C’est un demi-tour complet : le Conseil des États Suisse vient de supprimer, dans le nouveau projet de loi sur les produits du tabac, le texte interdisant la publicité. Le Conseil cède ainsi à la pression des lobbys du tabac.
Le grand renoncement
La publicité pour le tabac restera autorisée en Suisse. Son interdiction était prévue dans un projet de loi global pour lutter contre le tabagisme, mais le Conseil des États a supprimé la mesure. Ce qui subsiste du projet de loi initial est déjà qualifié par les associations qui luttent contre le tabagisme de « coquille vide ».
Le Conseil des États est la chambre haute du conseil fédéral Suisse, qui représente les cantons, alors que le Conseil National représente la population.
Initialement, le projet incluait une interdiction de la publicité en faveur du tabac visant à protéger la jeunesse. Celle-ci est très exposée à la communication des industriels du tabac.
Il sera toujours possible pour ces derniers de faire de la publicité dans les journaux, magazines et sur internet.
Les industriels du tabac ne seront même pas tenus de communiquer les sommes qu’ils investissent en publicité et parrainage, qui était le minimum requis pour que la Confédération Helvétique puisse accéder à la convention-cadre de l’OMS.
Également mis à la corbeille, un volet qui proposait d’interdire les additifs qui créent, maintiennent et augmentent la dépendance.
En bref, c’est un véritable blanc-seing que viennent d’accorder les Conseils des États aux fabricants de tabac, dont les produits tuent 9500 Suisses par an.
Une votation intitulée « Oui à la protection des enfants et des jeunes contre la publicité pour le tabac » aura lieu en 2022 et reprend les propositions rejetées par le Conseil des États. Ses promoteurs tablent déjà sur une vive opposition de l’industrie cigarettière, mais aussi de la presse, qui bénéficie de ses budgets publicitaires colossaux. Une initiative similaire avait été rejetée en 1993.