La cigarette électronique au Danemark

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Bien que le taux de prévalence tabagique diminue au cours des années, un net ralentissement s’observe au Danemark depuis l’année 2015. Il s’établissait à l’époque à 18,10 % pour atteindre 17,50 % en 2019, dernière année pour laquelle des données sont disponibles.

La vape acceptée

Il y aurait près de 160 000 vapoteurs au Danemark selon le Global State of Tobacco Harm Reduction, soit 3,23 % de la population danoise.

Si les produits du tabac chauffé sont également admis dans le pays, la situation est différente concernant le SNUS puisque sa vente est interdite, de manière physique comme en ligne. L’importation pour un usage personnel reste cependant autorisée.

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Le tabagisme au Danemark : un des pays européens les moins touchés

Le Danemark figure parmi les bons élèves européens en matière de lutte contre le tabagisme. Avec un taux de prévalence de 14 % en 2023 selon Eurobaromètre, le pays se classe au troisième rang des nations européennes les moins touchées par le tabagisme, derrière la Suède (8 %) et les Pays-Bas (11 %). En 2025, environ 17,8 % de la population adulte de plus de 15 ans fume quotidiennement, un chiffre nettement inférieur à la moyenne européenne de 24 % et largement en dessous du taux français qui s’élève à 24,5 %.

Cette performance remarquable place le Danemark en cinquième position du podium scandinave et européen, précédé par la Norvège (17,1 % de fumeurs), l’Islande (16,0 %), la Finlande (15,5 %) et la Suède (15,1 %). Pourtant, le pays connaît environ 16 000 décès par an liés au tabagisme, un chiffre qui contraste fortement avec celui de l’Islande, pays voisin sur le podium des nations où la plus grande proportion de la population n’a jamais fumé.

Un paradoxe statistique intrigant

Le Danemark a connu en 2018-2019 un phénomène intrigant qui a défié les tendances observées depuis deux décennies. Pour la première fois en 20 ans, le taux de prévalence tabagique a rebondi significativement, passant de 18 % en 2015-2016 à 23,1 % en 2018. Paradoxalement, le ministère du Budget danois a constaté durant cette même période une chute des ventes de cigarettes de 14 % en volume. La presse danoise a incriminé le développement du snus, du tabac chauffé et même du vapotage pour expliquer cette apparente contradiction statistique.

Une politique anti-tabac stricte et efficace

Le succès du Danemark dans la lutte contre le tabagisme repose sur une stratégie globale s’inspirant des principes de l’Union européenne. Le pays a mis en place plusieurs mesures clés qui ont contribué à réduire la prévalence du tabagisme au fil des années.

Des prix parmi les plus élevés d’Europe

Le Danemark pratique l’une des politiques de taxation les plus agressives d’Europe en matière de produits du tabac. Les prix des cigarettes y sont parmi les plus élevés du continent, rendant le tabagisme financièrement dissuasif pour de nombreux fumeurs, particulièrement les jeunes. Cette stratégie de taxation élevée s’est avérée être un outil efficace pour réduire la consommation.

Restrictions et interdictions étendues

Les lois anti-tabac danoises sont particulièrement strictes. Depuis 2012, le pays a progressivement étendu les interdictions de fumer dans les lieux publics, les centres-villes et aux abords des universités. Les bars et restaurants sont également concernés par ces restrictions. La vente de tabac dans les grandes surfaces et supermarchés reste toutefois autorisée, bien que des enseignes comme Lidl aient annoncé en 2023 leur intention de cesser la vente de produits du tabac dans leurs nouveaux magasins ouverts à partir de 2028.

Un soutien gratuit au sevrage tabagique

Le gouvernement danois offre un soutien gratuit aux personnes souhaitant arrêter de fumer. Ce soutien comprend des conseils, des thérapies de remplacement nicotinique et des médicaments. Cette approche globale reconnaît que la dépendance au tabac nécessite un accompagnement médical et psychologique pour être surmontée efficacement.

Une culture sociale anti-tabac

Le Danemark se distingue par un contexte culturel particulièrement défavorable au tabagisme. La célèbre culture du “hygge”, qui favorise les moments de convivialité et de bien-être, se déroule désormais majoritairement dans des espaces non-fumeurs. Le tabagisme est de plus en plus perçu comme un comportement antisocial, ce qui contribue à sa marginalisation progressive dans la vie sociale danoise.

La cigarette électronique au Danemark : une réglementation parmi les plus restrictives d’Europe

Malgré son succès dans la lutte contre le tabagisme, le Danemark a adopté une position particulièrement hostile à la cigarette électronique. En décembre 2020, le parlement danois a voté une série de mesures drastiques qui font du pays l’un des plus restrictifs d’Europe en matière de vapotage. Ces lois, entrées progressivement en vigueur à partir d’avril 2022, ont profondément transformé le paysage du vapotage dans le pays.

