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Clive Bates : « La désinformation des activistes de la santé publique est pire que celle de l’industrie du tabac »

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Clive Bates, consultant britannique et ancien directeur de l’association Action on Smoking and Health (ASH), est connu pour ses actions de défense d’une vape libre en Europe. Il livre son regard aiguisé sur le rapport du Collège royal de médecine du Royaume-Uni (RCP) et sur les influences diverses qui font évoluer le cadre législatif de la vape.

Clives Bates, consultant en santé publique.

Clives Bates, consultant en santé publique.

Fin avril, le RCP a publié un rapport sur la cigarette électronique, qui a bénéficié d’une très grande couverture médiatique. Qu’en avez-vous pensé ?

Clive Bates : D’abord, le RCP est très clair concernant les risques relatifs du vapotage. Effectivement, nous ne connaissons pas les effets à long terme et nous ne les connaîtrons pas avant plusieurs décennies. Cependant, nous avons une connaissance approfondie de la toxicologie de la vapeur de l’e-cigarette et de la fumée de la cigarette. La plupart des produits chimiques dangereux contenus dans la fumée de cigarette ne sont pas présents dans la vapeur de l’e-cigarette ou, s’ils le sont, ils le sont à des niveaux bien inférieurs, moins de 1 % dans la plupart des cas.

Étant donné qu’en 2016, seulement 15 % des Britanniques savent que vapoter est beaucoup moins nocif que de fumer et que 47 % des Américains pensent que le vapotage n’est pas moins nocif que le tabagisme, cette étude rappelle la réalité des risques encourus. Elle admet également qu’il existe toujours une incertitude, en mettant l’accent sur le fait que les risques sont susceptibles d’être inférieur à 5 % à ceux du tabagisme.

Le RCP  indique que l’e-cigarette est utilisée presque exclusivement comme une alternative plus sûre au tabac fumé

Deuxièmement, de nombreux militants anti-vape prétendent que le vaporisateur personnel est dangereux parce qu’il « renormaliserait » l’acte de fumer, donc réduirait les statistiques d’arrêt du tabac et créerait des effets passerelle, en incitant les adolescents à fumer. Après examen des données, le RCP conclut à l’inverse qu’il n’y a aucune preuve que l’un de ces processus se produise à un degré significatif au Royaume-Uni. Au contraire, il indique que les vaporisateurs personnels sont utilisés presque exclusivement comme une alternative plus sûre au tabac fumé, par des fumeurs de longue date qui tentent de réduire les risques pour eux-mêmes, ou par d’autres personnes pour éviter de fumer ou cesser de fumer complètement.

Une partie de la communauté de la santé publique se comporte comme l’industrie du tabac il y a 30 ans.

Enfin, la troisième conclusion importante concerne la réglementation. Le RCP estime qu’une réglementation excessive peut être dangereuse et protégerait efficacement le commerce des cigarettes, en empêchant les fumeurs d’accéder à de meilleures alternatives. Le RCP étant une institution médicale de haut niveau, il est capital qu’il ait classé la cigarette électronique comme un produit de consommation, et non comme un traitement médical. Il met en garde le législateur sur le fait que ses décisions peuvent avoir des effets pervers comme l’augmentation du tabagisme. À mon avis, c’est le passage le plus intéressant du rapport.

Malheureusement, les législateurs se sont trompés, que ce soit l’Union européenne, la FDA aux États-Unis, et l’OMS à l’échelle internationale, en imposant des réglementations trop restrictives. Apparemment, ils n’ont pas conscience du mal qu’ils sont en train de causer.

Quelles sont vos craintes actuelles ?

B. : Ma plus grande crainte concerne le fait que beaucoup de militants anti-tabac et certains membres de la communauté de la santé publique sont en train de se comporter comme l’industrie du tabac il y a 30 ans. En affirmant que la cigarette électronique est plus dangereuse qu’elle ne l’est, ces personnes sont dans la même logique que les cigarettiers qui affirmaient que le tabagisme ne provoquait pas le cancer car les études étaient trop incertaines pour être fiables. Il y a 30 ans, les cigarettiers ont menti de manière objective, et actuellement nous assistons à des déclarations tout aussi mensongères sur l’e-cigarette de la part d’experts de la santé publique. Et malheureusement, elles influencent les hommes politiques et les législateurs.

Quel est votre avis sur la présence d’arômes dans les e-liquides ?

B. : Au sujet des arômes, je suis très préoccupé par l’incroyable ignorance des législateurs, qui pensent qu’il serait bon de les interdire, sous prétexte qu’ils sont attractifs pour les enfants. Les arômes sont une partie essentielle du vapotage. S’ils attirent les jeunes dans la vape plutôt que dans le tabagisme, ce serait au final une victoire pour la santé publique. Mais on n’entend jamais un législateur penser à l’interaction entre le tabagisme et le vapotage. Voilà pourquoi, ils devraient suivre attentivement ce que dit le RCP et arrêter d’agir avec un tel amateurisme.

Pensez-vous que les législateurs sont simplement ignorants ou qu’une partie est corrompue par des lobbies, comme l’industrie du tabac ou de la pharmacie ?

B. : C’est plus complexe que ça. Les législateurs aiment légiférer. Quand ils peuvent se positionner en tant que protecteurs des gens, spécialement des enfants, ils ont l’impression d’agir positivement pour la société. L’ennui, c’est qu’il doit y avoir un problème à résoudre.

Les effets pervers du lobby de la santé publique induisent des réglementations trop zélées

Ici, le « problème » est apporté par les activistes de la santé publique, qui créent sans cesse la panique en exagérant les risques, en agitant les peurs et la confusion, tout en ignorant les bénéfices considérables pour le consommateur. Ce sont ces effets pervers du lobby de la santé publique, qui induisent des réglementations trop zélées et aboutissent à l’exact opposé du but originel, en protégeant « Big Tobacco ». Ces organismes de santé ont bien plus de respectabilité et de poids que l’industrie du tabac ou de la pharmacie, mais ils ne connaissent pas grand-chose au business, aux marchés et à l’innovation. Je leur reproche leur arrogance et leur ignorance, et je pense que leur désinformation est actuellement pire que la désinformation de l’industrie du tabac ne l’a jamais été.


Source: PGVG Magazine