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Afrique : la désinformation n’a pas de frontières

Mis à jour le 5/08/2024 à 22h32
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Qu’il est triste ce mercredi matin, ah qu’il est triste… Pourtant, tout était si bien parti ! Le soleil brille, les oiseaux chantent, les e-liquides coulent à flots, le café également… Oui, mais voilà, le monde ne s’arrête pas au petit bout de ciel que l’on peut observer depuis notre fenêtre.

Opinion

Une désinformation mondiale, et sans limites

Comme vous le savez, ou plutôt, comme vous ne le savez probablement pas, la semaine dernière se tenait à Cape Town, en Afrique du Sud, la World Conference on Tobacco or Health. Mais alors, qu’est-ce que c’est ? De quoi ça s’agit ?

C’est plutôt simple en fait. La World Conference on Tobacco or Health est un rassemblement où se pressent scientifiques, académiciens, organisations non gouvernementales, sociétés, professionnels de la santé etc… en bref, du beau monde qui se préoccupe de votre santé. Cette année, un seul mot d’ordre : “Unite the World for a Tobacco-Free Generation” ou, dans la langue de Molière, “Unir le monde pour une génération sans tabac”. Jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici tout va bien… jusqu’ici… tout va bien… mais l’important n’est pas la chute… c’est l’atterrissage. 

Sauf que voilà, l’atterrissage s’est justement, plutôt mal passé, puisque nous apprenons dans la revue ghanéenne, Myjoyonline, que l’un des responsables de la santé du pays a déclaré lors de la conférence : “Nous travaillons avec le ministère de la Santé pour interdire l’utilisation de la cigarette électronique, et du narguilé. Ces produits sont plus dangereux que la cigarette, et en ce qui concerne la santé publique, l’interdiction est la seule issue possible au Ghana. Je peux vous assurer qu’au milieu de l’année, cette interdiction entrera en vigueur.” 

Pourquoi vous faites ça… ? C’est pas très bien d’être méchant… 

Si Gad demande ça en rigolant, il convient tout de même de nous poser la question de manière sérieuse. Pourquoi interdire l’utilisation de la cigarette électronique dans le pays ? Surtout après les dizaines, que dis-je, les centaines d’études, qui tendent toutes à prouver que son utilisation est jusqu’à 95 % moins nocive que la consommation de tabac

Divine Darlington Logo, directeur de recherche au Service de santé du Ghana déclare : “la première fois que nous avons fait une étude pour couvrir la cigarette électronique et le narguilé, nous avons été surpris d’apprendre que les jeunes s’éloignaient du tabac traditionnel grâce à ça”. Alors pourquoi ?

Une partie de la réponse vient du groupe Vital Strategies, groupe appartenant à Michael Bloomberg, “célèbre” milliardaire américain qui dépense des sommes astronomiques dans les pays en développement afin de diriger leurs lois de façon à lutter contre le tabac, mais également contre les produits du vapotage. Selon le groupe, une étude réalisée par leur soin (étude naturellement non publiée) démontrerait que près de 10 % des jeunes de 13 à 15 ans utiliseraient des cigarettes électroniques. Des chiffres qui paraissent bien trop hauts pour un pays où le taux de tabagisme est relativement faible. Preuve en est, en 2014, le Ghana enregistrait un nombre de cigarettes par adulte de plus de 15 ans, qui s’élevait à seulement 121. A titre de comparaison, à la même époque, en France, nous étions à 993. Alors oui, le Ghana ne compte “que” 29 millions d’habitants, mais quand même. 

Entre cette étude non publiée, et les diverses imbécillités régulièrement prononcées par l’OMS et l’Union internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, organisations internationales luttant au quotidien contre la cigarette électronique, il devient immédiatement plus simple de comprendre la décision du Ghana. 

La fin de la cigarette électronique sur le continent africain ? 

Si les lois concernant le vapotage sont généralement assez permissives en Afrique, nous pouvons d’ores et déjà commencer à nous poser la question quant à la potentielle continuité de cet état de fait. 

Entre la stupidité des dires de certaines organisations internationales, et la présence de grands groupes commerciaux tels que Vital Strategies, qui influencent les gouvernements à grands coups de millions de dollars, ne va-t-on pas rapidement voir l’Afrique, continent en perpétuel développement, céder sous la pression financière, et ainsi continuer de durcir sa législation concernant la cigarette électronique, quitte à mettre de côté les réels enjeux de santé publique dans lesquels elle est impliquée ? Advienne que pourra, mais espérons que non. 

Cet article d’opinion n’engage que le point de vue de son auteur et ne représente pas forcément l’avis de la rédaction.

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