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Vapotage et infarctus : la science poubelle de retour

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Une nouvelle étude plus que douteuse tente à nouveau de lier la cigarette électronique à des maladies cardiaques.

Vous avez échoué ? Réessayez !

Illustration d'un savant fou

Un extrait trompeur, souvent suffisant à tromper le public et la presse. Image d’illustration – DALL·E 3

Souvenez-vous. En 2019, une étude réalisée par l’épidémiologiste Dharma N. Bhatta, et le Professeur Stanton A. Glantz, concluait que « l’utilisation ponctuelle et quotidienne de l’e-cigarette est associée à un risque accru d’infarctus du myocarde ». Des conclusions qui faisaient grand bruit dans le monde entier puisque de nombreux médias alertaient alors le grand public des prétendus dangers pour la santé du vapotage.

Suite à une levée de boucliers d’une partie de la communauté scientifique au sujet de la méthodologie utilisée pour cette étude, cette dernière était finalement rétractée. Son problème était clair : il n’était nulle part précisé si les infarctus relevés lors de la recherche étaient survenus avant ou après le début du vapotage. Autrement dit, un participant qui avait fait une crise cardiaque en 2016 et qui avait commencé à vapoter en 2017 avait été considéré, lors de l’étude, comme victime de ladite crise cardiaque, à cause du vapotage. Alors qu’il ne vapotait même pas encore lorsqu’elle est survenue.

Si le retrait de cette étude était une bonne nouvelle, tant pour les vapoteurs que pour la communauté scientifique, reste qu’elle avait fait beaucoup de tort à la cigarette électronique. Car si les médias avaient parlé d’elle lors de sa publication, tous avaient tus sa rétractation. Le grand public avait ainsi été mis au courant des risques d’infarctus relevés par cette étude, mais pas du fait qu’elle avait été annulée et ses résultats rétractés.

Sommes-nous sur le point de revivre une situation similaire ?

On prend les mêmes, on recommence

Il y a deux mois, une nouvelle recherche1, cette fois publiée par Talal Alzahrani, cardiologue au Madinah Cardiac Center en Arabie Saoudite et diplômé de la George Washington University, est arrivée à des conclusions similaires.

Selon elle, ses données suggèrent que « l’utilisation actuelle de l’e-cigarette augmente les risques de maladies cardiovasculaires, y compris l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral, chez les sujets qui n’ont jamais fumé de cigarettes ».

Dès sa publication, différents chercheurs se sont penchés dessus pour en vérifier les résultats. Et surprise, une fois encore, cette étude comporte de nombreuses lacunes, comme ils l’expliquent dans leur commentaire.

Nous sommes préoccupés par le fait que les méthodes utilisées dans l’étude d’Alzahrani rendent les résultats rapportés hautement suspects et la conclusion rendue improbable.Extrait du commentaire des chercheurs

De nombreux problèmes méthodologiques

Illustration d'un scientifique fou

Démontrer des résultats, qu’importe la logique, le bon sens, et leur véracité. Image d’illustration – DALL·E 3

Comme le papier rétracté de Glantz, la temporalité des maladies cardiaques et du vapotage n’est pas indiquée. La durée et la fréquence du vapotage n’ont pas non plus été précisées. C’est-à-dire qu’une personne qui aurait eu un infarctus tout en ayant vapoté une seule fois dans sa vie a été considérée comme ayant été victime de cette maladie à cause du vapotage. La taille de l’échantillon est également remise en question puisqu’après réanalyse des données par les scientifiques, il s’avère que sur les 139 000 personnes dont provenaient les données, seules 1 237 utilisaient actuellement un vaporisateur personnel, dont 12 ont déclaré avoir été victimes d’un infarctus du myocarde.

« Compte tenu de ces faibles chiffres, les taux estimés sont extrêmement instables et probablement dénués de sens », précisent les scientifiques. En effet, il semble compliqué de tirer de quelconque conclusion à partir de la situation d’une douzaine de personnes.

Nous exhortons les autres à procéder avec une extrême prudence dans la lecture de l’article d’Alzahrani, qui souffre d’un certain nombre de défauts…Extrait du commentaire des chercheurs

Enfin, le chercheur est également attaqué au sujet des mots qu’il a choisi d’utiliser pour rédiger son article. Si, au sein de l’étude, il reconnaît lui-même que sa recherche « ne peut pas être utilisée pour établir une inférence causale », dans le résumé de l’étude, souvent la seule partie lue par les journalistes et le grand public, il indique que « l’utilisation de la cigarette électronique augmente les risques de maladies cardiovasculaires ». De quoi facilement alimenter la peur au sujet du vapotage pour qui n’irait pas chercher plus loin.

« Nous exhortons les autres à procéder avec une extrême prudence dans la lecture de l’article d’Alzahrani qui souffre d’un certain nombre de défauts fatals, notamment des crises cardiaques survenant avant le début de l’utilisation de la cigarette électronique ; problèmes de diagnostic et de mesure ; résultats biologiquement peu plausibles ; taille insuffisante de l’échantillon et conception problématique du modèle ; et un langage imprudent », concluent les auteurs de ce commentaire parmi lesquels se trouvent plusieurs chercheurs renommés comme Riccardo Polosa ou Michael Siegel, spécialistes de l’étude du vapotage dont le sérieux des travaux n’a jamais été remis en doute.

Pour l’anecdote, Talal Alzahrani a déjà travaillé, par le passé, avec Stanton Glantz, sur une précédente étude2 qui tentait, elle aussi, de faire le lien entre vapotage et maladies cardiaques. Sûrement une simple coïncidence…


1 Alzahrani, T., 2023. Electronic Cigarette Use and Myocardial Infarction. Cureus Journal of Medical Science, 15(11). https://doi.org/10.7759/cureus.48402

2 Alzahrani, T., Pena, I., Temesgen, N. and Glantz, S.A., 2018. Association between electronic cigarette use and myocardial infarction. American journal of preventive medicine, 55(4), pp.455-461. https://doi.org/10.1016/j.amepre.2018.05.004

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