L’office anti-fraude de l’Union européenne (Olaf) pourrait rouvrir son enquête sur l’ancien commissaire européen à la Santé, le maltais John Dalli, suite à la découverte de ses voyages express aux Bahamas l’été dernier pour transférer des dizaines de millions de dollars, selon le quotidien International Herald Tribune (IHT).
(Pour rappel Monsieur Dalli est à l’origine du projet de révision de la Directive européenne sur les produits du tabac et souhaitait notamment freiner le développement du Snus et la cigarette électronique deux méthodes de réduction des risques pour le fumeur devenues très populaires en Europe. Suite à une enquête pour corruption, il avait démissionné de son poste pour laisser sa place à Tonio Borg.)
L’IHT reprend les propos d’un responsable de la commission qui a déclaré que M. Dalli avait caché son voyage aux Bahamas, le week-end du 7-8 juillet 2012, en déclarant qu’il l’avait passé à Malte. Le résident qui a loué une villa à la famille de M. Dalli à Nassau, Barry Connor, a indiqué que M. Dalli lui avait fait savoir qu’il comptait transférer une forte somme d’argent à des fins non-spécifiées.
Lorsque le quotidien l’a contacté, M. Dalli a déclaré qu’il s’était rendu aux Bahamas afin de rencontrer des amis anonymes et qu’il y était retourné au moins une fois au cours du même été pour arranger le financement d’un projet philanthropique.
Comme le souligne un autre journal local, le Times of Malta, c’est un fait étrange que ce voyage a eu lieu le 7 juillet 2012. Un jour avant, le 6 juillet 2012, les premiers soupçons l’impliquant dans une tentative de corruption voyaient le jour. Il y a de quoi se poser des questions …
En fait, les dizaines de millions de dollars, c’était pour aider les africains en secret
L’ancien commissaire fut également interrogé sur la somme de 100 millions de dollars qu’il ne réfuta pas, tout en précisant que l’argent n’était pas pour lui. M. Dalli affirma qu’il agissait au nom d’autres personnes qui souhaitaient mettre sur pied un fonds pour aider les populations en Afrique, bien qu’il se soit retenu de donner davantage de détails, déclarant que ce projet était « très personnel » et « très confidentiel ».
De son côté, l’Olaf affirma ignorer le déplacement de M. Dalli aux Bahamas et qu’il enquêterait sur la question.
L’office antifraude européen ajouta : « Comme il est de pratique courante, l’Olaf tiendra dûment compte de toute nouvelle preuve pertinente, dans les limites de ses compétences ».
Le quotidien IHT rapporte que M. Connor reprend les affirmations de M. Dalli au sujet de cette mission philanthropique.
M. Connor déclara : « Généralement, certaines personnes viennent ici avec une sorte de combine, en mentionnant des investisseurs qui feront ceci et cela. Dans ce cas-ci, il y avait juste de l’argent qui allait arriver et qui allait être investi dans des organismes de bienfaisance ».
M. Dalli avait été forcé de démissionner de son poste à la Commission européenne en octobre dernier lorsque l’Olaf l’accusa d’être au courant que son associé, Silvio Zammit, avait tenté d’extorquer 60 millions d’euros à une compagnie suédoise pour lever une interdiction européenne sur le snus, une forme de tabac sans fumée provenant de Suède où il reste légal.
M. Dalli a vigoureusement défendu son innocence dans cette affaire et, le mois dernier, le Commissaire Peter Paul Zammit a annoncé que la police n’avait trouvé aucune preuve légale contre lui. Le gouvernement maltais, le considérant réhabilité, l’a même nommé chef d’un organisme de réforme au sein de l’administration de l’hôpital Mater Dei.
Entre temps, la manière dont l’Olaf, en particulier son directeur, l’italien Giovanni Kessler, a mené l’enquête sur M. Dalli est attentivement examinée et critiquée.
D’ailleurs, le Parti populaire européen (PPE) dont il fait partie a demandé sa démission, mené par Inge Gräßle, la coordinatrice du PPE au sein de la commission du contrôle budgétaire au Parlement européen, tout comme d’autres partis politiques, en particulier les Verts menés par José Bové et Bart Staes.