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Révision de la TPD : le comité scientifique rend son rapport sur la vape

Mis à jour le 25/07/2023 à 10h08
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A la demande de la commission européenne, le comité scientifique a rendu son rapport sur la vape. Un document dont les conclusions sont particulièrement inquiétantes.

Une méta-analyse des études sur la vape

Il n’est un secret pour personne que la Tobacco Products Directive (TPD), cadre législatif européen, entourant la vente, la fabrication, la publicité, et plus généralement, tout ce qui concerne les produits du tabac (et de la vape), devrait bientôt être révisée. Il y a quelques jours, le Scientific Committee on Health, Environmental and Emerging Risks (SCHEER) a rendu son rapport sur le sujet, qui avait été commandé par la commission européenne (CE). Un rapport qui pourrait servir de base à la future législation de la cigarette électronique dans l’Union Européenne (UE).

Pour sa rédaction, les auteurs indiquent avoir étudié toute la littérature scientifique concernant les produits du vapotage, publiée entre janvier 2015 et avril 2019, ainsi que les rapports « d’autres organisations » sur le sujet.

Les arômes

Le rapport débute en indiquant que la majorité des études à ce sujet proviennent de données américaines. Bien que les auteurs indiquent que le marché américain puisse « considérablement varier » du marché européen, ils notent qu’un transfert de la situation américaine en Europe n’est pas à exclure.

Le document stipule qu’il existe de « fortes preuves » que les arômes attirent autant les adultes que les jeunes dans le vapotage. Selon lui, ils seraient responsables d’une « impression de diminution des risques » comportés par l’utilisation d’une cigarette électronique chez les mineurs.

Les arômes seraient également la principale raison pour laquelle les jeunes souhaitent essayer le vapotage, mais également une des raisons pour laquelle les adultes utilisent un produit de la vape.

La vape pour arrêter de fumer

A ce sujet, le SCHEER note que le nombre de fumeurs en Europe, qui a essayé d’arrêter de fumer sans l’assistance d’un professionnel de santé, a augmenté au cours des dernières années, passant de 70,3 % en 2012 à 74,8 % en 2017.

Une diminution qui a été enregistrée en parallèle d’une augmentation du nombre de personnes ayant essayé de vapoter pour s’éloigner du tabagisme, passant de 3,7 % à 9,7 % au cours de la même période.

Le nombre de fumeurs ayant tenté de se sevrer du tabac à l’aide de médicaments et de service d’aide à l’arrêt du tabac a quant à lui diminué, passant respectivement de 14,6 % à 11,1 % et de 7,5 % à 5%.

Le comité note toutefois que les tentatives d’arrêt du tabac avec la cigarette électronique varient énormément d’un pays à l’autre, avec seulement 5 % des fumeurs ayant essayé en Espagne, contre 51,6 % au Royaume-Uni.

Il note également qu’il existe des preuves que vapoter aide à arrêter de fumer, mais que celles-ci sont limitées en raison du trop petit nombre d’études réalisées à ce sujet.

L’effet du vapotage sur la santé

Selon le rapport, l’effet du vapotage sur la santé est incertain, notamment en raison du manque de preuves concernant l’utilisation d’une cigarette électronique à long terme. Les auteurs notent toutefois que l’organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré que bien que vapoter « pourrait être moins nocif que fumer », les e-cigarettes sont quand même « dangereuses pour la santé ».

Concernant les empoisonnements à la nicotine dus à l’inhalation d’e-liquide, en particulier chez les jeunes enfants, et les risques d’explosion de cigarettes électroniques, le comité note que les risques sont grands, mais qu’ils ne se produisent que rarement.

Il note également qu’il existe des preuves grandissantes des méfaits de l’utilisation des produits de la vape sur la santé cardiovasculaire. Toutefois, les auteurs précisent que plus d’études sont nécessaires à ce sujet.

Les conclusions du comité sur les risques pour la santé :
 

  • Les risques d’irritations locales lors du vapotage sont considérés comme modérés.
  • Les risques de méfaits provoqués par des molécules toxiques telles que les aldéhydes, le formaldéhyde, l’acroléine et le diacétyle sont considérés comme préoccupants chez les gros utilisateurs, et ne peuvent être exclus chez les utilisateurs légers ou modérés.
  • Les risques d’empoisonnement par ingestion et par explosion sont forts, mais ils se produisent rarement.
  • Les risques du vapotage sur le coeur sont considérés comme forts, notamment à cause de l’effet de la nicotine sur l’organisme (augmentation de la pression sanguine et du rythme cardiaque).
  • Les risques sur le système pulmonaire sont quant à eux considérés comme faibles à modérés, notamment de par la présence de formaldéhyde et d’acétaldéhyde. Toutefois, les preuves à ce sujet concernant les Êtres humains sont trop limitées pour pouvoir en tirer de quelconques conclusions.
  • Les risques concernant la présence de métaux lourds est considérée comme faible.
  • A l’heure actuelle, il n’y a aucune donnée spécifique permettant de penser que les arômes utilisés en Europe posent un quelconque problème. Ils jouent cependant un rôle dans l’attractivité des produits du vapotage.

