Il était temps que le Vaping Post ouvre la rubrique « météo » qui sied à tout média sérieux. Parce que c’est important de savoir le temps qu’il va peut-être faire, ou pas. D’ailleurs, les origines de cette rubrique sont intéressantes. Voici son histoire. Et si vous avez entendu « dong dong » dans votre tête, vous devriez essayer de regarder un peu moins la télévision.
Le temps qui se passe
Il y a sérieusement de quoi se poser des questions sur la profession, pourtant généralement jugée honorable, de météorologiste. Surtout par les temps qui courent.
Tandis que nous arrivons à la mi-juin, les invitations estivales entre amis se font relativement rares, pour des questions de pouvoir d’achat. Imaginez : vous dites à votre joyeuse troupe de camarades : « venez manger dimanche à la maison ». C’est une convocation à un repas de Schrödinger : avant que la cloche n’ait sonné midi le jour fatidique, il est impossible de savoir si vous leur préparerez un barbecue ou une raclette.
Ce qui demande donc de faire les courses pour deux repas différents, un pari onéreux, donc. Il y a certes des petits malins qui ont inventé la « barbeuclette », une raclette à faire au barbecue, mais ça heurte un petit quelque chose en moi attaché aux traditions. Je me demande même si ce n’est pas une forme de décadence. Imaginez les livres d’histoire « la civilisation occidentale est née avec la maîtrise de la vapeur et s’est effondrée à cause de la barbeuclette », on aurait l’air malins.
Mais on parlait de Schrödinger : le type qui enfermait un chat dans une boîte avec un poison ouvert par un atome, et dont on ne savait pas si le chat était vivant ou mort avant d’avoir ouvert la boite.
Une pure expérience de pensée, d’ailleurs, Schrödinger ne l’a jamais fait en vrai. Déjà, parce qu’il voulait démontrer l’absurdité d’expliquer la physique quantique autrement que par le calcul, et aussi pour des questions budgétaires. Non pas à cause du chat, il y en a tellement dans les refuges qu’ils vous les donnent gratuitement, mais à cause des croquettes et du lait.
Canigou et Ronron sont en bateau
Oui, si le chat sort vivant de la boîte, il faut prévoir des croquettes et du lait, parce qu’à sa sortie, il peut avoir une fringale. Ce serait dommage que le matou survive à une loi de la physique quantique pour mourir juste après d’inanition. Mais si le félin est décédé dans sa boîte, bon, certes, c’est pratique pour l’enterrer dans le jardin, mais la coupelle de lait et les croquettes auront été achetées pour rien. C’est du gaspillage.
Certainement, Schrödinger n’était pas homme à se livrer à des dépenses superflues, voilà pourquoi sans doute n’a-t-il jamais procédé à son expérience.
Mais, et la météo ? J’y viens. Tenez, une anecdote : l’autre jour, l’application météo de mon téléphone, qui indiquait « grand beau temps » pour la journée, changea ses prévisions en : risques d’averses. Bien, très bien, vu qu’il pleuvait à torrents depuis deux jours, à tel point qu’un certain Noé errait dans les rues en quête de couples d’animaux.
Pareillement, fin mai, les prévisionnistes étaient formels : si le printemps n’avait pas été fameux, juin s’annonçait caniculaire, à tel point que de nombreux records de températures seraient battus. Tous les modèles le confirmaient.
Mois de juin où j’écris le présent article, donc, avec une petite laine sur le dos, à cause d’une immense vague d’air froid descendu de l’Arctique que personne n’avait vu venir. Pourtant, la vague d’air froid, elle est grosse, et l’Arctique, c’est pas la porte à côté. En d’autres termes, elle était difficile à louper, et on la voyait venir de loin pour quelqu’un qui a un peu l’habitude. Comme un météorologiste, par exemple.
Cray VS crayon
Il y a quelques années, Météo France s’était fait livrer un exemplaire du Cray II, l’ordinateur le plus puissant au monde. Le microprocesseur faisait la taille de ma maison. Plus de trente-cinq ans plus tard, la fiabilité des prévisions ne semble pas s’être tellement améliorée.
Alors qu’en 1979, Jean Pierre Luminet calculait, avec un simple crayon à papier, ce à quoi devait ressembler un trou noir, prévision confirmée pile quarante ans plus tard par l’observation. Vous voyez ? C’est pour ça qu’on trouve plus d’astrophysiciens que de météorologistes dans les livres d’histoire des sciences.
C’est ce à quoi je songeais, l’autre jour, à la conférence de rédaction du Vaping Post. Le rédac’ chef scrutait le résultat des élections européennes, en tenant d’un air morne la dépêche annonçant la dissolution de l’Assemblée nationale en France. Il demanda à la cantonade : « est-ce que quelqu’un a la moindre idée de comment prédire ce que ça va changer pour la vape en Europe ? ».
Après maints débats entre les journalistes, nous parvînmes à une solution : nous allions créer un service météo et leur refiler le dossier.