Philip Morris souhaite combattre le tabagisme, saison 10, épisode 137. Ce matin, lors d’une interview, le PDG du cigarettier à indiqué vouloir « accélérer le déclin » des ventes de cigarettes dans le monde.
Tirer un trait sur un business qui rapporte près de 100 milliards chaque année ?
« Les gens peuvent changer, alors pourquoi pas les grandes entreprises ? », voilà la question que posait il y a quelques jours, Jacek Olczak, Directeur Général de Philip Morris International (PMI), lors d’une réunion organisée en son siège de Lausanne (Suisse).
Accompagnée de son nouveau hashtag #ItsTime, qui pourrait littéralement se traduire par « il est temps », l’entreprise qui se vante de fabriquer plus de 800 milliards de cigarettes chaque année, revient à la charge en faisant part une nouvelle fois de sa volonté de voir les gens arrêter de fumer.
« Les ventes de cigarettes diminuent partout dans le monde et nous allons accélérer ce déclin », déclarait ainsi ce matin, Andre Calantzopoulos, Président-directeur général de PMI, à la BBC.
Mais alors, s’il est vrai que les gens peuvent changer, une entreprise dont les revenus sont estimés à près de 80 milliards de dollars chaque année, le peut-elle réellement ?
PMI réellement décidé à arrêter de fumer ?
Ce n’est pas la première fois que le cigarettier fait part à la presse de sa volonté d’arrêter de produire des cigarettes, et d’aider les millions de fumeurs à travers le monde, à se passer du tabac.
En novembre dernier par exemple, Jeanne Pollès, Présidente de Philips Morris France, indiquait dans une interview que la politique anti-tabac de notre pays était « très bien » et même « ce qu’il y a de mieux » car elle aide certaines personnes à « arrêter la cigarette traditionnelle ».
Quelques mois plus tard, lors du World Economic Forum qui se tenait à Davos, c’était au tour de Marian Salzman, vice-présidente des communications mondiales de la société, d’appeler les gouvernements du monde à collaborer avec l’entreprise afin de résoudre « les grands problèmes de santé mondiale ».
Enfin, en avril dernier, le cigarettier revenait à la charge en annonçant sa nouvelle opération Unsmoke Your World, qui consisterait à « unir les fumeurs et les non-fumeurs qui veulent se débarrasser de la cigarette pour eux-mêmes, leur famille, leurs amis ».
Et aujourd’hui…
La semaine dernière, à Lausanne, l’entreprise a cette fois-ci annoncé vouloir aider 1 milliard de fumeurs à se sevrer du tabac, et, s’ils ne le peuvent pas, à se diriger vers des produits « moins nocifs », comme ceux qu’ils proposent sur le marché (IQOS).
« La science et l’innovation technologique ont entraîné des changements positifs dans le passé, regardez les ceintures de sécurité et la réfrigération, avant ces deux inventions, des gens mouraient de maladie ou d’un accident de voiture », clamait ainsi le COO du cigarettier. Juste avant d’expliquer qu’aujourd’hui, puisque l’utilisation de ces outils est une seconde nature pour nous, « pourquoi ne pas appliquer la même théorie à la combustion des produits du tabac ? ».
Une bien belle introduction pour sa sérénade à suivre, durant laquelle il faisait part de la volonté du cigarettier de « remplacer toutes les cigarettes combustibles par des alternatives moins nocives ».
PMI, grand messie des fumeurs ?
Si l’on en croit le dirigeant, PMI tirerait à l’heure actuelle, plus de la moitié de ses revenus grâce à des produits « à risques réduits ». Un succès qu’il explique par le fait que l’entreprise aurait engagé plus de 60 % de ses ressources dans leur financement (R&D).
« Nous avons littéralement 1 milliard de fumeurs en attente d’une solution alternative, et nous la leur apportons », conclut-il ainsi.
Mais alors, une même question revient encore et toujours : si les hommes peuvent changer, un géant comme Philip Morris le peut-il aussi ?
La réponse à cette question semble relativement simple.
Prenons un exemple. Si quelqu’un souhaite maigrir, faire du sport et adopter un régime alimentaire sain, peut l’aider à atteindre cet objectif. Quelques semaines peuvent même suffire afin d’observer les premiers résultats positifs de ce changement de mode de vie.
Toutefois, quelqu’un qui débute le sport, commence à manger mieux chez lui, mais continue de se nourrir de sucreries et autres viennoiseries dès qu’il met le pied dehors, n’enregistrera probablement aucun changement marquant sur sa silhouette.
Alors pour que Philip Morris change réellement, il faudrait que le cigarettier s’engage pleinement dans son nouvel objectif d’ « accélérer le déclin » des cigarettes dans le monde.
Car si le fabricant de cigarettes nous sert de beaux discours en Europe ou aux Etats-Unis, il continue d’offrir des bannières publicitaires à des revendeurs de ses produits combustibles en Indonésie, et continue de faire de la publicité autour des stades dans lesquels jouent des enfants en Afrique. Bref, il continue de se goinfrer dès lors qu’il s’éloigne un peu de son domicile.
De quoi sérieusement douter du succès de son régime annoncé.
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