Un procès va bientôt opposer une société qui lutte contre le tabagisme d’une façon très éclairée contre un Youtubeur débunk. Et ça va être intéressant à observer, le vendredi et les autres jours.
Objection votre honneur
C’est lui-même qui l’a annoncé : le YouTubeur G Milgram est attaqué en justice.
« Mais qui est G Milgram ? » demanderont peut-être certains. Excellente question. G Milgram est un Youtubeur spécialisé dans le débunkage d’affirmations fausses en utilisant la méthode scientifique. En gros.
Concrètement, quelqu’un essaie de vous vendre ou de vous affirmer quelque chose qui aurait des effets fabuleux, mirifiques, miraculeux, extraordinaires, incroyables, stupéfiants, ou un dictionnaire de synonymes, et G Milgram se pointe avec un air de pas y toucher, en se demandant si ça marche vraiment ce truc et qu’est-ce qui permet de l’affirmer ?
Le tout à la sauce ironie assaisonnée de sarcasme juste comme il faut.
Et G Milgram a à son palmarès quelques « clients » sérieux : il s’est ainsi amusé d’Atol, les opticiens, s’est moqué de Sanofi, a ridiculisé Guerlain, a affiché RedBull, entre autres, sans oublier les médias comme France Télévision ou M6, entre autres. Le tout, avec la science, juste la science, dans des vidéos à la démonstration parfaite. Votre serviteur le considère comme le boss ultime du débunkage sur YouTube.
Et G Milgram a donc annoncé sur sa chaîne que, ça y est, enfin, quelqu’un lui faisait un procès. Pour un débunker, c’est un peu comme recevoir une médaille.
Mais alors qui ? Une gigantesque entreprise pharmaceutique ? Un colosse de l’agroalimentaire ? Un cador du luxe ?
Pas du tout. Une société qui propose d’arrêter le tabac avec du laser.
Fumer tue
Et, soyons clairs : arrêter le tabac avec du laser, c’est possible. Si un point rouge apparaît sur votre front pendant qu’un type vous explique « il va te suivre partout, tout le temps, et si tu te rallumes une clope, il tire », vous êtes (normalement) soudain non-fumeur.
Il y a d’ailleurs une nouvelle de Stephen King, sur ce thème. Un type voit une publicité pour arrêter de fumer, il téléphone, des gens débarquent chez lui, pointent des armes sur la tête de sa femme et de ses enfants, et lui expliquent « si tu rallumes une cigarette, on flingue tout le monde. Voilà, tu es non fumeur, ça fera mille dollars ». Le pire, c’est qu’à la fin, sa femme et ses enfants sont ravis de son initiative et que le gars arrête vraiment de fumer. De mémoire, c’est dans le recueil « Brume ».
Mais c’est hors sujet : si j’ai lu cette nouvelle il y a facilement vingt ans, je ne me rappelle pas que King précisait qu’ils avaient des armes équipées de viseurs laser. Ce serait idiot, à bout portant, c’est difficile de rater. Quoi que j’en connais… Bref.
Mais le laser est juste une lumière passée à travers un prisme, et si braquer une lumière dans les yeux de quelqu’un permettait d’arrêter quoi que ce soit, ça se saurait.
« Je confirme, jeune gougnafier, je me rappelle, en 1975, quand on braquait la lumière dans les yeux Jo La Main Froide, il s’arrêtait plus de jacter ». Euh, merci commissaire Moulin, pour cette preuve empirique.
Bâillon lumineux
Lors d’un procès en diffamation, puisqu’il semble que ce soit cela dont il s’agit, en simplifiant, le juge va poser deux questions à l’accusé : « est-ce que vous avez des preuves de ce que vous dites ? » et « est-ce qu’il y a une utilité à le dire publiquement ? ».
Par exemple, X est en couple avec Y. Y trompe X. Maîtresse sévère l’apprend, et fait un post sur X. Non, pas sur X, sur X, disons Twitter, ce sera plus simple. Même si Maîtresse Sévère a des preuves que X est cocu, elle perdra, parce que ça ne servait à rien de le dire publiquement.
Par contre, si Y trompe X avec V, que X sait et qu’il s’en fiche, parce qu’il trompe Y avec N, mais que X et Y sont des agents du gouvernement détenteurs de secrets d’État et que V et N sont Vladimir et Nikita, espions russes, là, ça peut intéresser du monde. Maîtresse Sévère peut alors gagner en justice, le seul inconvénient c’est que pour aller jusqu’au verdict, il faut être en vie, et le KGB ne sera pas d’accord.
Mais bref, nous nous garderons bien de prendre position dans cette affaire, mais nous ajouterons néanmoins une chose : il y a un grave manquement de sécurité chez les tenants du laser. En effet, nous avons épluché toute la documentation disponible à leur sujet, et nulle part, nous n’avons vu marqué « interdit aux chats ». Pour des gens qui manipulent des lasers, c’est très imprudent.