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Vapoter pour arrêter de fumer : résultats d’une vaste étude suisse

Mis à jour le 11/03/2024 à 17h18
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Ses auteurs indiquent que l’utilisation d’une cigarette électronique a été 1,77 fois plus efficace pour arrêter de fumer.

Ses résultats confirment ceux de précédentes recherches concernant l’efficacité du vapotage pour arrêter de fumer.

Nouvel essai contrôlé randomisé

Il y a quelques jours, les résultats d’une vaste étude suisse1 ont été publiés. Son objectif était d’analyser l’efficacité, l’innocuité et la toxicologie des cigarettes électroniques en tant qu’outil de sevrage tabagique, par rapport aux soins standards seuls dans le cadre d’un arrêt tabagique à six mois. La recherche a été menée sur cinq sites à travers la Suisse, de juillet 2018 à juin 2021. Au total, 1 246 participants ont été recrutés. Pour être éligibles, ces derniers devaient être majeurs, avoir fumé au moins cinq cigarettes par jour pendant un minimum d’un an, avoir la volonté d’arrêter de fumer dans les trois mois à venir, et ne pas avoir vapoté ou utilisé de substituts nicotiniques au cours du trimestre précédent. Tous devaient également fixer une date à laquelle ils arrêteraient de fumer.

Méthodologie et matériels utilisés

Les participants à l’étude ont été séparés en deux groupes.

Le premier, composé de 624 participants, s’est vu fournir gratuitement une cigarette électronique de type starter kit en deux exemplaires (Innokin Endura T20S), cinq résistances de 0,8 Ohm (prévues pour une utilisation de 16 à 18 W), ainsi que six mois d’e-liquides du fabricant Alfaliquid. Ces derniers ont été choisis par les participants après avoir pu goûter les six saveurs proposées (deux classics, un mentholé et trois fruités). Ils ont également été laissés libres de choisir leur taux de nicotine après avoir essayé les différents niveaux proposés (19,6 mg/ml, 11 mg/ml, 6 mg/ml, et 0 mg/ml). Le fonctionnement de leur vapoteuse leur a également été expliqué (remplissage, changement de la résistance toutes les deux semaines, et rechargement).

L’abstinence continue de fumer à 6 mois a été validée biochimiquement chez 28,9 % (180 sur 622) des participants du groupe d’intervention et chez 16,3 % (102 sur 624) dans le groupe témoin.Extrait de l'étude

Le second groupe, servant de témoin, était quant à lui composé de 622 participants. Des infirmières leur ont dispensé des conseils sur l’abandon du tabac qui comprenaient une thérapie cognitivo-comportementale, des entretiens motivationnels et une prise de décision partagée pour l’utilisation de médicaments qui favorisent le sevrage tabagique, y compris des thérapies de remplacement de la nicotine et des médicaments destinés à arrêter de fumer.

Au cours de la période étudiée, tous les participants ont été appelés cinq fois, avant d’être à nouveau rencontrés six mois après la date qu’ils avaient fixés pour leur arrêt du tabac.

Plus d’arrêt tabagique chez les vapoteurs

Tableau regroupant les résultats de l’étude. La première ligne indique le nombre de participants dont l’arrêt tabagique a été biochimiquement validé. La première colonne concerne le groupe témoin, la seconde, le groupe des vapoteurs.

Pour vérifier l’abstinence tabagique, les auteurs de l’étude ont mesuré le taux d’anabasine dans les urines. Celui-ci devait être inférieur à 3 ng par millilitre. Si ces données n’étaient pas disponibles, ils se sont intéressés au taux de monoxyde de carbone expiré, qui devait alors être de 9 ppm ou moins.

Après six mois, l’abstinence tabagique a été biochimiquement validée chez 28,9 % des participants du groupe ayant reçu une cigarette électronique et chez 16,3 % du groupe témoin. Le vapotage aurait donc été 1,77 fois plus efficace pour arrêter de fumer que les dispositions mises en œuvre pour le groupe témoin.

Les systèmes électroniques d’administration de nicotine et les conseils standard peuvent être une option viable pour les fumeurs de tabac qui veulent s’abstenir de fumer sans nécessairement s’abstenir de nicotine.Extrait de l'étude

Les symptômes respiratoires étaient également moins marqués chez le groupe de vapoteurs. Alors qu’ils étaient 41 % à déclarer ne pas tousser, ils n’étaient que 34 % à l’affirmer dans le groupe témoin. Les utilisateurs d’un vaporisateur personnel étaient 62 % à ne signaler aucun flegme, tandis qu’ils étaient 51 % dans le groupe témoin. Les autres critères étudiés (oppression thoracique, se sentir essoufflé, se sentir limité dans ses activités à domicile, quitter la maison en toute confiance, avoir beaucoup d’énergie et dormir profondément) enregistraient tous des chiffres sensiblement similaires.

« L’ajout de cigarettes électroniques au counseling standard a entraîné une plus grande abstinence de tabac chez les fumeurs que le conseil standard seul », concluent les chercheurs.

Des conclusions qui confirment celles des méta-analyses Cochrane2, 3 affirmant que l’e-cigarette est actuellement l’outil de sevrage tabagique le plus efficace du marché.

Les limites de l’étude

Comme toute étude scientifique, celle-ci possède certaines limites. D’abord, les participants étaient au courant de leur affectation de groupe, pouvant ainsi créer une déception pour ceux du groupe témoin. Bien qu’un bon monétaire leur ait été fourni, les chercheurs n’ont pas étudié son influence.

Ensuite, le groupe témoin ne s’est pas vu fournir gratuitement de substituts nicotiniques. Même si le bon monétaire pouvait servir à ça, l’objectif des chercheurs n’était pas d’opposer l’efficacité de la vape avec celle des médicaments, mais simplement de la comparer avec les conseils de sevrage tabagique standards (qui comprend généralement des recommandations d’utiliser un substitut nicotinique).

Des e-liquides ont été fournis pendant six mois uniquement. De ce fait, les chercheurs ne peuvent pas prédire si l’abstinence tabagique se maintiendra plus longtemps pour le groupe des vapoteurs. Ils font toutefois part de leur volonté de continuer de suivre ce groupe par le biais de visites supplémentaires qui se dérouleront à 12, 24, et 60 mois.

Enfin, lorsqu’il manquait des données pour vérifier biochimiquement l’abstinence tabagique, les auteurs de l’étude ont classé les participants comme n’étant pas abstinents.


1 Auer R, Schoeni A, Humair J-P, et al. Electronic nicotine-delivery systems for smoking cessation. N Engl J Med 2024;390:601-610. DOI: 10.1056/NEJMoa2308815

2 Lindson N, Theodoulou A, Ordóñez-Mena JM, Fanshawe TR, Sutton AJ, Livingstone-Banks J, Hajizadeh A, Zhu S, Aveyard P, Freeman SC, Agrawal S, Hartmann-Boyce J. Pharmacological and electronic cigarette interventions for smoking cessation in adults: component network meta‐analyses. Cochrane Database of Systematic Reviews 2023, Issue 9. Art. No.: CD015226. DOI: 10.1002/14651858.CD015226.pub2.

3 Hartmann-Boyce J, McRobbie H, Lindson N, Bullen C, Begh R, Theodoulou A, Notley C, Rigotti NA, Turner T, Butler AR, Hajek P. Electronic cigarettes for smoking cessation. Cochrane Database of Systematic Reviews 2020, Issue 10. Art. No.: CD010216. DOI: 10.1002/14651858.CD010216.pub4.

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