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Vendeur, de la téléphonie mobile à la vape, une fausse bonne idée ?

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Quel est le profil idéal d’un vendeur en magasin de vape ? La question se pose lorsqu’on se rend compte que les anciens vendeurs de téléphonie mobile se sont souvent reconvertis dans le secteur. Si ils ont un bon CV, ont ils le profil idéal ?

Vapoteur téléphone maison

C’est assez curieux : à chaque fois que le patron d’une boutique de vape présente son nouveau et fringant vendeur en expliquant « il est jeune, dynamique, il en veut, il a de l’expérience et il s’y connaît en matière de technologie, avant il bossait dans la téléphonie mobile », on se demande pourquoi il tient tant à énoncer tous ses défauts.

Blague à part, il faut bien reconnaître que les anciens vendeurs de téléphonie mobile sont surreprésentés dans les boutiques de vape. Il y a à cela des explications parfaitement logiques.

Le secteur de la téléphonie mobile a explosé au cours des années 2000 à travers des boutiques souvent des chaînes ou des mini-chaînes régionales, qui ont ouvert des commerces uni- ou multimarques. C’était l’explosion de téléphone portable, tout le monde en voulait un, et ces entrepreneurs ont prospéré.

Puis ces magasins se sont mis à décliner. Le taux d’équipement approchait le point de saturation, et les opérateurs, de leur côté, reprenaient le marché en main. C’était stratégique : pour Bouygues, Orange, SFR et autres, il ne s’agissait plus de vendre une puce de téléphone avec un forfait, mais de promouvoir une offre plus globale, englobant téléphonie mobile, accès internet et services spécifiques. Ces marchés devenant si importants et stratégiques en terme de chiffre d’affaire, il était impensable de les déléguer à des vendeurs tiers sur lesquels les marques avaient peu de contrôle.

Les boutiques de téléphonie mobile ont donc fini par péricliter, lâchant sur le marché des centaines de jeunes, souvent titulaires de diplômes de commerce allant du Bac professionnel au BTS. Et le marché de la vape, à ce moment là, se développait suivant un schéma similaire, du moins en apparence : développement exponentiel d’un dispositif technologique à fort potentiel commercial.

On pourrait donc penser que c’était une situation idéale : une génération de jeunes vendeurs dynamiques, rompus aux produits technologiques et expérimentés dans le contact de multiples clientèles tout prêts à aller vendre de la vape dans des boutiques en pleine croissance. Et pourtant…

A chacun son produit

Les principaux défauts des jeunes vendeurs en téléphonie sont leurs qualités. Parce que les motivations d’achat d’un fumeur désireux de se mettre à la vape et d’un quidam en quête d’un téléphone portable sont totalement différentes.

L’acheteur de téléphone portable, à la grande époque, était motivé par la nouveauté, l’aspect pratique, et se plongeait avec délice dans l’aspect technologique de la chose. Même les plus anciens, pour lesquels d’ailleurs furent un peu plus tard créés des modèles simplifiés. Ce qui faisait l’intérêt de ces appareils, et qui maintenant est considéré comme allant de soi, était justement cette technologie.

On pourrait penser que c’est la même chose pour la vape, or il en va tout autrement. Le fumeur qui rentre dans une boutique de vape veut arrêter de fumer. Souvent, il s’est collé des patchs sur le bras, a pris des cachets qui l’ont plongé dans une profonde dépression, il a accepté de se faire hypnotiser, planter des aiguilles dans le corps… Ce qui le motive, c’est la défume, et la technologie, si elle est vécue par les plus jeunes comme un bonus, est perçue par les plus âgés, à partir d’une cinquantaine d’années, comme une contrainte. La cigarette les a habitués à la simplicité. Plus loin, pour certains, la téléphonie mobile les a vaccinés contre la technologie.

Cette technologie que les vendeurs de téléphonie mobile sont rompus à mettre en avant peut, ici, devenir un frein.

Pire encore, et il faut reconnaître que ce n’est pas l’apanage des anciens vendeurs de téléphones portables, le côté geek et le souhait de la performance pousse les vendeurs à essayer de placer le top du top de la technologie. Qu’on rentre dans une boutique de téléphone mobile pour s’acheter un combiné à carte pré-payée le moins cher possible et qu’on en ressorte avec le haut de gamme de chez Apple ou Samsung n’empêchera pas les gens de continuer à téléphoner ensuite (une fois que leur interdit bancaire aura été levé).

Un fumeur en quête d’arrêt qui sort d’un boutique de vape avec une box triple accu configurable en bluetooth et un atomiseur cloud en subhom, par contre, rique bien de balancer son set up à la poubelle et d’aller dire à tous ses amis que la vape, ça ne marche pas.

Ne pas confondre profil et CV

Que demander à un vendeur de vape ? De connaître son produit, mais aussi de connaître son client. Après, tout dépend de ce que souhaite le patron du shop. Si c’est de voir un client entré se renseigner ressortir avec un panier de 200 euros en one shot, embauchez des vendeurs en téléphonie, ils sont formés pour. Si c’est de voir son client prendre un set-up qui lui est adapté et revenir ensuite toutes les semaines, pendant des mois, voire des années, acheter ses trois flacons de e-liquide et ses deux résistances, et bien, vous pouvez aussi embaucher des anciens vendeurs en téléphonie, mais pour leurs qualités, par leur CV.

Un vendeur de vape doit, dans tous les cas de figure, d’abord et avant toute chose prendre conscience de la responsabilité qui pèse sur ses épaules. L’homme ou la femme qui se trouve face à lui va peut être réussir à arrêter de fumer, si les conseils qu’ils reçoit sont bons, ou bien échouer dans son arrêt si ils sont mauvais.

Disons les choses peut être de manière un peu mélodramatique, mais un fumeur qui décide de donner UNE chance à la vape, qui se fait refiler un kit sub ohm et un liquide sous dosé, qui est déçu, qui balance son set up à la poubelle, continue de fumer, contracte un cancer et meurt, qui est responsable ? L’industrie du tabac qui lui a vendu son poison ou le vendeur de vape qui ne lui a pas sauvé la vie parce qu’il voulait faire du chiffre ou parce que vendre un TFV12, c’est tellement plus fun que vendre un T18 ?

Un vendeur de vape doit d’abord avoir conscience de sa responsabilité, on ne le répétera jamais assez. Pour cela, le profil idéal, c’est, si possible d’avoir expérimenté sur soi les effets bénéfiques de l’arrêt du tabac sur la santé, et idéalement, bien que sinistrement, d’avoir été confronté à ses effets néfastes par l’intermédiaire de la maladie, voire de la mort, de quelqu’un qu’il connaît. N’importe qui capable de se servir d’un téléphone portable est capable de montrer à un client comment se servir de sa vape. Mais n’importe qui n’a pas forcément conscience que la vie de la personne à qui il parle en dépend peut-être. 

Ce qui exclut les anciens vendeurs de téléphonie mobile ? Pas du tout. On peut avoir toutes ces qualités et avoir vendu des téléphones portables, il y en a d’ailleurs qui ont brillé dans les deux domaines. Mais ce n’est pas en vendant des téléphones portables qu’on apprend ces choses. Le tout est de ne pas confondre le Curriculum Vitae et le profil. 

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