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La cigarette au Vatican : vade retro, Satana ! Une décision plus importante qu’elle n’en a l’air

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A partir de 2018, il ne sera plus possible d’acheter son paquet de cigarettes dans le plus petit état du monde, le Vatican. En effet, le Pape François vient d’y interdire la vente de tabac. Une révolution, peut être pas, mais un message, de la part du premier Pape jésuite de l’histoire, qui a son importance.

 

Ad maiorem Dei gloriam
(Pour la plus grande gloire de Dieu)
Devise des Jésuites

Le tabac à l’Annona, c’est fini

Le pape François a décidé d’interdire la vente de cigarettes dans l’enceinte du Vatican.

Jorge Mario Bergoglio, élu évêque de Rome et devenant donc, de fait, Pape de l’Église Catholique Romaine sous le nom de François, refuse qu’on vende des cigarettes au Vatican. Cette mesure sera effective à partir de 2018. Jusqu’ici, elles étaient vendues à l’Annona, et rapportaient 10 millions d’euros chaque année à la Cité-état.

Il y a peu de chances que vous ayez un jour fait vos courses à l’Annona. Cette ancienne gare ferroviaire, située dans l’enceinte du Vatican, qui n’a jamais vu passer un train, a été transformée en supermarché, le seul de la Cité Vaticane, qui compte également un magasin d’alimentation et trois postes, en plus de la boutique du musée. Produits de consommation courante ou de luxe, totalement détaxés, et surtout tabac, cigarettes, cigares, tabac à rouler et à pipe, accessoire de fumeurs… Y sont proposés à un tarif défiant la concurrence du plus détaxé des duty free. Plus pour longtemps, donc, le sursit courant jusqu’à la nouvelle année.

Ainsi,  les évêques étaient autorisés à acheter 500 paquets de cigarettes par mois.

Pour y faire ses emplettes, il faut être en possession d’une carte, donnée seulement aux membres du clergé, aux employés et retraités laïcs du Vatican, et aux ambassadeurs détachés par les Etats au Saint Siège. Mais de nombreuses familles romaines ayant un proche travaillant de près ou de loin au Vatican, les achats pour tiers y sont fréquents. Ainsi,  les évêques étaient autorisés à acheter 500 paquets de cigarettes par mois, ce qui est beaucoup pour une consommation personnelle, même aidé d’un miracle.

 

La fin de la récréation

Cette mesure, somme tout semblant anodine, est en fait tout à fait logique et d’une portée plus considérable qu’elle n’en a l’air.

Le Pape François a subi à 20 ans l’ablation d’un poumon. 

Le Pape François n’a plus qu’un poumon, ce qui lui a évité, pour raisons médicales, la tentation de devenir fumeur. Ce qui n’était pas le cas de tous ses prédécesseurs. Même si le Vatican est toujours resté discret sur le sujet, bon nombre d’occupants du Trône de Saint-Pierre, jusque très récemment, étaient fumeurs, bien qu’on n’aie jamais vu, pour des raisons d’images, un Pape s’en griller une petite à la pause café.

Le Saint Siège et le tabac partagent d’ailleurs une histoire qui remonte au 16ème siècle, lorsque le cardinal Prospero Santacroce avait rencontré le français Jean Nicot, qui l’avait initié au plaisir de la « nicotiane ». Le cardinal avait rapporté l’herbe dans la Cité Sainte, où elle fut cultivée par les moines Cisterciens. Le succès fut tel que le Pape Urbain VIII dut rédiger une Bulle pour interdire de chiquer ou priser pendant la messe.

Les jésuites en action

Le Pape François est le premier souverain pontife appartenant à la Compagnie de Jésus. Les Jésuites, comme ils sont appelés, sont un ordre à part dans l’église catholique romaine, qui prête un quatrième serment en plus des classiques « Chasteté, pauvreté et obéissance », qui est le vœu d’obéissance spéciale au Pape en ce qui concerne les missions. C’est, en quelques sortes, la Légion Etrangère de l’église.

Les jésuites sont la congrégation religieuse la plus proche des réalités sociales.

Ainsi, les jésuites se sont particulièrement investis dans les thèmes de la justice sociale et de l’éducation. Ils sont la tête de pont de l’évangélisation et, également, les intellectuels de l’église, très sensibles à la portée symbolique de leurs actes. Ils sont, par ailleurs, la congrégation religieuse la plus séculaire, c’est à dire la plus proche des réalités quotidiennes des sociétés dans lesquelles ils sont établis.

Cette mesure d’interdiction de vendre des cigarettes au Vatican n’est donc pas anecdotique.

Cette mesure, portée par un jésuite, a une haute valeur symbolique : cela indique clairement que la cigarette n’est plus en odeur de sainteté au Vatican.

En 2002, interdiction avait été faite de fumer dans les lieux publics et de travail du Vatican.

Jusqu’à présent, la cigarette n’était pas condamnée par l’église, mais déconseillée par le catéchisme, à travers les injonctions à prendre soin raisonnablement de son corps. En 2002, interdiction avait été faite de fumer dans les lieux publics et de travail du Vatican.

Cette interdiction, justifiée par le fait de « Ne pas contribuer à une activité qui nuit clairement à la santé des gens », même si elle semble anecdotique, marque donc l’entrée, lente mais bien réelle, de l’Église Catholique dans la guerre contre la cigarette. Avec 1 milliard 200 millions de pratiquants dans le monde sous l’obédience vaticane, c’est un prompt renfort pour la lutte anti-tabac.

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