Qualifiées d’aberrations environnementales et de porte d’entrée vers le tabagisme, la fédération demande l’interdiction des cigarettes électroniques jetables.
Un bon argument, beaucoup de mauvais
Les puffs, ces petites cigarettes électroniques jetables, seront-elles bientôt interdites en France ? C’est en tout cas le souhait qu’a formulé Alliance contre le tabac (ACT), fédération regroupant 24 associations spécialisées dans la lutte contre le tabagisme, à travers un communiqué de presse (format PDF) publié aujourd’hui. Selon ACT, qui aurait fait réaliser un sondage par le biais de l’institut BVA, 13 % des 13-16 ans en France auraient déjà testé la puff, et 9 % en auraient déjà acheté.
Le sondage, réalisé auprès d’un « échantillon national représentatif de 400 adolescents âgés de 13 à 16 ans », fournit d’autres informations. Alliance contre le tabac explique par exemple que l’expérimentation d’une puff serait « plus importante » chez les adolescents dont au moins un des parents est fumeur. Pour ceux dont un parent fume, l’expérimentation serait de 20 %, un chiffre qui grimperait à 29 % dans le cas où les deux parents sont fumeurs.
Parmi les adolescents ayant déjà utilisé cette e-cigarette jetable, pour 28 % d’entre eux, ce serait leur première expérience avec un produit contenant de la nicotine. 17 % seraient ensuite passés à un autre produit nicotiné.
Enfin, le sondage se serait également intéressé à la perception qu’ont les jeunes des puffs.
Tandis que 81 % les considéreraient comme un « gadget » et que 63 % les estimeraient « trop chères », ils seraient 61 % à expliquer qu’elles leur permettraient de découvrir des « goûts originaux » et 52 % à la trouver ludique, « en déclarant que c’est amusant de jouer avec le nuage de vapeur ».
Un communiqué à charge
Comme il est de rigueur avec ACT, la fédération utilise les chiffres révélés par son sondage de manière à matraquer la puff et, plus généralement, toute forme de consommation de nicotine.
Par exemple, le fait que près d’un jeune sur trois, dont les parents sont fumeurs, ait expérimenté la puff peut être perçu comme un point plus positif que négatif. Sans la puff, qu’auraient fait ces jeunes ? Auraient-ils expérimenté le tabagisme à la place ? Si oui, alors le fait qu’ils aient choisi la puff semble être une bonne nouvelle puisque celle-ci reste une cigarette électronique, un produit considéré comme étant au moins 95 % moins dangereux que le tabac par les autorités britanniques.
Alliance contre le tabac ne manque pas non plus de rappeler que puisque le taux de nicotine des puffs peut atteindre 20 mg/ml, celui-ci est « suffisamment élevé pour créer une forte dépendance et constituer une porte d’entrée vers le tabagisme ». Cependant, la grande majorité des études scientifiques sérieuses s’accorde à dire que le vapotage ne conduit aucunement au tabagisme.
En revanche, il paraît difficile de contredire les arguments d’ACT qui indique que les puffs sont composées de plastique et d’une batterie, qui représentent « un danger immédiat et à long terme pour notre environnement ».
« Cela fait désormais plusieurs mois que l’ACT-Alliance contre le tabac alerte sur le phénomène de la Puff qui ne cesse de s’amplifier. Alors que la vente de cette mini-cigarette jetable est interdite aux mineurs, notre étude montre clairement que les jeunes n’ont aucun mal à s’en procurer. Ne nous voilons pas la face : les fabricants n’ont jamais eu l’intention de faire de la Puff un outil de sevrage, mais bien un moyen de transformer nos jeunes en fumeur de demain par le biais de ce nouveau produit de la nicotine hautement addictif », conclut Loïc Josseran, Président de la fédération.
Parmi les professionnels du secteur de la cigarette électronique, la puff continue de diviser. Tandis que certains y voient une nouvelle opportunité de conduire les fumeurs à passer à un produit moins nocif, d’autres la considèrent comme une aberration écologique de par son côté jetable, et lui reprochent justement un marketing jugé trop enfantin.