Malgré la chute du tabagisme en Nouvelle-Zélande, la question du sevrage de la cigarette électronique se pose désormais avec acuité. Une étude récente, menée auprès de plus de 1 100 vapoteurs, éclaire les profils, les stratégies et les difficultés de ceux qui tentent d’arrêter la vape, et révèle des similitudes avec le sevrage tabagique classique.
- Enquête menée auprès de 1 119 vapoteurs néo-zélandais pour mieux comprendre les stratégies et les difficultés d’arrêt de la cigarette électronique ;
- Les principaux facteurs de dépendance à la vape : avoir fumé ou vapoté plus de deux ans, et utiliser des e-liquides à plus de 3 mg/mL de nicotine ;
- Motivations à l’arrêt : santé (47 %), rejet de la dépendance (39 %), coût (27 %) — des raisons universelles, indépendantes de l’âge ou du passé tabagique ;
- Stratégies les plus utilisées : arrêt brutal (cold turkey, 55 %), réduction progressive de la nicotine (23 %), soutien de l’entourage (19 %) ;
- Facteurs de rechute : stress (49 %), entourage vapoteur (41 %), symptômes de manque (37 %) ;
- Les chercheurs recommandent d’utiliser la vape comme outil de transition pour sortir du tabac, mais sur une durée limitée (3 à 12 mois), et d’adapter les dispositifs d’aide à l’arrêt du vapotage.
Arrêter la vape : qui sont les concernés ?
Il y a quelques semaines, une équipe de chercheurs néozélandais a publié les résultats de son étude Vaping cessation strategies and triggers for relapse amongst people from New Zealand who have vaped1 dans la revue Drug and Alcohol review. Cette recherche avait pour objectif d’étudier le comportement des vapoteurs face à la question de l’arrêt de l’utilisation du vaporisateur personnel. Comme l’ont souligné les auteurs, en Nouvelle-Zélande, le tabagisme quotidien a été divisé par deux entre 2016 et 2024 (passant de 15 % à 7 %), tandis que le vapotage quotidien est passé de 1 à 11 %. Problème, si les recommandations officielles conseillent de passer du tabac à la vape, elles invitent aussi à cesser l’utilisation de la cigarette électronique par la suite. Mais les données sur les méthodes efficaces pour arrêter de vapoter sont limitées.
Pour en apprendre plus sur le comportement des vapoteurs, les scientifiques ont réalisé une enquête transversale nationale, en ligne, au mois de décembre 2022. Au total, 1 119 personnes ont été interrogées. La majorité des répondants avait entre 25 et 44 ans, et plus de la moitié utilisait un pod rechargeable (56 %), les dispositifs jetables étant plus fréquemment utilisés chez les répondants qui n’avaient pas de passé tabagique. Les vapoteurs qui n’avaient jamais fumé par le passé représentaient 13 % des répondants, dont 29 % utilisaient encore une cigarette électronique au moment de l’étude.
Enfin, 60 % des répondants vapotaient depuis une période allant de deux à cinq ans.
Dépendance à la vape
À l’aide de plusieurs questions posées lors de l’enquête, les chercheurs ont tenté d’évaluer la dépendance au vapotage des participants. Après analyse de leurs réponses, ils ont indiqué que les prédicteurs statistiquement significatifs de dépendance à la vape étaient :
- Avoir fumé plus de deux ans par le passé : ce qui pourrait s’expliquer par un transfert de la dépendance, du tabagisme au vapotage ;
- Vapoter depuis plus de deux ans : peut-être en raison de l’instauration d’une routine prolongée, l’automatisation des gestes, etc. ;
- Utiliser des e-liquides contenant un taux de nicotine supérieur à 3 mg/mL : peu surprenants, ces chiffres démontrent simplement que plus le taux de nicotine est élevé, plus la dépendance semble marquée.
Soulignons d’ailleurs que les répondants qui ne connaissaient pas, ou ne se souvenaient pas, de leur taux de nicotine, avaient un score de dépendance plus faible. Peut-être le signe d’un usage plus occasionnel, ou d’une moindre implication dans la pratique.
Les anciens vapoteurs avaient également un score plus faible, ce qui confirme que la dépendance s’amenuise après l’arrêt.
