Alors que la plupart des sociétés d’investissement adhérent à des règles leur interdisant d’investir dans des industrie “vices” telles que l’alcool ou le tabac, la vape pourrait-elle devenir l’une des valeurs de demain ?
L’exemple Juul
Avec près de 70 % de parts de marché dans le secteur de la vape aux États-Unis, Juul fait figure de modèle pour bon nombre d’entreprises. Ayant débuté avec seulement 2 millions de dollars en 2015, trois années plus tard, l’entreprise ayant connu un développement financier plus rapide que Facebook, est aujourd’hui estimée à plus de 15 milliards, notamment grâce à de nombreux investissements en provenance de sociétés extérieures.
Mais alors, la vape pourrait-elle représenter l’une des valeurs de demain pour les investisseurs ?
La question peut en tout cas être posée puisque selon un rapport publié au mois de janvier dernier sur le site Research And Markets, le marché mondial de la vape pourrait atteindre la bagatelle de 26 milliards de dollars d’ici à 2023, de quoi intéresser bon nombre d’investisseurs.
Une explosion que le document explique notamment par le fait que “les fabricants de cigarettes électroniques investissent davantage dans la technologie afin de soutenir la concurrence et de faire en sorte que leurs produits se démarquent de leurs concurrents”, attitude qui devrait “propulser la croissance du marché”.
Bien que les prévisions concernant la valeur du marché mondial de la vape dans quelques années divergent selon les rapports, tous semblent toutefois converger vers une seule et même conclusion : le marché va continuer de croître au fil des années, et de manière exponentielle.
Et puisque Juul a d’ores et déjà pu profiter de différents investissements en provenance de sociétés de capital risque telles que Tiger Global Management, Fidelity Investments, ou encore Evolution Corporate Advisors, pourquoi ne pas penser que d’autres entreprises de vape pourraient connaître la même chance ?
Ces sociétés n’investissent pas partout
Afin de répondre à cette question, il convient de rappeler un point fondamental. Que ce soit à cause de règles fixées par les commanditaires (ou investisseurs) de ces entreprises, ou par simple tradition, les sociétés de capital risque s’interdisent d’investir dans des industries qui font appel à notre “goût pour le péché”.
Kleiner Perkins par exemple, l’une des plus anciennes sociétés américaines de capital risque, rappelle que “toutes les opportunités d’investissement sont évaluées sous l’angle de ce qui est conforme à nos valeurs (…) et nous n’avons actuellement aucun investissement dans les catégories de l’alcool, du tabac et des armes ou dans des entreprises illégales dans aucun État”.
Une ligne de conduite qu’il convient de saluer, mais qui n’est absolument pas suivie par toutes les entreprises de ce type.
Founders Fund par exemple, société d’investissement basée à San Francisco, reconnaît quant à elle ne pas avoir “de clause de vice en place” et simplement rechercher “les meilleurs entrepreneurs quel que soit leur secteur ou leur popularité auprès des autres sociétés de capital risque”.
Et la vape dans tout ça ?
Concernant le domaine de la vape, les choses sont encore plus compliquées puisque pour les sociétés d’investissement, si le secteur n’est pas clairement défini comme appartenant au domaine du “vice”, il n’est pas non plus défini qu’il n’y appartient pas.
Hemant Taneja par exemple, l’un des principaux investisseurs de General Catalyst, explique que Juul “s’est exceptionnellement bien comportée et est un phénomène de consommation à tout point de vue” mais qu’il n’est toujours pas clair “si Juul aide les consommateurs à se sortir d’une dépendance malsaine ou s’il en crée une nouvelle pour eux”, de quoi le faire “hésiter à poursuivre l’investissement”.
Alors, la vape a-t-elle vraiment le pouvoir de devenir l’une des sources d’investissement majeures de demain ?
Une question à laquelle il est encore compliqué de répondre à l’heure actuelle, le marché restant particulièrement fragile puisque dépendant des (potentielles) futures lois qui le réglementeront.