Le tabac est à la première place des causes de morts évitables en Europe depuis au moins un siècle. Pourtant, la « tueuse » pourrait être détrônée dans les trente ans à venir, alerte l’OMS, par une menace qui ne cesse de grossir.
Plus c’est gros, moins ça passe
Devinette : qu’est-ce qui se place à la quatrième place des décès dans le monde, est en soi une maladie qui en provoque d’autres, parmi lesquelles les maladies cardiovasculaires, le diabète et 13 types de cancer ?
Si vous avez répondu « le tabac », c’est perdu. La cigarette est toujours en première place, mais ce challenger, quoique derrière l’hypertension artérielle et les risques alimentaires, est en croissance rapide et pourrait, dans les trente prochaines années, occuper la première place en Europe, selon un rapport alarmant de l’OMS. Ce compétiteur morbide est l’obésité.
En effet, l’obésité touche un enfant sur trois et 60 % des adultes en Europe. Et il s’agit bien d’obésité, au sens défini par l’OMS, et non de surpoids. Elle se définit comme « un excès de masse graisseuse pour une stature donnée résultant d’un apport énergétique issu de l’alimentation largement supérieur aux besoins énergétiques de l’individu concerné ».
Si le surpoids n’est pas considéré en soi comme une maladie (mais constitue un facteur aggravant pour d’autres pathologies), l’obésité en est bel et bien une, puisque, sans forcément considérer le déclenchement d’autres maladies, elle a des effets en elle-même, comme des troubles musculo-squelettiques.
Le COVID, et surtout les confinements, a joué un rôle d’accélérateur pour le phénomène, par les effets de la sédentarisation, du manque d’exercice et de repas plus déséquilibrés.
L’obésité a atteint un seuil épidémique en Europe, toujours selon l’OMS.
À noter que les projections de l’équipe de chercheurs à l’origine de cette étude sont réalisées à partir de données constantes sur les autres fléaux : autrement dit, si la mortalité due au tabac baissait, par exemple grâce à la pratique du vapotage, les courbes pourraient se croiser plus tôt que prévu.
Les solutions préconisées sont la prévention… Et la taxation, principalement des boissons sucrées. La question reste posée des effets à long terme des édulcorants, assez contestés, qui pourraient faire gagner au chapitre des « risques alimentaires » ce qui est évité en « obésité ».
L’Organisation Mondiale de la Santé serait fort à propos de revoir rapidement sa position sur la vape. Déjà, parce qu’arrêter la cigarette et passer à la vape permet de fluidifier la respiration, et donc de rendre plus agréable la pratique du sport, un moyen assez efficace de lutter contre l’obésité.
Mais surtout, la vape permettrait, selon la majorité des études, de faire descendre le tabac de son piédestal funeste en le remplaçant par quelque chose de moins dangereux, ce qu’on appelle « réduction des risques ». Avec la politique actuelle de l’OMS, clairement antivape, le seul espoir de rétrogradation de la mortalité tabagique dans les classements est de la surpasser par quelque chose de pire. Pas certain que l’histoire juge que c’était le meilleur choix.
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