Motivations pour arrêter de vapoter
Lorsqu’ils ont été interrogés pour connaître les raisons qui les poussent à vouloir arrêter de vapoter, les participants ont cité les préoccupations de santé en premier lieu (47 %), suivi du rejet de la dépendance (39 %) et enfin le coût (27 %).
Des raisons qui étaient universelles et ne dépendaient pas du profil des vapoteurs. Quel que soit l’âge, le passé tabagique ou l’ancienneté de la pratique du vapotage, ces facteurs étaient toujours cités dans cet ordre.
Stratégies pour arrêter la cigarette électronique
Si les méthodes pour arrêter de fumer sont nombreuses, et, pour la plupart, bien documentées scientifiquement, les stratégies d’arrêt du vapotage sont encore peu étudiées. Mais certains vapoteurs semblent emprunter un chemin similaire à celui des fumeurs.
Ils étaient ainsi 55 % à avoir tenté d’arrêter de vapoter sans aucune aide (arrêt franc, ou cold turkey), et 19 % à avoir essayé grâce au soutien de leur entourage.
La réduction progressive du taux de nicotine avait quant à elle été utilisée par 23 % des répondants.
77 % des répondants à l’enquête avaient déjà fait entre une et trois tentatives sérieuses d’arrêt du vapotage.
Facteurs de rechute
Les facteurs de rechute étaient assez similaires à ceux que l’on observe pour le tabagisme. 49 % des vapoteurs ayant repris la cigarette électronique ont ainsi répondu que c’est le stress qui les a poussés à recommencer.
Ils étaient 41 % à citer la présence d’autres vapoteurs, et 37 % à évoquer des symptômes de manque.
La « sensation de perte » n’était mise en avant que par les plus anciens utilisateurs, qui vapotaient depuis une durée supérieure à six ans.
Le vapotage comme outil de transition
Dans les conclusions de leur étude, les chercheurs notent des similitudes entre le sevrage tabagique et l’arrêt du vapotage.
Les vapoteurs ont souvent besoin de réaliser plusieurs tentatives d’arrêt avant d’y parvenir, et l’arrêt sans aucune aide extérieure est souvent utilisé. Ils soulignent toutefois que la diminution progressive du taux de nicotine contenu dans les e-liquides est une stratégie qui semble connue, et utilisée avec succès, par les participants.
Pour eux, le soutien à l’arrêt du vapotage devrait se concentrer sur la gestion du stress, la santé mentale, les symptômes de sevrage et l’évitement des environnements où se trouvent d’autres vapoteurs.
Citant les résultats d’une étude canadienne2, ils indiquent toutefois que les dispositifs d’aide à l’arrêt du vapotage, qui sont intégrés dans des services d’aide à l’arrêt du tabagisme, pourraient ne pas convenir à certains vapoteurs, en raison de leur rejet du tabagisme et de leur volonté de dissocier les deux produits.
Ils recommandent enfin de présenter la cigarette électronique comme un outil de sevrage tabagique, dont l’utilisation devrait être conseillée pour une durée déterminée, par exemple, de trois à douze mois.
- Tous les participants à l’enquête habitent en Nouvelle-Zélande. Les résultats pourraient donc ne pas pouvoir s’appliquer à d’autres pays ;
- L’intensité ou la fréquence du vapotage n’ont pas été utilisées. Un participant qui n’avait essayé de vapoter qu’une fois était donc classé comme « vapoteur » dans l’étude ;
- Il n’existe pas d’échantillonnage national probabiliste pour les vapoteurs en Nouvelle-Zélande. La généralisation des résultats de cette recherche pourrait donc en être affectée.
Sources et références
1 Rahimi M, Lang B, Shahab L, Brown J, Palmer A, Kemper J, et al. Vaping cessation strategies and triggers for relapse amongst people from New Zealand who have vaped. Drug Alcohol Rev. 2025; 44(5): 1394–1411. https://doi.org/10.1111/dar.14061
2 Sanchez S, Kaufman P, Pelletier H, Baskerville B, Feng P, O’Connor S, et al. Is vaping cessation like smoking cessation? A qualitative study exploring the responses of youth and young adults who vape e-cigarettes. Addict Behav. 2021; 113:106687. https://doi.org/10.1016/j.addbeh.2020.106687
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