En France, certains e-liquides arborent un logo AFNOR sur leur étiquette. Mais que garantit vraiment cette certification ? Pourquoi n’est-elle pas obligatoire ? Et comment savoir si elle fait la différence ? Réponses.
Une norme au service des vapoteurs
À l’aube de l’existence du marché de la cigarette électronique, aucune règle, ou presque, n’existait. Les premiers modèles de vaporisateurs personnels étaient bien souvent accompagnés d’e-liquides aux provenances sombres, et dont on ne connaissait pas vraiment la composition. Aujourd’hui, le secteur du vapotage s’est professionnalisé, dans le monde entier, et tout particulièrement en France.
Dans l’Hexagone, que certains se plaisent à renommer, le « pays des normes », il fallait bien que le vapotage y passe aussi. Mais, si certains secteurs sont victimes de normes en trop grand nombre, parfois jusqu’à l’absurde, les quelques normes qui s’intéressent au vapotage échappent à ce problème et se révèlent particulièrement utiles, en premier lieu pour les consommateurs.
Une certification qui ne concerne que le produit
Si les entreprises appartenant au secteur du vapotage peuvent mettre en avant certaines certifications comme “Origine France Garantie” ou “ISO 9001”, la norme concernant les e-liquides ne s’applique qu’au produit certifié. Autrement dit, une entreprise peut obtenir une certification pour un de ses produits, tout en ayant d’autres références qui ne sont pas certifiées.
C’est l’AFNOR (Association française de normalisation) qui représente la France auprès de l’Organisation internationale de normalisation (ISO) et du Comité européen de normalisation (CEN). Depuis 2020, l’AFNOR a publié pas moins de 16 normes concernant le marché du vapotage. Trois sont exclusivement françaises, huit sont européennes, et cinq sont internationales. Ce grand nombre de normes s’explique par l’avancée en parallèle des travaux sur les différents échelons (France, UE et monde). Les sujets sont communs : e-liquides, composition, mesure des émissions et matériel.
La certification n’est pas gratuite !
Le processus de certification AFNOR pour un e-liquide est facturé aux entreprises.
Une norme spéciale pour les e-liquides
Parmi les normes françaises se trouve la NF XP D90-300-2. Publiée en 2015, celle-ci « édicte des caractéristiques essentielles pour fabriquer un e-liquide fiable et de qualité ». Concrètement, pour recevoir cette certification, un e-liquide doit répondre à plusieurs critères pour sa composition :
- Absence de colorants, substances cancérogènes, mutagènes, toxiques, huiles végétales, et minérales, sucres et édulcorants, substances énergisantes et médicamenteuses… ;
- Interdiction d’utiliser de la nicotine de synthèse ;
- Qualité pharmaceutique du propylène glycol, du glycérol, de la nicotine, et de l’eau ;
- Qualité alimentaire de l’alcool et des mélanges aromatisants.
En plus du contenu de l’e-liquide, c’est tout son environnement qui est également contrôlé. Le flacon doit, par exemple, être muni d’un bouchon de sécurité et d’un bouchon compte-gouttes, ne doit pas être fabriqué à partir d’un matériau pouvant libérer des molécules toxiques dans l’e-liquide, et doit avoir un volume conforme à la réglementation. Son étiquette est aussi scrupuleusement inspectée pour s’assurer qu’elle présente bien toutes les informations nécessaires :
- La liste complète et vérifiée des composants ;
- Le pays d’origine de la fabrication et du conditionnement ;
- Les consignes de sécurité, d’utilisation et de conservation ;
- Une assistance téléphonique et électronique joignable ;
- Une date de durabilité maximale fixée à 18 mois après la fabrication.
Enfin, le fabricant est lui aussi soumis à diverses obligations, puisque le site de fabrication de l’e-liquide certifié fait l’objet d’un audit annuel par l’AFNOR, qui contrôle par exemple la qualification du personnel, mais également le système de management, qui doit, quant à lui, répondre à diverses exigences, dont beaucoup sont issues de la norme ISO 9001.
