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Les propositions concrètes de la Fivape pour encadrer la vape intelligemment

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La vape a un défaut majeur aux yeux du pouvoir politique : elle est visible. En quelques années, elle est passée du statut d’outil discret d’émancipation pour les fumeurs à celui d’un comportement identifiable. On ne vapote pas en cachette, et c’est cette visibilité qui l’impose dans le débat public, bien au-delà des seules questions de santé.

« La filière indépendante de la vape ne peut plus se contenter d’être dans la réaction et la défense »

Dès lors qu’un comportement devient visible, il devient un sujet de moralité et il invite la classe politique à s’en saisir sous l’angle des mœurs et de l’ordre public. C’est précisément ce que l’on observe avec le vapotage. La majorité des citoyens ne fument pas, ne vapotent pas, et n’ont aucune idée de ce que cela signifie d’être prisonnier d’une addiction à la cigarette. Pour eux, la question est un arbitraire : “Ils n’ont qu’à arrêter.” Cet instinct trouve un écho particulier dans les cercles de pouvoir – qu’il s’agisse du monde politique, des médias ou d’une partie des experts de la santé publique – où les non-fumeurs sont surreprésentés.

Dès lors, la gestion politique du vapotage ne se fait pas sur des critères rationnels, mais sur des arbitrages autour des enjeux de communication. Lorsque la vape surgit dans l’actualité avec un prisme d’urgence – qu’il s’agisse des puffs, des jeunes, d’une polémique importée des États-Unis, ou comme plus récemment, de la métatine – les responsables politiques ont tendance à réagir à chaud, en prenant des mesures symboliques qui affichent une posture forte, mais qui, sur le fond, sont délétères pour la santé publique. L’interdiction des puffs en est l’illustration parfaite : un signal fort envoyé à l’opinion, mais une décision qui masque un manque de courage politique quand il s’agit d’adresser l’entrée des jeunes dans le tabac.

Face à ce contexte, la filière indépendante de la vape ne peut plus se contenter d’être dans la réaction et la défense. Elle doit anticiper, proposer et structurer l’avenir du vapotage, non pas en demandant l’immobilisme, mais en proposant de nouvelles règles, qui répondent précisément aux menaces et qui sécurisent l’avenir de la filière tout en répondant aux crispations sociales et politiques.

Protéger nos circuits de distribution pour éviter la taxe

Les velléités de taxation du vapotage ne cesseront pas. Nous avons évité l’écueil en 2025, mais la question reviendra à chaque projet de loi de finances. La menace n’est pas simplement financière – même si l’augmentation des prix publics réduirait l’accessibilité de la vape aux fumeurs –, elle est surtout stratégique : une taxe sur le vapotage aurait pour conséquence immédiate de transférer la gestion de la catégorie des mains du ministère de la Santé à celles du ministère des Finances. Et dès lors que la vape devient une recette fiscale, elle cesse d’être perçue comme un outil de réduction des risques.

La riposte ne peut pas être uniquement défensive. Nous devons proposer un cadre qui prémunisse la vape indépendante contre une taxation injuste, en la protégeant structurellement. L’idée est simple : au lieu de laisser la taxation être le levier de régulation du marché, nous devons organiser nous-mêmes la distribution des produits de la vape.

Proposition : une distribution contrôlée

Plutôt que d’attendre que la taxe serve à filtrer les points de vente et ouvre la porte aux seuls buralistes, nous devons proposer un cadre restrictif, mais protecteur : les magasins spécialisés devraient être prioritaires pour vendre des produits du vapotage, sous réserve d’un agrément. Celui-ci pourrait être basé dans un premier temps sur l’objet social, qui permettrait rapidement une mise en place autour des boutiques spécialisées. Ce système exclurait les points de vente non spécialisés, donc la grande distribution, les épiceries de nuit, les stations-service et les places de marché en ligne. Cette disposition constituerait un bouclier réglementaire contre la taxation, puisque le secteur aurait déjà fait l’objet d’un encadrement strict.

