L’augmentation des prix du tabac prévue le 2 janvier prochain a été promulguée ce 13 décembre au Journal officiel, et accompagnée de la liste agréée des prix de vente de toutes les marques et tous les conditionnements, elle laisse apparaître quelques surprises. Bonnes pour les fumeurs, et mauvaises pour les autres.
Le Président vous parle
L’objectif affirmé du gouvernement est de faire baisser le tabagisme, surtout chez les jeunes. Le président de la République lui-même s’y est engagé, le prix du paquet de tabac va atteindre dix euros en 2020, et d’ici là, il y aura des augmentations, vous allez voir ce que vous allez voir, diantre, fichtre, morbleu !
On a vu. Très précisément, nous avons lu l’arrêté d’homologation des prix du tabac paru au journal officiel numéro 296 du 16 décembre 2017. C’est assez simple : la gouvernement annonce aux fabricants le montant des taxes qui seront appliquées, les cigarettiers proposent un prix de vente incluant leur marge, la marge du buraliste et ces taxes, le législateur vérifie et valide. C’est ce prix que les fumeurs paient leurs cigarettes.
A partir du 2 janvier, le prix des cigarettes va donc augmenter. Et c’est du brutal, jugez plutôt : Camel filtre paquet souple, 7 euros au lieu de 7,20 euros aujourd’hui, Camel menthol, 7 euros au lieu de 7,40 euros, Chesterfield bleues, 6,80 euros au lieu de 7 euros, Winston, 7 euros au lieu de 7,20 euros. Et ça, rien que pour les cigarettes, d’autres exemples fourmillent dans le tabac à rouler, cigares et cigarillos.
Pardon ? Attendez, on me dit qu’un paquet de Camel à 7 euros après l’augmentation, c’est moins cher que 7.20 euros aujourd’hui dans les bureaux de tabac ? Ben non, hein. Je sais peut-être pas bien compter, mais je sais lire : si ils disent qu’ils augmentent, c’est qu’ils augmentent, ça peut pas être moins cher. Quoi ? Si, ça peut ? Dites : on se serait pas fait un peu avoir ?
Jeu de dupes
Cette augmentation du prix du tabac est un véritable jeu de dupes. La mécanique en est simple : les taxes s’appliquant d’un coefficient multiplicateur, il suffit de baisser de quelques centimes en début de chaîne, à savoir le prix du paquet sorti d’usine, pour obtenir in fine une baisse substantielle de prix.
Ce n’est pas un très gros sacrifice : les marges de l’industrie du tabac sont importantes, et les coûts de fabrication n’ont fait que baisser durant ce siècle. Automatisation, mondialisation qui permet de délocaliser des entreprises vers des pays où le coût de la main d’œuvre est moins chère, optimisation fiscale débridée… Le calcul est vite fait : mieux vaut gagner quelques centimes de moins par paquet que perdre des parts de marché.
Certains pourraient même en gagner : notons la très belle opération de Chesterfield qui arrive à redescendre en dessous de la barre des sept euros où stagnent la plupart de ses concurrents. Pour un fumeur de Camel ou de Winston fidèle depuis vingt ans à sa marque, ça ne changera rien, mais pour un jeune un peu juste financièrement, un six à la place d’un sept, même si le gain n’est que de vingt centimes, ça change tout.
On notera aussi une plus forte offensive encore sur les prix du tabac à rouler. Là encore, un produit d’appel pour les jeunes pas très riches… Tout ceci avec la bénédiction gouvernementale, qui, rappelons-le, valide chacun de ces prix. Alors, naïveté ou peur de perdre de précieuses rentrées fiscales ? On s’interroge.
Pourquoi, alors qu’on a à portée de main un outil aussi fabuleux que la vape, qui a démontré une efficacité inédite jusqu’alors, s’acharner à mener aussi mal une politique qui a largement démontré, ces quarante dernières années, son inanité ?
Parce qu’une augmentation qui baisse les prix… On se dit alors : vivement que les tarifs augmentent partout, que je paie moins cher mon plein de courses. A moins que tout cela ne soit qu’une grosse poignée de poudre de perlimpinpin ?
Si vous voulez constater vous-même, suivez ce lien.