“Combien de temps le fût met-il pour se refroidir après que l’obus a été tiré ?”
“Un certain temps !”
Fernand Reynaud
Il arrive régulièrement dans les boutiques des clients qui ont un plan très précis pour leur arrêt du tabac et de la vape. Malheureusement, pour que la vape leur soit profitable et efficace, la première chose à faire est de les refréner.
À la recherche du meilleur de la vape ?
Allegro ma non troppo
“Bonjour, je souhaite acheter une cigarette électronique pour arrêter le tabac, et ensuite arrêter le vapotage”.
Cette phrase est la variante aimable d’une demande régulièrement entendue en boutiques. Aimable, non pas à cause du ton du client, mais parce qu’il en existe des variantes plus exigeantes : “en six mois”, “en un an” ou bien la question “j’en ai pour combien de temps ?”.
Il faut se mettre à la place de ces clients : leur demande est légitime. Ils veulent se débarrasser d’une addiction, la cigarette, pour se libérer, parce qu’ils se sentent à raison prisonniers de son carcan, mais ne veulent pas retomber dans une autre addiction. C’est leur droit, et il est vrai que l’information dispensée par la presse généraliste peut soulever ce type de problématiques.
Simplement, ils ont partiellement tort, et il va falloir le leur faire comprendre avec tact, pour leur bien. Le tort de cette démarche, c’est que l’impétrant défumeur se met une pression supplémentaire et inutile, en sautant plusieurs étapes : il songe déjà à l’arrêt de la vape alors même qu’il fume encore et n’a même pas choisi son kit.
Et là, ce qu’il faut expliquer est à la fois simple et complexe : “chaque chose en son temps”.
La vape et le tabac
Le fumeur qui entre dans une boutique de vape n’en est, souvent, pas à sa première tentative. Il a peut-être essayé les patchs, l’acupuncture, l’hypnose, les médicaments, l’arrêt net, la diminution progressive… et il se retrouve dans une boutique de vape. Pourquoi ? Sans doute parce qu’on lui a dit que la vape fonctionnait, souvent parce qu’il en a des exemples sous les yeux.
La première chose à lui faire comprendre, c’est que s’il veut réussir, il va devoir faire confiance au vendeur en face de lui. Parce que ce dernier connaît le matériel, les taux de nicotine, et pourra lui proposer un kit adapté à lui.
Une des immenses forces de la vape est de pouvoir s’adapter au fumeur pour le faire arrêter. Et c’est une excellente chose, parce que chaque profil est différent. On en voit des exemples, deux fumeurs qui consomment la même marque, les mêmes quantités journalières, avec les mêmes habitudes. Et pourtant, un arrivera facilement à stopper avec un dosage de 12 mg dans son liquide, alors que l’autre aura besoin de 18.
Mais le vendeur sait aussi que certaines personnes peuvent arrêter cigarette et vape en trois semaines et d’autres en deux ans. Nous ne sommes pas tous égaux devant les dépendances.
Deux étapes cruciales
Ce que le vendeur doit alors expliquer clairement à son client, c’est que la vape est une addiction moins dangereuse que la cigarette, et qu’elle est un moyen de s’en libérer. Dès lors, commencer avec elle en pensant déjà à s’en débarrasser, c’est se mettre la pression du calendrier et risquer de tout laisser tomber alors que le processus n’est pas achevé.
Le ou les processus, d’ailleurs. Parce que si la première étape est évidente et connue de tous, la seconde l’est moins. La première étape, c’est arrêter de fumer des cigarettes. La deuxième, c’est s’assurer qu’on ne recommencera pas.
Dès lors, la seule réponse valable à donner à un candidat défumeur qui demande “combien de temps ça va me prendre ?” est “le temps nécessaire”.
Pourquoi vapoter est moins dangereux que fumer ?
Aide la vape, la vape t’aidera
Le candidat à l’arrêt de la cigarette doit comprendre que la vape est un espoir sérieux de se libérer d’une addiction dont il a déjà échoué à se débarrasser. Certes, en remplaçant momentanément cette addiction par une autre, mais ce n’est pas grave. Parce que la vape ne contient pas les additifs du tabac, goudron en tête, et ensuite, parce que c’est une addiction qui contient sa propre porte de sortie.
Plus profondément encore, il a peur de la vape. Il faut essayer de comprendre pourquoi, et soit lui démontrer que cette peur est irrationnelle, soit qu’il y a une solution pour la vaincre.
Mais, avec la vape, si tant est qu’il ait un bon kit, le temps joue en sa faveur. Il convient alors de le prendre. Quand un allié vient vous prêter main-forte dans une bataille que vous croyez perdue, vous ne lui imposez pas des conditions qui peuvent le mener à l’échec.
L’arrêt de la cigarette est une bataille contre un adversaire qui n’aura aucune pitié. La question n’est pas de savoir si on veut la gagner en un mois ou en un an. La question est de savoir si on veut se donner les moyens de la gagner tout court.