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France : ce que dit vraiment le PNLT sur la cigarette électronique

Mis à jour le 11/12/2023 à 16h16
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Le prochain Programme de lutte national contre le tabagisme a été rendu public. Décryptage des mesures concernant le vapotage.

Trois articles sur la vape

Programme national de lutte contre le tabagisme cigarette électronique

Le PNLT semble ignorer les différences qui existent entre vapotage et tabagisme.

Hier, mardi 28 novembre, Aurélien Rousseau, ministre de la Santé et de la Prévention a donné une conférence de presse durant laquelle il a expliqué certaines des mesures phares du prochain Programme national de lutte contre le tabagisme (PNLT) en France. Peu de temps après, le document officiel (au format PDF) était transmis aux médias et accessible au grand public. Nous l’avons consulté afin de déchiffrer les différentes mesures ciblant la cigarette électronique et les sachets de nicotine. Au total, 26 mesures sont proposées par le gouvernement pour « rapprocher la France de sa première génération sans tabac », dont trois concernent directement le vaping.

Action n°3 : protéger les plus jeunes en assurant le respect de l’interdiction de vente des produits du tabac et du vapotage

Comme l’indique le PNLT, une enquête de 2021 a montré que 64 % des buralistes acceptent de vendre du tabac aux mineurs. Pour lutter contre ce fait, le gouvernement propose de renforcer les contrôles et l’application des sanctions à l’encontre des débitants de tabac et des vendeurs de produits du vapotage.

Si cette mesure est incontestablement nécessaire, il semble important de rappeler qu’une enquête réalisée par l’association UFC-Que Choisir, mi 2023, a démontré que seuls les buralistes enfreignaient la loi interdisant la vente aux mineurs. Lors de ce test, aucune des boutiques de vape visitée n’a accepté de laisser repartir un mineur avec un produit lui étant normalement interdit.

PNLT cigarette électronique

Action n°4 : diminuer l’attractivité des produits du tabac et du vapotage

Cette action s’articule principalement autour du paquet neutre. Le gouvernement souhaite étendre son application à tous les produits du tabac, sans exception. Actuellement, seuls les cigarettes et les paquets de tabac à rouler sont concernés. Le PNLT explique également que les évolutions des pratiques commerciales concernant les produits de la vape doivent aussi être prises en compte. Le gouvernement parle ainsi de l’effet « incitatif des emballages », de l’apparition des dispositifs jetables de type de puffs, mais également du « développement des produits sans nicotine et des pratiques comme le do it yourself (DIY) ».

Le document met aussi en lumière la prévalence du vapotage des jeunes qui aurait triplé entre 2017 et 2022, passant de 1,9 % à 6,2 %, dont plus de la moitié fumerait quotidiennement en même temps.

Si la double-utilisation, c’est-à-dire le fait de vapoter et fumer en même temps, ne représente quasiment aucun bénéfice pour la santé, le PNLT semble oublier qu’en parallèle de l’augmentation du nombre de mineurs qui vapotent, une forte baisse du tabagisme a été observée au sein de cette population. En début d’année, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiait un rapport indiquant que le taux de prévalence tabagique chez les jeunes n’avait eu de cesse de diminuer depuis l’année 2017, passant de 25,1 % à 15,6 %. Une diminution de près de 40 % qui s’est amorcée au même moment que l’adoption de la cigarette électronique par le grand public, et alors que les programmes de lutte contre le tabagisme n’ont pas été réellement modifiés entre temps.

S’il est impossible d’incomber cette baisse du tabagisme des jeunes uniquement au vapotage, sa participation à cette diminution ne fait aucun doute. Ainsi, les mesures notées dans le Programme national de lutte contre le tabagisme, qui indiquent la volonté du gouvernement de « généraliser le paquet neutre à tous les produits du tabac et du vapotage », et « engager un travail, incluant les parties prenantes pour limiter les arômes autorisés dans les produits du vapotage remplissables (liquides) ou rechargeables (cartouches), attractifs auprès des jeunes », réduiront forcément l’attrait du vapotage pour les jeunes, et donc les possibilités qu’il offre en tant qu’outil de sevrage tabagique.

Programme national de lutte contre le tabagisme vapotage

Action n°26 : renforcer la surveillance sur les produits du tabac et du vapotage

Enfin, le gouvernement propose d’étendre « à tous les produits du vapotage les obligations des produits avec nicotine et la surveillance réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) aux produits du vapotage sans nicotine et aux appareils électroniques ».

Une mesure compréhensible, mais qui représentera un certain coût pour les liquidiers français.

Il souhaite également démarrer l’élaboration d’une « feuille de route cohérente sur la réglementation applicable à l’ensemble des produits nicotinés, comme les sachets de nicotine ».

Si les sachets de nicotine, qui ne contiennent absolument pas de tabac, sont relativement nouveaux sur le marché français et n’ont encore été que peu étudiés scientifiquement, de nombreuses recherches existent déjà sur les produits oraux contenant de la nicotine, comme le snus par exemple, qui lui, en revanche, contient du tabac. Comme la cigarette électronique, ces produits ne sont pas totalement inoffensifs pour la santé mais représentent un moyen de réduire les risques inhérents au tabagisme lorsqu’ils le remplacent. L’offre médicamenteuse déjà disponible sur le marché utilise par ailleurs le même procédé, comme les fameux chewing-gum à la nicotine ou les pastilles à sucer.

Une feuille de route commune à « l’ensemble des produits nicotinés » semble ainsi très difficile à mettre en place, tous les produits ayant des modes de consommation et des effets sur la santé très différents les uns des autres, les rendant impossibles à rassembler sous une seule et même bannière.

De plus, si les sachets de nicotine diffèrent du snus par le fait qu’ils ne contiennent pas de tabac, il est difficile de ne pas penser au succès historique de la Suède dans sa lutte contre le tabagisme. D’ici peu, le pays devrait être le premier d’Europe à atteindre un taux de prévalence tabagique inférieur à 5 %, en grande partie grâce à l’efficacité du snus pour remplacer le tabac fumé. Les sachets de nicotine pourraient-ils produire un effet similaire dans d’autres pays n’ayant pas accès à la poudre de tabac ? Une question à laquelle nous pourrions ne jamais avoir de réponse si leur accès est complexifié par de nouvelles mesure législatives.

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