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Débat buralistes, vape et Vap’you : la réponse du Vaping Post

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Sur son site internet, notre confrère Vap’you avait publié un très bon article sur la « reprise » du marché de la vape par les buralistes. Sur Facebook, un buraliste lui a fait une longue réponse, argumentée. Nous n’avons pas pu résister à la tentation, à notre tour, de lui répondre.

Note : si l’article initial et la réponse concernent Vap’you, la présente réponse est publiée sur le Vaping Post avec l’aimable autorisation de Sébastien Béziau.

Préambule : Plaidoyer pour un buraliste

Le premier point, le tout premier point que nous soulèverons, c’est que la réponse de ce buraliste est, certes passionnée, il a à cœur sa profession, et personne ne pourra le lui reprocher.

C’est d’ailleurs pour cela que je me permets de répondre aussi sur un plan personnel. J’ai été pendant quinze ans, avant ma reconversion dans la vape, un professionnel du funéraire. Croque-morts, pour faire simple. Pendant toutes ces années, j’ai renoncé à compter combien de fois on m’a reproché de “faire du fric sur le dos des morts”, surtout de la part de personnes qui auraient donné tout ce qu’elles avaient pour ne pas à avoir à aller, parfois, dans des endroits où j’ai été et voir ce que j’ai vu.

Cette précision est importante, parce que je sais ce que c’est de voir le métier que l’on exerce avec passion et honnêteté traîné dans la boue par des gens qui en ont une vision fausse et réductrice.

Le buraliste n’est pas un ogre qui vend des cigarettes aux enfants. Les buralistes sont à la fois commerçants et agents de l’état. Ils vendent des cigarettes ? Oui, avec la bénédiction et sous le contrôle de l’état. Ils collectent aussi des impôts et des taxes, celles avec lesquelles on crée et entretient les services publics auxquels les Français sont si attachés. Il vend aussi plein d’autres choses, des gadgets, des friandises, des jeux, selon les endroits des magazines et des boissons. On peut aller au bureau de tabac de son quartier tous les jours, toute sa vie, et y faire des achats sans jamais en ressortir avec un paquet de clopes.

Buraliste, c’est aussi vivre au quotidien l’insécurité. C’est le risque de se faire braquer, pour son fond de caisse ou pour ses paquets de cigarettes, et tout le monde sait qu’un braquage peut déraper vers un drame. Certains de vos confrères sont restés sur le carreaux, et il n’y a que les abrutis pour s’en réjouir. 

Pardon pour ce long préambule, mais il était nécessaire pour dire, tout d’abord, que loin des excès de certains, je respecte les buralistes. Mais, et c’est là où je voulais en venir en étalant ma vie d’avant, j’ai assez conduit de fumeurs à leur tombe pour connaître les dangers du tabac et mépriser les quelques (j’insiste sur ce quelques) représentants de cette profession qui font fi du danger et ne pensent qu’à leur chiffre d’affaires. Je reconnais bien volontiers qu’il y a des buralistes honnêtes, mais j’attends en retour qu’on me concède qu’il existe des salauds.

Ceci dit, les buralistes qui lisent régulièrement le Vaping Post savent pertinemment que cet assaut d’amabilités ne va pas durer. Et ils ont raison.

Un buraliste vapoteur

L’auteur de la réponse à Vap’you est un buraliste vapoteur. Pas pour de faux, d‘ailleurs : sans étaler sa science ou en faire un argument d’autorité, il montre qu’il connaît et aime la vape. C’est tout à son honneur. En aucune façon, nous ne contestons la capacité des buralistes à aimer et connaître la vape. Mais il subsiste encore des lacunes.

Sur les reproches qui nous sont adressés, par exemple. La publicité, les marques en vitrine des boutiques de vape. La France, où il se trouve, n’est pas l’Ontario canadien, où la législation qui s’applique aux boutiques de vape en matière d’affichage est légèrement plus sévère que pour les sex-shops, par exemple. Croyez-moi : si les boutiques de vape, régulièrement visitées par la DGCCRF, se permettent cela, c’est qu’elles le peuvent.

Si vous voulez jouer sur l’application stricte de la loi, j’imagine que ni vous, ni aucun de vos confrères parisien n’avez de briquets tempête ou de pipe en bois en vitrine ? Surtout, j’imagine que TOUS vos confrères demandent leur carte d’identité à leurs clients d’allure juvénile afin de respecter scrupuleusement la loi et de ne surtout pas vendre de tabac aux mineurs ?

Je vous en prie : ne déclarons pas une guerre de délation, peut-être ennuierez-vous certaines boutiques de vape, mais certains de vos confrères pourraient bien se retrouver sur la paille à force de payer des amendes.

Le juste prix

Vous avancez ensuite l’argument du prix, avec des boutiques qui font des promotions et des gestes commerciaux , chose que vous refusez, parce qu’on n’est pas au marché. Votre argument, la compétence se paie. Je suis entièrement d’accord avec vous, c’est un argument solide et de fort calibre, comme vous pourrez le constater lorsqu’il se retournera contre vous.

La compétence dans une boutique de vape, c’est un point de vente dédié, avec des vendeurs professionnels qui ne font que ça de leur journée : conseiller leurs clients, tester et sélectionner des produits, apprendre parfaitement à s’en servir pour pouvoir mieux conseiller leurs clients… Ce sont des spécialistes.

