Dans une récente déclaration, le commissaire de la FDA a indiqué que tous les acteurs du marché de la vape aux États-Unis ont le devoir de faire face à la « tragédie de santé publique » que représente le vapotage des jeunes.
La FDA, ce grand cirque
Scott Gottlieb, commissaire de la FDA, a récemment publié une déclaration expliquant les futurs projets de l’agence de santé afin de lutter contre le vapotage des jeunes. Une nouvelle déclaration n’apportant aucun nouvel élément, si ce n’est le terme de « tragédie de santé publique ».
Il faut dire que l’homme est un habitué des grands mots. Entre l’annonce de « la plus importante mesure d’application de la loi de l’histoire de l’organisme » il y a quelques semaines ou la simple augmentation du nombre de jeunes vapoteurs aux USA qu’il qualifie « d’épidémie de vapotage », il faut bien lui reconnaître un certain sens du spectacle.
Mais ce qui est encore plus spectaculaire, et cette fois-ci réellement tragique, c’est la façon dont la FDA semble continuer de patauger au sujet de la vape.
Ainsi pouvait-on lire dans ce dernier communiqué, quelques phrases qui, comme à l’habitude de l’organisme, disaient tout et son contraire :
« Nous croyons toujours que les nouvelles innovations qui n’utilisent pas la combustion, comme de nombreuses cigarettes électroniques, peuvent offrir une occasion importante pour les adultes de se passer du tabac combustible. Nous croyons toujours que les formes non combustibles d’administration de nicotine peuvent être moins nocives pour les fumeurs adultes actuellement dépendants qui recherchent encore la nicotine, sans les risques associés aux cigarettes combustibles. Et nous voulons garder cette option ouverte aux adultes ».
Quelques phrases positives pour la vape puisque le commissaire de l’agence de santé semble bel et bien reconnaître ses atouts, mais dont le ton change radicalement quelques lignes après :
« Mais, comme je l’ai déjà dit, les tendances actuelles de la consommation chez les jeunes ne sont pas tolérables. Nous avertissons depuis plus d’un an que la disponibilité des e-cigarettes ne peut se faire au détriment de la dépendance d’une génération de jeunes à la nicotine grâce à ces produits. Nous avons largement mis en garde contre les tendances inquiétantes que nous observions en ce qui concerne la popularité croissante de ces produits chez les jeunes. Nous disposons maintenant de données solides à l’appui de cette tragédie de santé publique en cours. Et pour faire face à ces tendances et les inverser avec fermeté – et remplir la prémisse centrale de notre mandat en matière de santé publique – nous devrons peut-être prendre des mesures qui pourraient empêcher les adultes de fumer afin de fermer la rampe d’accès à la dépendance à la nicotine pour les enfants ».
Toujours plus de spectacle
Bref, la FDA parle, discute, organise des réunions, rédige des communiqués, profère des menaces, lance des appels, donne des amendes, envoie des lettres d’avertissements, fait des visites surprises… Mais surtout, la FDA ne semble pas vraiment savoir quoi faire.
Et une fois encore, à travers ses paroles, Scott Gottlieb rappelle une nouvelle fois que la FDA pourrait bel et bien interdire la vape et empêcher les fumeurs de se sevrer du tabac, car il ne trouve pas de solution afin de ralentir le vapotage des jeunes. Des jeunes que l’organisme de santé n’a d’ailleurs toujours pas jugé bon d’interroger afin de savoir s’ils étaient fumeurs avant ou non. La réponse à cette question représentant pourtant, le point le plus important.
Selon une étude [1] réalisée par le United States Surgeon General et publiée l’année dernière, « la majorité de l’usage de la cigarette électronique chez les jeunes Américains est soit peu fréquente, soit expérimentale, et négligeable chez les jeunes qui n’ont jamais fumé ». L’étude précisant également que « la majorité de la très faible proportion de jeunes Américains qui utilisent régulièrement les e-cigarettes consomment des produits sans nicotine », mais aussi que « les baisses les plus marquées des taux de tabagisme chez les jeunes aux États-Unis se sont produites à mesure que les e-cigarettes sont devenues de plus en plus disponibles ».
Une étude qui, si elle était prise en compte, annoncerait probablement la fin de cette grande pièce de théâtre qui se joue depuis maintenant plusieurs mois aux États-Unis.
[1] Riccardo Polosa, Christopher Russell, Joel Nitzkin and Konstantinos E. Farsalinos. A critique of the US Surgeon General’s conclusions regarding e-cigarette use among youth and young adults in the United States of America. Harm Reduction Journal201714:61 https://doi.org/10.1186/s12954-017-0187-5
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