Dans le traitement de la cigarette électronique, comme sur de nombreux sujets, le Royaume-Uni s’est souvent démarqué du reste des États membres de l’Union européenne. Dans un an, il ne fera plus partie de cette association politico-économique. Gillian Golden, présidente intérimaire de l’IBVTA, l’association des professionnels indépendants, donne son point de vue et ses espérances.
Interview
Comment appréhendez-vous le Brexit ?
Gillian Golden : En tant qu’association apolitique, l’IBVTA n’a pas pris position lors du référendum sur l’Union européenne. En mars 2019, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. Le Royaume-Uni reprendra donc son siège à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et sera donc libre d’influencer l’agenda mondial sur le vapotage, et notre gouvernement sera alors libre d’établir son propre régime réglementaire pour le vapotage et les produits de la vape. Dans le Plan de lutte contre le tabagisme pour l’Angleterre, il a inclus l’engagement d’évaluer la TPD, comme elle s’applique à la cigarette électronique, après notre retrait de l’UE. Il examinera alors les cas où la sortie du Royaume-Uni offre la possibilité de modifier la législation. C’est l’occasion pour le vapotage d’atteindre son plein potentiel grâce à un régime de réglementation proportionné.
Sur le plan économique, est-ce une opportunité pour l’industrie anglaise de la vape ?
G. : Le Royaume-Uni dispose d’une industrie indépendante florissante qui fournit aux consommateurs une large gamme de produits de qualité. L’industrie de la vape est aujourd’hui celle qui connaît la croissance la plus rapide au Royaume-Uni et le Royaume-Uni est le deuxième marché mondial pour les produits de la vape, après celui des États-Unis. Au niveau du commerce local, les boutiques de vape sont l’un des rares secteurs de croissance. L’industrie britannique de la vape indépendante jouit d’une réputation mondiale en matière de qualité et d’innovation.
Ajoutez à cela l’approche éclairée adoptée par de nombreux acteurs du domaine de la santé publique à l’égard du vapotage et les attitudes positives au sein de Public Health England, de la Medicines and Health Regulatory Agency et de notre ministère de la Santé, et vous voyez que le Royaume-Uni a vraiment le potentiel pour devenir un chef de file mondial du vapotage, à la fois pour influer sur l’environnement politique mondial, mais aussi pour accroître les exportations et stimuler l’économie du Royaume-Uni.
Quelles sont vos craintes, si vous en avez ?
G. : Cette formidable opportunité ne se concrétisera que si l’environnement réglementaire et fiscal dans lequel évolue notre industrie est approprié. Pour y parvenir, nous avons besoin d’un accord de Brexit qui permette à la vape d’atteindre son plein potentiel.
De quel type d’accord rêvez-vous ?
G. : Le Brexit est un élément clé pour l’industrie indépendante de la vape car il fournit une occasion immédiate pour le Royaume-Uni d’examiner le Tobacco and Related Products Regulations 2016 (TRPR) et de proposer notre propre réglementation pour le vapotage. Il est donc essentiel, lors des négociations sur le retrait du Royaume-Uni de l’UE, que le gouvernement n’accepte aucun accord dans lequel le Royaume-Uni serait toujours lié par la politique communautaire de lutte antitabac, y compris la TPD et le régime communautaire d’accises sur le tabac. Nous ne cessons de le souligner dans nos engagements avec les politiciens et les fonctionnaires, tant au Royaume-Uni qu’à Bruxelles.
Depuis la création de l’IBVTA, nous nous sommes concentrés sur l’obtention de résultats, et nous avons été la seule organisation qui représente le mouvement indépendant à avoir activement et systématiquement engagé des contacts avec les organes de l’UE et les décideurs politiques tels que la DG SANTÉ (service de la Commission chargé de mener la politique de l’UE concernant la santé et la sécurité alimentaire, ndlr), la DG TAXUD (autre service de la Commission en charge des politiques de l’UE concernant la fiscalité et les douanes, ndlr) et les eurodéputés de toute l’Europe.
Les membres de l’IBVTA exportent actuellement du Royaume-Uni vers des pays de toute l’UE et d’ailleurs, nous continuerons à être à l’avant-garde de la coopération avec la Commission européenne sur les questions de politique et de fiscalité pour le compte de l’industrie indépendante de la vape. Nous continuerons également à plaider en faveur d’un nouveau régime de réglementation proportionné et à travailler avec des gens de l’industrie indépendante de la vape qui partagent les mêmes idées pour y parvenir.
Nous avons déjà commencé à fonder une alliance avec d’autres organisations professionnelles indépendantes, en fait notre prochaine réunion aura lieu à Bruxelles le mois prochain (en février 2018, ndlr).
Quelles sont vos attentes en ce qui concerne la sortie de la TPD ? Quelles sont les mesures que vous aimeriez voir mises en œuvre en priorité ?
Goodbye aussi la TPD pour l’UKVIA
De son côté, l’UKVIA (UK Vaping Industry Association), qui regroupe des tabatiers et des sociétés de la vape, fonde ses espoirs sur le fait que, une fois le Brexit effectif, la porte serait ouverte à la suppression pure et simple de ces règles. Christian Mulcahy, son président, expliquait au Daily Telegraph que selon lui, “le Brexit pourrait donner un coup de pouce à l’industrie de la vape, en se dégageant de la TPD qui impose des contraintes trop importantes sur la taille des contenants, le taux de nicotine et les formalités administratives pour les commercialiser”.
G. : Les produits de la vape au Royaume-Uni sont réglementés en vertu du TRPR, qui a découlé de la mise en œuvre de la TPD au Royaume-Uni. Certains aspects du TRPR, à savoir les analyses et la notification des e-liquides, sont judicieux. Cependant, les restrictions arbitraires sur la taille des bouteilles et des réservoirs, les restrictions sur la teneur en nicotine et l’interdiction de la publicité, loin de rendre le vapotage plus attrayant pour les fumeurs ou encore moins nocif que le tabagisme, rendent la vape moins attrayante et plus coûteuse.
Nous avons demandé au gouvernement de supprimer les restrictions sur la taille des bouteilles, sur la taille des réservoirs et sur la teneur en nicotine. Nous souhaitons aussi revenir aux restrictions en matière de publicité énoncées dans les lignes directrices du Committee on Advertising Practice (CAP), publiées initialement le 9 octobre 2014, et ne porter que des étiquettes de mise en garde contre la nicotine sur les produits qui contiennent effectivement de la nicotine sur les points de vente.
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