Lors de la dernière édition du E-cigarette Summit, Robert Beaglehole, ancien directeur du département des maladies chroniques et de la promotion de la santé à l’OMS, a fustigé l’organisation de santé pour sa politique antivape.
L’OMS pourrait-elle avoir tort ?
Depuis plusieurs années maintenant, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) est décriée par de nombreux experts pour sa politique antitabac ne laissant aucune place à la réduction des risques. Pour l’organisme, une seule chose compte, débarrasser le monde de la nicotine. Seulement voilà, suite à plusieurs décennies d’études sur le tabagisme, nous savons aujourd’hui qu’arrêter de fumer n’est pas chose aisée et que selon le profil des consommateurs de tabac, tous ne réussissent pas à arrêter à l’aide de simples patchs.
Il y a plus de 10 ans, apparaissait sur le marché du sevrage tabagique, un nouvel outil. La cigarette électronique, grâce à un mode de fonctionnement préservant l’appareil de faire appel à toute forme de combustion, permet, selon plusieurs études scientifiques réalisées pour le ministère de la Santé britannique, de pouvoir consommer de la nicotine tout en réduisant les risques liés au tabagisme d’au moins 95 %. Rapidement, le produit gagne en popularité grâce à son efficacité pour arrêter de fumer, et les nombreux autres avantages qu’il propose par rapport aux substituts nicotiniques plus traditionnels, tels que les gommes à mâcher.
Une véritable révolution pour la santé publique ? Pour de nombreux spécialistes, la réponse à cette question est incontestablement oui. Mais pas pour l’OMS. Pour elle, puisque la cigarette électronique délivre un produit contenant de la nicotine, qui, rappelons-le, n’est que très peu nocive pour l’organisme, au même titre que la caféine par exemple, elle est à proscrire avec la même sévérité que les cigarettes de tabac. Qu’importe si celle-ci permet à des fumeurs de se sevrer du tabac et de potentiellement sauver des millions d’années de vie au cours des prochaines années, le vapotage, c’est très mal, et il convient de l’interdire, ou au moins de le réglementer fermement.
Cette position, tenue par l’OMS depuis de nombreuses années, fait régulièrement grincer des dents à travers le monde. Il y a quelques jours, c’était au tour de Robert Beaglehole, professeur émérite de santé publique à la University of Auckland, mais également ancien directeur du département des maladies chroniques et de la promotion de la santé à l’OMS, de s’en prendre à l’organisation.
Dans son discours d’ouverture tenu lors du E-cigarette Summit (les 7 et 8 décembre derniers), il s’en est d’abord pris à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT), soulignant que son échec est dû à son objectif irréaliste d’abstinence de nicotine et à une résistance obstinée à l’adoption de produits moins nocifs. Il a également accusé l’OMS d’être tellement préoccupée par l’utilisation de la cigarette électronique chez les jeunes, que l’organisme en oublie les utilisateurs très largement majoritaires : les fumeurs adultes.
Il a continué sur sa lancée en expliquant que l’Organisation mondiale de la Santé s’est égarée, et l’a également fustigée pour sa dépendance aux financements en provenance de Bloomberg Philanthropies, association fondée par le milliardaire du même nom, dont les idées prohibitionnistes en matière de nicotine dirigent l’OMS dans le mauvais sens.
Après avoir aussi souligné que partout où les recommandations de l’OMS sont suivies, en matière de tabagisme, très peu de progrès sont observés comparativement aux pays ayant adopté une stratégie de réduction du risque tabagique, notamment en encourageant le vapotage, il s’en est également pris à l’organisme pour sa manie de récompenser les pays qui interdisent les produits à risque réduit.
Il a souhaité conclure en adressant un message direct à l’OMS :
« Que se passera-t-il si vous avez tort [à propos de la cigarette électronique] ? Si vous avez tort, le coût sera énorme et se mesurera en millions de décès évitables. Cela me semble un risque totalement inutile et inacceptable à prendre, et je vous demande d’envisager la possibilité que vous ayez tort ».
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