Alors, me demanderez-vous, pourquoi n’assument ils pas fièrement leur prix comme vous ? Eh bien peut-être parce qu’une boutique de vape qui marche fort c’est en moyenne 70 à 80 clients qui passent par jours, contre, combien ? 700 à 800 chez un buraliste ? Ce sont les boutiques de vape et les buralistes qui, respectivement m’ont donné ces chiffres. Un client perdu pour vous, ce n’est pas très grave, en terme d’impact sur votre chiffre d’affaires. Pour une boutique de vape, c’est énorme.

Aussi doivent elles se battre. Et quand, contrairement aux buralistes, elles n’ont pas d’accès privilégié au ministère, puisque Madame Buzyn ne daigne même pas répondre à leurs demande de rendez-vous, quand, contrairement aux buralistes, elles n’ont pas un matelas de clientèle assuré par le monopole, quand, contrairement aux buralistes, elles n’ont pas accès à la Française des jeux, à la presse, au bar, pour assurer un trafic… Elles sont obligées de se battre avec ce qu’elles ont, le prix.

Les buralistes nous expliquent qu’ils veulent se battre pour exister dans un contexte difficile pour eux. En aucun cas nous ne contestons cela, c’est légitime. Mais ne reprochez pas aux boutiques de vape de faire pareil.

Lors qu’enfin vous justifiez vos tarifs par le fait d’avoir 80 références de liquides, j’ai appelé trois boutiques, la première avait 270 références, la seconde 480 et la troisième 360. Et quand leur vendeur est avec un client, il est avec un client, il ne l’abandonne pas un instant pour aller vendre un Marlboro ou un Kéno. À la lumière de ceci, sans vouloir vous offenser, vous êtes un peu cher.

Main dans la main ?

Vous finissez votre intervention en suggérant que nous travaillons tous ensemble. Pourquoi pas ? Tout se discute, et, au risque d’en faire hurler certains, le but ultime est de vaincre le tabagisme, et si des buralistes sincères et de bonne volonté veulent rejoindre le combat, la porte leur est ouverte. C’est une guerre ou chaque soldat compte. Mais quand on entre en guerre, on ne bombarde pas ses alliés pour se signaler.

Vous faites remarquer, à juste titre, que les vapoteurs reprochent aux buralistes de raisonner en terme de chiffre d’affaire alors que eux-même, les boutiques de vape, ne cessent de vouloir se développer. Elle le font pour survivre, comme vous, pour peser économiquement, comme vous, et pour gagner sa vie, comme vous. Là-dessus, nous sommes identiques, et je vous concède le point.

À ceci près que les boutiques de vape se sont créées par passion, avec ce petit quelque chose en plus qu’on appelle la foi, à une époque ou personne n’y croyait et sans le soutien financier d’autres activités dans leur commerce pour pallier aux carences. Si vous vous plantez dans la vape, en tant que buraliste, vous perdez un peu d’argent et ne partirez peut être pas au ski. Si vous créez une boutique de vape et que vous vous plantez, vous n’avez plus rien.

Un des points que vous soulevez est la présence de la vape un peu partout. Vous précisez que cela vous a fait bondir de voir Alfaliquid chez Leclerc. Je vous rassure, ça a fait bondir tout le monde, à commencer par Alfaliquid, qui s’est retrouvé là à cause d’un grossiste, et qui n’a pas apprécié du tout. Quelque chose me dit que les employés d’Alfaliquid ont résilié leur carte de fidélité chez l’épicier de Landerneau.

Oh, je finis ma longue réponse par une boutade, puisque vous le faites aussi. C’est bien, de pouvoir se parler en toute décontraction. Vraiment. J’ai beaucoup apprécié votre plaisanterie sur les 2000 boutiques de vape qui faisaient blocus. Ah ! Ah ! Ah ! 2000 boutiques de vape qui bloquent 25 000 buralistes et deux ministres de tutelle (santé et finances, pas les moindres) en faisant les gros yeux. Excellente, vraiment. On se relèvera la nuit pour se la raconter.

Si vous avez du mal à vous approvisionner en liquide et matériel, appelez-moi, je vous donnerai le nom des grossistes qui travaillent avec les buralistes. Ou allez poser la question chez Leclerc, visiblement, ils ont des tuyaux.

Et pour finir

Et pourtant, votre réponse à Vap’you m’a fait plaisir, parce qu’elle montre une chose : les buralistes et les vapoteurs peuvent discuter calmement, sans passion, mais avec un respect mutuel. Je n’ai pas voulu, ici, vous renvoyer dans vos buts, juste démontrer qu’il y a, effectivement, de quoi parler et des points de vue à confronter.

Simplement, il est bon de rappeler que nous, les vapoteurs, nous avons cru en ce produit alors que les buralistes le balayaient d’un revers de main: aucun buraliste n’était là en octobre 2013 devant le Parlement européen, ni à la manifestation contre la loi santé en 2015, grâce à laquelle l’e-cig n’est pas devenue un médicament. Nous les vapoteurs l’avons développé, défendu contre les oppositions, avons créé et régulé, pas trop mal je pense, ce marché. Lequel marché va vous rapporter, à vous, beaucoup d’argent, n’en doutons pas. Respectez cela, et alors, nous pourrons nous asseoir et parler. Promis, la première tournée sera pour moi.

Vapoteurs devant le Parlement européen, en octobre 2013, pour protester contre le projet d’une réglementation souhaitant classer la cigarette électronique comme un médicament.