L’avantage de cette certification est double. Pour les fabricants d’e-liquides, elle permet de se démarquer sur un marché très concurrentiel, tout en rassurant les consommateurs. Pour ces derniers, c’est l’assurance de vapoter un e-liquide répondant à des normes strictes quant à sa composition.
À noter : la certification d’un produit doit être renouvelée chaque année. Un e-liquide qui a été certifié un jour peut donc ne plus l’être au moment de votre achat.
Une norme bientôt remplacée
La certification selon la norme NF XP D90-300-2, exclusivement française, disparaîtra dans les prochains mois. Elle sera remplacée par une nouvelle norme, cette fois-ci européenne, qui conservera l’essentiel des éléments de la norme française, tout en ajoutant certaines molécules à la liste des produits interdits, et en complexifiant certains points techniques imposés aux entreprises désireuses d’obtenir cette nouvelle certification. Avec cette nouvelle norme européenne, les exigences resteront élevées, garantissant toujours plus de sécurité pour les vapoteurs, tout en demandant aux fabricants une adaptation constante à ces évolutions.
Comment reconnaître un e-liquide certifié AFNOR ?
Ici entouré en rouge, le logo prouvant la certification du e-liquide.
Malheureusement, reconnaître un e-liquide qui a reçu la certification NF XP D90-300-2 peut parfois s’avérer fastidieux. Pour ce faire, le consommateur peut s’appuyer sur trois méthodes distinctes :
- L’étiquette de l’e-liquide : la meilleure solution. Bien que la mention de la certification ne soit pas obligatoire, elle sera, le plus souvent, indiquée sur l’étiquette du produit. Attention cependant, il existe de nombreuses normes. Par exemple, la certification AFNOR 68281 signifie que l’e-liquide a une « Origine France Garantie », mais pas qu’il répond à la norme NF XP D90-300-2 dont nous avons parlé dans cet article. En revanche, la présence du logo officiel de cette norme est l’assurance que le produit en question est bien certifié. Pour rappel, voici le logo de la certification :
- Le site web du fabricant : la certification étant une démarche volontaire, les fabricants n’hésitent pas à la mettre en avant. Bien souvent, le site officiel du liquidier vous indiquera clairement qu’un ou plusieurs de ses produits répondent à cette norme. Là encore, la simple mention de produits « certifiés par l’AFNOR » ne suffit pas puisqu’il peut s’agir d’une certification différente.
- Le registre officiel de l’AFNOR : théoriquement, la meilleure méthode pour s’assurer qu’un e-liquide répond bien à la norme NF XP D90-300-2, puisque l’AFNOR doit mettre à disposition la liste des e-liquides certifiés. Malheureusement, la dernière mise à jour disponible sur le site de l’association remonte à 2022. Il n’est donc pas possible de vraiment compter sur ce point.
Les questions fréquentes
Non. Il s’agit d’une démarche volontaire. Un fabricant peut vendre un e-liquide non certifié tant qu’il respecte la réglementation européenne (TPD) et française en vigueur. La certification AFNOR est un gage de qualité supplémentaire, mais elle n’est pas imposée par la loi.
Non. La certification AFNOR s’applique à un produit spécifique, pas à une marque entière. Une entreprise peut donc proposer à la fois des liquides certifiés et d’autres qui ne le sont pas.
Oui, mais plus pour longtemps. Cette norme exclusivement française sera bientôt remplacée par une norme européenne plus complète. Elle conservera l’essentiel des critères actuels, tout en intégrant de nouvelles restrictions.
Le plus sûr est de vérifier l’étiquette du produit (mais ce n’est pas obligatoire de le mentionner), le site du fabricant (la certification est souvent indiquée dans les fiches produit), et idéalement le registre AFNOR… même s’il n’est pas toujours à jour.
Pas forcément. Le nom “AFNOR” peut apparaître pour d’autres certifications (comme “Origine France Garantie” ou ISO 9001). Il faut s’assurer que la mention concerne bien la norme NF XP D90-300-2.
Non. Elle est attribuée pour une durée limitée. Le fabricant doit renouveler sa certification chaque année. Un produit certifié en 2022 peut donc ne plus l’être aujourd’hui.