ordre de 15 %, puis de 21 % l’année suivante, sans presque jamais ralentir depuis. Les dernières données disponibles, recueillies par l’institut d’études Xerfi en 2022, indiquent que l’Hexagone compterait désormais plus de trois millions de vapoteurs

Si le nombre de fumeurs en France a parallèlement diminué, pour certains utilisateurs de cigarettes électroniques ayant réussi à s’éloigner du tabagisme, il est aujourd’hui l’heure de faire de même avec le vaping. Mais comment faire ? Si l’aide au sevrage tabagique est aujourd’hui bien documentée, l’aide à l’arrêt de la cigarette électronique l’est beaucoup moins de par la relative nouveauté du produit. Les médicaments pour arrêter de fumer sont-ils aussi efficaces pour arrêter de vapoter ? Voilà la question à laquelle ont tenté de répondre, en partie, des chercheurs du Center of Excellence for the Acceleration of Harm Reduction (CoEHAR). 

Champix, un médicament largement utilisé de par le monde

Parmi les médicaments mondialement utilisés pour l’aide à l’arrêt du tabac, il y en a un qui fait bien souvent figure de dernière chance. Son nom, Champix en Europe, et Chantix aux États-Unis. 

Uniquement disponible sur ordonnance médicale, il est généralement prescrit lorsque d’autres traitements ont été tentés par le passé et n’ont pas donné de résultats satisfaisants. La molécule active dans le Champix est la varénicline. C’est un agoniste partiel des récepteurs nicotiniques cérébraux dont le mode d’action est double : stimuler les récepteurs nicotiniques, et donc réduire l’envie de fumer, mais aussi le bloquer de manière à empêcher la fixation de la nicotine sur celui-ci. En France, seul Champix 0,5 mg est remboursable, à hauteur de 65 %. Son prix de vente est fixé à 54,98 €. 

En 2019, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) indiquait dans son rapport (au format PDF) que la part de marché de Champix représentait 3,5 %, en diminution par rapport à l’année précédente (4,7 %).

La varénicline aide-t-elle à arrêter de vapoter ?

Dans leur étude1, les chercheurs du CoEHAR ont souhaité évaluer « l’efficacité et l’innocuité de la varénicline » (1 mg deux fois par jour, administrée pendant 12 semaines et suivie jusqu’à la semaine 24) combinée à des conseils de sevrage de la vape (à télécharger, au format docx) chez des vapoteurs exclusifs ayant l’intention d’arrêter de vapoter.

Pour ce faire, 371 utilisateurs d’e-cigarettes ont été recrutés. Pour être éligibles, tous devaient vapoter quotidiennement depuis au moins un an, avoir déjà fait une tentative d’arrêt par le passé, matérialisée par un arrêt du vapotage d’au moins 24 heures, avoir la volonté d’arrêter de vapoter, et réduire leur vapotage d’au moins 50 % avant de s’engager à respecter la date cible d’arrêt total. Au total, 140 personnes sur les 371 ont pu participer à l’étude, les autres ne respectant pas tous les critères suscités. 

Tableau des participants.

Tableau des participants.

Méthodologie

L’étude a été réalisée sous la forme d’un essai en double aveugle, randomisé, en groupes parallèles, et contrôlé par placebo. Autrement dit, les participants ont été séparés en deux groupes comprenant chacun 70 personnes. Le premier groupe recevait une dose classique de Champix, le second, un simple comprimé sans aucun effet. Les deux groupes ont reçu les mêmes conseils de sevrage. 

Suite à une première visite médicale de contrôle, les participants ont été invités à revenir régulièrement à la clinique pour un suivi, sur la base d’une fois par semaine, durant 12 semaines. Les semaines 4, 6 et 8 ont été l’objet d’un contact téléphonique plutôt que présentiel. À chacune des visites physiques, différents tests étaient réalisés afin de contrôler les modifications de l’IUN (consommation de nicotine), des taux d’eCO (monoxyde de carbone expiré), de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, du poids/IMC [seulement à la visite de la semaine 12], du MNWS (Minnesota Nicotine Withdrawal Scale, questionnaire destiné à évaluer l’effet du sevrage tabagique) [seulement aux semaines 1, 2, 4, 6, 8, 12] et des événements indésirables. 

L’étude s’est ensuite poursuivie de la semaine 12 à la semaine 24, sans qu’aucun des groupes ne reçoive de traitement.

Résultats de l’étude

Le contrôle de l’arrêt du vapotage a été réalisé par le biais de prélèvements de salive des participants afin d’en mesurer le taux de cotinine, produit de dégradation de la nicotine.

Au total, 113 participants sur les 140 ont complété l’étude et se sont rendus à toutes les visites médicales. 57 faisaient partie du groupe ayant reçu de la varénicline et 56 le placebo. 

Pourcentage arrêt cigarette électronique varénicline Champix

En bleu, les participants ayant reçu du Champix, en rouge, ceux ayant reçu le placebo.

Comme le montre le tableau ci-dessus, la varénicline s’est montrée plus efficace pour arrêter de vapoter que le placebo. 

L’écart entre les deux groupes a été particulièrement marqué lors de la semaine 4 puisque 41,4 % des sujets du groupe ayant reçu du Champix avaient ponctuellement arrêté de vapoter à ce moment-là, contre 22,9 % dans le groupe du placebo. 

En revanche, les taux de rechute (c’est-à-dire la reprise du vapotage) ont augmenté avec le temps dans le groupe ayant été traité à la varénicline. Lors de la semaine 12, tous groupes confondus, 29,2 % des participants avaient recommencé à vapoter. Lors de la semaine 24, ils étaient 35,8 %. De la semaine 12 (qui est celle de l’arrêt du traitement) à la semaine 24, l’augmentation du taux de rechute a été plus marquée chez le groupe ayant reçu du Champix (+ 17,2 % contre + 9,9 % pour le groupe placebo).

Malgré tout, comme l’indiquent les chercheurs dans leurs conclusions, « la varénicline était systématiquement supérieure au placebo ». En fait, le médicament a « plus que doublé les chances d’arrêter de vapoter par rapport au placebo »

Source : Riccardo Polosa

Champix pourrait donc bien représenter une solution intéressante pour les vapoteurs désireux d’arrêter d’utiliser une cigarette électronique. Tout comme les sachets de nicotine récemment arrivés sur le marché, mais pour combien de temps ?

Bien qu’il soit indiqué que « les bailleurs de fonds n’ont joué aucun rôle dans la conception et la conduite de l’étude; la collecte, la gestion, l’analyse et l’interprétation des données; la préparation, la révision ou l’approbation du manuscrit; et la décision de soumettre le manuscrit pour publication », il convient de souligner le fait que cette recherche a été financée par Pfizer, laboratoire qui commercialise Champix. L’un des chercheurs ayant participé à cette étude, Riccardo Polosa, a également reçu des financements de la part de Pfizer, à une période qui n’est pas indiquée.


1Caponnetto, P., Campagna, D., Ahluwalia, J.S. et al. Varenicline and counseling for vaping cessation: a double-blind, randomized, parallel-group, placebo-controlled trial. BMC Med 21, 220 (2023). https://doi.org/10.1186/s12916-023-02919-2

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