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La méthode du retrait contre la reproduction des études

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Il y a quelques mois, une étude avait faut grand bruit : la vape doublerait le risque de crise cardiaque. Nous avions à l’époque critiqué sa méthodologie et son biais le plus évident. La communauté scientifique vient de publier également ses résultats, et ils sont sans appel : une demande de rétractation est en cours.

Stanton la main dans le sac

Ainsi donc il s’avère que l’étude de Stanton Glantz sur la vape qui augmenterait fortement le risque de crise cardiaque serait, non pas erronée, mais purement et simplement une imposture.

Nous n’allons pas épilogue là dessus, déjà parce que, à l’époque, nous avions fait un article pour dénoncer la méthodologie de cette étude. Et le lièvre soulevé par les professeurs Brad Rodu et Nantaporn Plurphanswat, de l’Université de Louisville, corrobore ce que nous affirmions déjà à l’époque.

Et l’excellent Philippe Poirson a déjà fait, sur Vapolitique, un article qui relate les détails de l’affaire, et que je vous invite à aller lire, il sera en sources à la fin de celui-ci.

Mais ce qui est intéressant, c’est que les scientifiques ne critiquent pas l’étude, ils ne la remettent pas simplement en cause, ils demandent son retrait. Et c’est le point capital. Parce que, souvent, une demande de retrait d’une étude est adossée à une accusation de fraude.

Se retirer oui, mais au bon moment

Dans le milieu de la publication scientifique, publier une étude ne se fait pas simplement, du moins, si l’on veut que celle-ci ait un impact suffisant. Théoriquement, dans une bonne revue, une étude est publiée si elle répond à des standards scientifiques précis.

L’objet de la publication d’une étude est double : affirmer et revendiquer une découverte, ainsi que donner tous les éléments à la communauté scientifique qui permettent de reproduire l’expérience pour constater ou non les même résultats. Au delà d’une différence de résultats lors de la reproduction de cette étude par les pairs, elle pourra être jugée “peu concluante”, par exemple.

Mais retirer une étude… C’est une autre paire de manches. Cela revient à dire “Soit l’auteur de cette étude est incompétent, soit il est malhonnête, mais dans tous les cas, il raconte n’importe quoi”. Et le terme adéquat est “fraude scientifique”

Une étude, et plus généralement une publication scientifique, peut avoir une portée considérable. Pour se rendre compte à tel point, songez que le premier pas de l’homme sur la lune, les satellites, le téléphone portable, et on en oublie des milliers, découlent tous de la publication du premier d’une série de quatre articles dans la revue Annalen der Physik en 1905. L’article était intitulé “Théorie de la relativité restreinte” et était signé d’un inconnu à l’époque, un certain Albert Einstein.

Plus sinistrement, et à l’inverse, une mauvaise étude peut avoir des conséquences désastreuses et perdurer. Comme celle, totalement truquée, d’Andrew Wakefield. Bien qu’elle ait été retirée et que Wakefield ait été radié de l’ordre des médecins, elle a été à l’origine des mouvements antivaccins qui perdurent encore aujourd’hui.

La publication d’un article ou d’une étude peut être le moment le plus important de la carrière d’un scientifique. Certains ont obtenu le prix Nobel pour ça. En revanche, la demande de retrait d’une étude peut devenir son pire cauchemar : toute sa crédibilité est perdue.

Humiliation faciale

Alors, la question, évidente, qui se pose, c’est : que fait encore là Stanton Glantz ?

L’individu n’a été lavé d’accusations de harcèlement sexuel et de racisme qui pesaient contre lui qu’au prix d’une transaction financière (payée par son université) et voilà qu’il se retrouve pris en flagrant délit de pseudo-science.

La question est rhétorique, bien entendu : des groupes puissants financent Glantz à hauteur de plusieurs millions de dollars par an, et, à travers lui, son université. Mais, lorsque l’étude sera retirée si elle l’est (et on ne voit vraiment pas comment il peut en être autrement), lors de la publication par telle où telle agence de presse des résultats de ses “travaux” ultérieurs, il sera alors possible d’écrire “… qui a publié l’étude du fraudeur avéré Stanton Glantz…” sans risque de procès.

Et ça, ça va faire mal. Enfin, c’est tout de même assez ironique, pour un harceleur sexuel avéré, de se faire avoir par la méthode du retrait…

Pour aller plus loin : 

Notre article sur l’étude de Glantz

L’article de Philippe Poirson sur Stanton Glantz 

Un article sur Andrew Wakefield et les fake news scientifiques