Ils notent aussi que, concernant les fortes doses de carbonyles relevées par certaines études, il y a fort à parier que celles-ci soient directement reliées à de mauvaises pratiques de vapotage, tels que les dry hits.

Le vapotage passif

A propos des risques engendrés par le vapotage passif, les auteurs notent que les risques sont actuellement considérés comme faibles, notamment à cause du manque de données à ce sujet. 

Ils indiquent que les risques d’irritations sont considérés comme modérés, tandis que les risques cardiovasculaires vont de faibles à modérés, tout comme les risques carcinogènes.

La vape chez les jeunes

Selon le rapport, le nombre d’adolescents qui vapotent en Europe a augmenté  au cours des dernières années, passant de 7,2 % en 2012 à 14,6 % en 2017.

Toutefois, il a également été démontré que l’utilisation d’une cigarette électronique est plus répandue chez les adolescents et jeunes adultes qui sont des fumeurs ou d’anciens fumeurs.

Le SCHEER note que pour beaucoup de jeunes, le vapotage est considéré comme « cool », tout particulièrement dans le cadre de l’utilisation d’un pod.

Les auteurs indiquent toutefois que ces données proviennent des Etats-Unis et que les produits sur le marché américain peuvent varier de ceux vendus en Europe.

Conclusions

Ce rapport est assez incompréhensible.

En effet, lors de sa lecture, les auteurs semblent faire preuve d’un certain pragmatisme et d’une relative prudence quant à leurs conclusions.

Pourtant, dans le résumé qu’ils affichent au début du document, ils ne semblent vouloir mettre en avant, que les données négatives récoltées lors de leurs recherches.

Les conclusions du rapport sur les effets de la vape sur la santé :

  • Les preuves que le vapotage conduit à une irritation locale des organes respiratoires sont modérées pour les gros vapoteurs, et ne peuvent être exclues pour les petits et moyens vapoteurs.
  • Les preuves que le vapotage est risqué à long terme pour le système cardiovasculaire sont fortes.
  • Les preuves que vapoter est dangereux pour le système pulmonaire sont faibles à modérées.
  • Les preuves des risques encourus par les vapoteurs, par rapport aux métaux lourds, sont faibles.
  • Les preuves qu’il existe des risques concernant un empoisonnement à la nicotine (lors d’une ingestion) sont fortes.
  • Les preuves qu’il existe des risques d’explosions des produits de la vape sont forts. Les deux points cités ci-dessus se produisent cependant rarement.
  • Il n’existe à l’heure actuelle aucune preuve que les arômes utilisées en Europe sont nocifs.

Concernant le vapotage passif :

  • Les risques encourus par l’entourage d’un vapoteur sont considérés comme modérés en ce qui concerne les irritations locales.
  • Ils sont considérés comme faibles à modérés au sujet des risques cardiovasculaires et pulmonaires.

Concernant la théorie de la passerelle :

  • Il existe des fortes preuves que le vapotage est une porte d’entrée vers le tabagisme.
  • Il existe de fortes preuves que la nicotine contenue dans les e-liquides est impliquée dans le développement d’une dépendance, et les arômes qu’ils contiennent jouent également un rôle dans l’attractivité de la vape.

Concernant l’aide que représente le vapotage dans l’arrêt du tabac :

  • Il existe de faibles preuves que vapoter aide à arrêter de fumer.
  • Les preuves vont de faibles à modérées concernant le fait que l’utilisation d’une cigarette électronique permet de réduire la consommation de tabac.

En bref, vapoter n’aiderait pas à arrêter de fumer, les arômes attireraient les jeunes dans le vapotage, et l’utilisation d’une cigarette électronique serait dangereuse pour la santé.

De quoi laisser présager du pire quant à la prochaine révision de la TPD. Un rapport bien différent de celui rendu au Royaume-Uni, qui s’était pourtant intéressé aux mêmes sujets.

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