Sur un autre front, une demande de baisse de la TVA permettrait l’ouverture d’un débat sur la vape axée sur son rôle social, en mettant en avant les économies qu’elle permet sur les dépenses de santé.

Sur le plan européen, une telle initiative permettrait à la France de s’engager contre une taxe ou a minima de plaider pour une assiette de taxation débutant à 0 %, afin que les États dans lesquels la prévalence tabagique reste élevée, comme en France, puissent la mobiliser pour construire les futures politiques antitabac.

Traiter le sujet des arômes sous l’angle scientifique

Les attaques contre les arômes et le marketing des produits du vapotage vont s’intensifier. Elles sont déjà inscrites dans le Plan national de lutte contre le tabac (PNLT) et pourraient être anticipées avant même la révision de la Directive européenne sur les produits du tabac (TPD) prévue pour 2027/2028.

Pour permettre une reconnaissance et une protection du rôle clef des arômes et de leur diversité dans la démarche d’arrêt du tabac par la vape, il faut s’extraire de ces questions par le haut en étant guidés par les sciences : toxicologie, tabacologie, addictologie de terrain et sociologie.

Proposition : mise en place d’une liste de molécules interdites et rappels à la loi

Il est légitime d’améliorer la sécurité des produits de la vape, même si le risque global est déjà infiniment inférieur à celui du tabac. Il nous faut être force de proposition sur ce sujet en initiant, avec l’ANSES, la mise en place d’une liste de substances interdites dans les e-liquides, basée sur les données scientifiques.

Le travail de normalisation, entamé dès 2015 par la Fivape avec la régulation du diacétyle par exemple, doit être poursuivi dans ce cadre, avec des composés comme le sucralose ou les alternatives à la nicotine comme le 6-Methyl-Nicotine, dont la présence pourrait poser à court terme des problèmes d’image et de réglementation pour la filière.

Sur le marketing, il faut rappeler un principe simple : les produits nicotinés ne doivent pas chercher à séduire les plus jeunes. Les règles existent déjà, elles doivent être respectées et appliquées.

Protéger la vape indépendante contre les offensives de l’industrie du tabac

L’industrie du tabac n’a jamais digéré la montée en puissance du vapotage. Son objectif est simple : transformer la vape en une extension de son propre modèle économique en verrouillant le marché autour des dispositifs propriétaires et des cartouches préremplies.
Ces produits, bien que parfois utiles pour certains profils de consommateurs, sont conçus pour maximiser la dépendance. Ils sont vendus sans conseils, peuvent être distribués partout et enferment l’utilisateur dans un système fermé qui limite les alternatives. Loin d’être des outils efficaces de sevrage, ils favorisent le vapofumage, ce qui est précisément ce dont l’industrie du tabac a besoin pour maintenir sa clientèle.

Proposition : interdire les cartouches préremplies non remplissables

Nous devons pousser une mesure simple, mais décisive : toute cartouche préremplie doit être à nouveau remplissable. Cela permettrait de casser le modèle propriétaire de Big Tobacco et de protéger les systèmes ouverts, qui sont le cœur de la vape indépendante. Enfin, les impacts environnementaux de tels systèmes seraient grandement réduits, une cartouche pouvant être remplie plusieurs fois avant sa mise en déchet.

Une cartouche préremplie peut être vendue, mais elle doit permettre à l’utilisateur de la recharger avec l’e-liquide de son choix. Cette proposition est un levier stratégique puissant pour mettre en échec la captation du marché par Big Tobacco.

Protéger la vape et la santé publique

Ce plan d’action vous intéresse ? Rejoignez la Fivape. Contribuez à l’anticipation, à la structuration et à l’invention des solutions qui permettent à la filière indépendante de se protéger tout en répondant aux préoccupations du débat public.

Taxation, arômes, marketing, modèle économique : nous avons les solutions. Nous devons maintenant faire en sorte que ce soient celles qui s’imposent.

Par Jean Moiroud, président de la Fivape

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