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L’OMS fête 20 ans d’immobilisme

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Vingt ans après son entrée en vigueur, la Convention-cadre de l’OMS sur la lutte antitabac est figée dans le passé. Alors que la science et les usages ont évolué, le traité continue d’ignorer les outils de réduction des risques, comme le vapotage ou le snus. Un choix idéologique aux conséquences sanitaires bien réelles.

Un traité tourné vers le passé plutôt que vers la santé publique

En 2003, une petite révolution dans la lutte contre le tabagisme avait lieu. Cette année-là, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ouvrait à la signature, sa nouvelle arme antitabac : la Convention-cadre pour la lutte antitabac (CCLAT). Deux ans plus tard, le 27 février 2005, celle-ci entrait en vigueur, après avoir été ratifiée par 40 pays. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, la CCLAT a été signée par 183 pays dans le monde, couvrant ainsi 90 % de la population mondiale. Mais pour quel résultat ?

Contre la nicotine plutôt que le tabagisme

La Convention-cadre antitabac est un ensemble de mesures qui comprend 38 articles. Les mesures phares concernant directement la lutte contre le tabagisme s’étalent des articles 6 à 22. Ceux-ci sont articulés autour de plusieurs grands principes : 

  • Les mesures financières et fiscales visant à réduire la demande de tabac ;
  • Les mesures autres qui financières qui poursuivent le même objectif ;
  • La protection contre l’exposition à la fumée de tabac ;
  • La réglementation de la composition des produits du tabac ;
  • La réglementation des informations sur les produits du tabac ;
  • Leur conditionnement et étiquetage ; 
  • L’éducation, la communication, formation et sensibilisation du public ;
  • L’interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage pour les produits du tabac ;
  • Les mesures visant à réduire la demande de tabac, qui sont en rapport avec la dépendance et le sevrage tabagique ;
  • Les mesures en rapport avec le commerce illicite de tabac ;
  • Celles mises en place pour lutter contre la vente aux mineurs et par les mineurs ;
  • La fourniture d’appui aux activités économiques qui seraient impactées par l’arrêt ou la diminution de la vente de tabac ;
  • ou encore la mise en place de recherches et de programmes dans le domaine de la lutte antitabac.

Un bien beau programme, donc, mais qui omet d’emblée le principe de réduction des risques puisque, comme l’OMS l’indique dans l’avant-propos de sa convention, si la CCLAT est « un traité fondé sur des données factuelles, qui réaffirme le droit de tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible », c’est aussi « une stratégie visant à réglementer des substances engendrant la dépendance ». Autrement dit, la Convention-cadre pour la lutte antitabac ne s’attaque pas au tabac à proprement parler, mais bien à la nicotine.

L’aveuglement de l’OMS face à la réduction des risques

Lors de la rédaction de ce traité, il n’existait pas d’outils de réduction du risque tabagique. Le snus était, certes, déjà présent en Suède, mais à cette époque, le principe même de réduction du risque tabagique n’en était qu’à ses prémices. La cigarette électronique n’avait pas encore été inventée, pas plus que les sachets de nicotine et autres produits dont nous disposons aujourd’hui pour consommer de la nicotine d’une manière moins nocive que dans le cadre du tabagisme. 

20 ans plus tard, les choses ont bien changé. Le vaporisateur personnel est utilisé par plusieurs dizaines de millions de personnes à travers le monde, des études scientifiques ont démontré que l’utilisation du snus était moins dangereuse pour la santé que le tabagisme, et certains fumeurs ont fait le choix de continuer à consommer de la nicotine par le biais de différents produits dont il est prouvé que leur nocivité est bien moindre que celle du tabagisme

Malgré cette évolution, tant du marché nicotinique que de la mentalité des consommateurs, la CCLAT, elle, n’a pas été modifiée. Elle continue d’être un traité qui s’attaque à la nicotine, et non au tabagisme. Adoptant de fait une idéologie punitive ne faisant aucune différence entre les différents produits qui contiennent la molécule.

Cette absence d’évolution a des répercussions directes sur le principe même du traité, « fondé sur des données factuelles, qui réaffirme le droit de tous les peuples au niveau de santé le plus élevé possible ». Quoi de plus factuel que des centaines d’études ayant démontré la moindre nocivité du vapotage face au tabagisme ? Quoi de plus naturel, pour des fumeurs du monde entier, que de souhaiter remplacer leurs cigarettes par le vapotage, pour tenter d’épargner un peu leur santé ? 

Des faits que l’OMS ne semble pas prête à prendre en compte, en témoignent ses attaques régulières contre la cigarette électronique, et tous les autres outils dont un consensus scientifique existe désormais, pour dire qu’ils sont moins nocifs que le tabagisme. 

Malgré tout, certains agissent

Pendant que l’Organisation mondiale de la santé continue de lutter aveuglément contre la nicotine pour tenter, avec un succès tout relatif, de faire diminuer le nombre de fumeurs, certains pays suivent une autre voie.

En Suède, où le snus est autorisé, le taux de prévalence tabagique est passé sous la barre des 5 %, faisant du pays le premier au monde à franchir ce seuil. Au Japon, où le tabac chauffé connaît un succès grandissant, la diminution annuelle du nombre de fumeurs n’a jamais été aussi forte. Pendant que l’OMS campe sur ses positions, d’autres pays sauvent des vies.

Le principe de réduction des risques n’est pourtant pas étranger à l’OMS. Pour ralentir la propagation du VIH, l’organisation préconise l’utilisation de préservatifs et la mise en place de dépistages réguliers. Concernant les hépatites virales, elle recommande de faciliter l’accès à du matériel d’injection stérile pour en éviter la propagation chez les usagers de drogues. De simples exemples des politiques de réduction des risques mises en place par l’OMS, mais qu’elle ne semble pas vouloir appliquer au tabagisme. 

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