L’interdiction des arômes

La mesure la plus controversée concerne l’interdiction de tous les e-liquides aromatisés, à l’exception des saveurs tabac et menthol, effective depuis 2021. Cette restriction prive les vapoteurs danois de la diversité d’arômes qui, selon de nombreuses études, joue un rôle crucial dans la transition du tabac vers la cigarette électronique et dans le maintien de l’arrêt tabagique.

Fait révélateur, selon une enquête de l’Autorité sanitaire du Royaume du Danemark menée en 2022, la vaste majorité des utilisateurs de cigarettes électroniques continuaient d’utiliser des arômes variés malgré l’interdiction, suggérant que la population ne se conforme pas à cette prohibition et se tourne probablement vers le marché parallèle ou les achats transfrontaliers.

Une taxation dissuasive

Le Danemark a également mis en place une taxe sur l’ensemble des flacons d’e-liquides, rendant le vapotage moins attractif financièrement. Cette mesure s’inscrit dans une logique de traitement similaire entre les produits du tabac et les alternatives de réduction des risques, malgré les différences substantielles en termes de nocivité.

Des restrictions marketing drastiques

Les mesures adoptées vont bien au-delà de la simple réglementation des produits. Le Danemark a instauré des restrictions marketing sans précédent, comprenant l’interdiction totale de la publicité pour le vapotage, l’obligation d’emballages neutres (comme pour les paquets de cigarettes), l’interdiction d’afficher des photos des produits même sur les sites en ligne, et l’interdiction pour les clients de publier des avis ou des recommandations sur les produits de vapotage.

Les boutiques ne peuvent plus exposer leurs produits, que ce soit en magasin physique ou en ligne, et toute forme de promotion est strictement prohibée. Ces mesures font du Danemark l’un des environnements les plus hostiles au vapotage en Europe.

Restrictions d’usage

Comme dans de nombreux pays européens, le vapotage est interdit dans les lieux publics fermés au Danemark, notamment les bars, restaurants, centres commerciaux, lieux de travail et transports en commun. Le vapotage reste autorisé dans les espaces publics extérieurs, bien que des amendes comprises entre 13 et 134 euros puissent être infligées en cas de non-respect des restrictions. L’âge minimum pour acheter des produits de vapotage est fixé à 18 ans.

Une politique controversée et ses conséquences

La politique anti-vapotage du Danemark suscite de vives critiques, tant au niveau national qu’international. Kim Pedersen, président de Dadafo, l’association danoise des vapoteurs, estime que “l’interdiction des arômes de la vape va coûter des vies”. Ancien fumeur ayant arrêté grâce au vapotage il y a sept ans, il considère que la cigarette électronique a été “une bouée de sauvetage” pour lui et pour les quelque 300 000 vapoteurs que compte le pays sur une population de 5,8 millions d’habitants.

Un scandale politique

La mise en place de ces lois a été marquée par une controverse. Le ministre de la Santé Magnus Heunicke a été accusé d’avoir dissimulé au parlement des données montrant une baisse du tabagisme, alors qu’une loi anti-vape devait être votée. Cette affaire a soulevé des questions sur la transparence du processus décisionnel et sur les motivations réelles derrière ces restrictions.

Le ministre a défendu ces mesures en affirmant vouloir “protéger les jeunes” et “empêcher les cigarettes électroniques de devenir une passerelle vers la nicotine et les cigarettes classiques”. Toutefois, aucune étude sérieuse ni consultation n’ont été entreprises avant d’initier ce projet de loi, ce qui a suscité l’indignation des défenseurs de la réduction des risques.

Une influence sur l’Union européenne

Le Danemark ne se contente pas d’appliquer des restrictions au niveau national. Le pays cherche activement à étendre ces mesures à toute l’Union européenne. En 2024, les autorités danoises ont présenté au Conseil européen des propositions visant à interdire les arômes pour tous les produits nicotinés (hors pharmacie) dans l’ensemble de l’UE. Cette initiative pourrait bénéficier d’une forte traction politique, particulièrement lorsque le Danemark occupera la présidence de l’UE au second semestre 2025.

Les défis émergents

Alors que le Danemark durcit sa position sur la cigarette électronique, de nouveaux produits nicotinés apparaissent sur le marché. La poudre de nicotine (sachets de nicotine) a récemment fait son apparition dans le pays, obligeant les autorités à prendre rapidement des mesures. Les arômes fruités ont été interdits pour ces produits, et les taxes ont été doublées pour réduire leur attractivité auprès des jeunes. Une enquête menée en 2023 par l’université de Copenhague révèle que 3,5 % des étudiants âgés de 18 à 24 ans ont utilisé de la poudre de nicotine au cours des 30 derniers jours, soulignant la popularité croissante de ce produit.

Bien que la vente de snus (tabac sans fumée populaire en Scandinavie) soit illégale sur le territoire danois, sa consommation clandestine reste importante et difficile à chiffrer, particulièrement parmi les anciennes générations.

Sources