Une américaine atteinte d’un cancer vient d’être indemnisée à hauteur de 37 millions de dollars. Elle accusait Philip Morris d’avoir menti lors de ses spots publicitaires pour Marlboro, dans les années 90′.
PMI mis en échec après 8 ans de procès
Nous dirige-t-on, aux États-Unis, vers une vague de procès contre l’industrie du tabac ? C’est en tout cas le souhait de Richard Daynard, directeur du Public Health Advocacy Institute (PHAI) de la Northeastern University. Fondée en 1979, le PHAI est une association à but non lucratif dont la spécialité est de défendre les intérêts des consommateurs américains contre toutes les industries « qui maximisent leurs profits grâce à des politiques d’entreprise qui contribuent au cancer, à l’obésité et à d’autres maladies chroniques évitables ». La majeure partie de ses attaques cible les industries du tabac et agroalimentaires.
Il y a quelques jours, l’institut a remporté une nouvelle victoire. Dans le cadre de cette affaire, il accompagnait Patricia Walsh Greene, une Américaine qui, en 2015, avait porté plainte contre le cigarettier Philip Morris International (PMI), l’accusant d’être responsable du cancer du poumon qui lui avait été diagnostiqué deux ans auparavant. Un cancer qui, en 2018, s’était aussi propagé à son cerveau.
Plus précisément, la plaintive attaquait PMI pour « publicité mensongère » et « désinformation intentionnelle ». Selon elle, les publicités du fabricant pour ses cigarettes Marlboro Lights l’auraient poussée à reprendre le tabac après neuf mois d’abstinence au cours de l’année 1995. Elle explique que les spots commerciaux du cigarettier lui auraient fait croire que ses cigarettes dites lights, contenaient « moins de mauvaises choses » pour la santé. À cette époque, les publicités mettaient en avant le fait que cette version « allégée » du produit phare du cigarettier était composée de moins de goudron et de moins de nicotine que les Marlboro classiques.
Et le jury de la Cour suprême de l’État du Massachusetts lui a donné raison. Dans son verdict (au format PDF), le tribunal a noté que Philip Morris était coupable de ne pas avoir divulgué ses propres recherches démontrant que ses produits étaient dommageables pour l’ADN humain, des dommages pouvant conduire au cancer.
De son côté, PMI ne se défendait pas en contestant la nocivité des cigarettes, mais avait axé sa défense sur le fait qu’il n’existait aucune preuve démontrant que la plaignante avait bel et bien recommencé à fumer à cause de ses publicités.
Mais comme l’explique le docteur Kenneth Cummings, témoin dans cette affaire, la campagne publicitaire ciblée par la plainte « a duré toute l’enfance de Greene et toute la période où elle a fumé ».
Ce verdict vient clore une affaire qui avait démarré lors de la plainte déposée par Patricia Walsh Greene en 2015. L’affaire avait déjà été jugée à deux reprises avant de se retrouver aujourd’hui discutée par la Cour suprême. La plaintive a remporté une indemnité de 37 millions de dollars, soit la somme réclamée à l’origine, accompagnée de 12 % d’intérêts accumulés depuis huit ans.
Pour Richard Daynard, cette affaire devrait inciter plus de consommateurs à intenter des poursuites contre les compagnies de tabac qui vendent, ou ont vendu, des cigarettes dans l’État du Massachusetts. « Plus l’industrie du tabac devra payer ces verdicts, plus elle veillera à ne pas déformer son produit », a-t-il déclaré, avant d’ajouter que toutes les personnes qui ont commencé à fumer avant l’année 2000 et l’arrêt des spots publicitaires peuvent avoir « un très bon dossier ».
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