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Une société pharmaceutique achetée par PMI interdite de séjour dans un salon scientifique

Mis à jour le 12/05/2022 à 23h18
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Un fabricant d’inhalateurs pour asthmatiques a été exclu d’une conférence pharmaceutique. Surprenant ? Pas tellement lorsqu’on apprend que ce fabricant, Vectura, est depuis peu la propriété du cigarettier Philip Morris International (PMI).

Jeudi à bout de souffle

C’est une fin de semaine turbulente à laquelle a été exposée la société Vectura. Le fabricant d’inhalateurs pour asthmatiques a en effet été balayé par le souffle de deux nouvelles consécutives.

La première, que Philip Morris, qui a lancé une offre d’achat, est devenu propriétaire de 75 % des actions de la société. La seconde, c’est que cette entreprise pharmaceutique, pour cette raison, n’est plus la bienvenue dans les congrès scientifiques.

Vectura devait en effet participer à la conférence intitulée Formulation and Delivery UK, dont elle était également sponsor. Mais, suite aux plaintes de nombreux universitaires, qui ont menacé de boycotter l’événement, les organisateurs ont pris une décision radicale : rompre le contrat de partenariat et interdire l’accès en tant qu’exposant, et ce, à une semaine du début.

Des courriels consultés par le journal britannique The Guardian montrent qu’un groupe d’éminents cliniciens invités à l’événement s’est opposé à la participation de Vectura en raison de ses liens avec PMI, qui affirme viser un “avenir sans tabac” mais tire toujours 75 % de ses revenus de la vente de cigarettes.

Peter Barnes, professeur de médecine thoracique au National Heart and Lung Institute, a coordonné une lettre de plusieurs universitaires adressée à l’organisateur de l’événement, Oxford Global, décrivant le rachat comme une « nouvelle extrêmement malvenue ».
« À moins que le parrainage et l’invitation à la participation de Vectura ne soient retirés, nous ne serons plus en mesure de participer à la conférence de la semaine prochaine et devrons nous retirer du programme », a-t-il déclaré.

Oxford Global a confirmé officiellement que Vectura ne serait plus « ni participant, ni parrain » de l’événement et de ses éditions suivantes.

Au-delà de la tempête

Le professeur Barnes a déclaré au Guardian qu’il s’attendait à ce que d’autres événements de l’industrie pharmaceutique suivent cet exemple, car les sociétés professionnelles de scientifiques et de cliniciens spécialisés dans les maladies respiratoires ne les autorisent pas à participer à des événements ayant des liens avec l’industrie du tabac.

L’évènement est loin d’être superficiel. De nombreux universitaires ont affirmé, avec la bénédiction de leurs universités, que bon nombre de scientifiques refuseraient désormais de travailler avec la société. C’est un véritable cordon sanitaire qui s’est dressé autour du fabricant en à peine quelques jours.

Vectura n’a pas réagi aux sollicitations des journalistes britanniques. Le fabricant de Marlboro a fait valoir que son abandon des cigarettes l’oblige à s’orienter vers des domaines tels que la médecine respiratoire, où il possède déjà une certaine expertise.

Sarah Woolnough, directrice générale d’Asthma UK et de la British Lung Foundation, a déclaré : « Il y a maintenant un risque très réel que l’accord de Vectura avec le grand tabac conduise à ce que l’industrie de la cigarette exerce une influence indue sur la politique de santé britannique. »

Cela a un nom : l’entrisme. Et ça aussi, c’est un domaine dans lequel l’industrie du tabac a une réelle expertise.