C’est le ministère de la Santé qui l’annonce : un million de français a arrêté de fumer en un an, durant une période comprise entre 2016 et 2017. Si la nouvelle est bonne, l’analyse de ses causes et quelque peu biaisée.
Le million, le million
Un million de fumeurs quotidiens ont arrêté en l’espace d’un an en Françe, selon les chiffres publiés ce lundi par le ministère de la Santé, selon qui l’augmentation des prix du tabac est un “facteur dissuasif”.
Résultat, en 2017, 26,9% des 18-75 ans fumaient chaque jour, contre 29,4% à la même prédiode l’année précédente. L’une des tendances marquantes est la baisse “parmi les fumeurs les plus défavorisés” pour “la première fois depuis 2000”, souligne le communiqué du ministère.
Au premier trimestre 2018, les ventes de tabac avaient chuté de 9,1% en un an. Et en mars, juste après la hausse d’un euro du prix du paquet de cigarettes, les ventes ont perdu près de 20%.
Durant la conférence de presse qui a accompagné la publication de ces résultats, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a trouvé ces résultats « de rupture » très encourageants. Elle a également souligné son espoir qu’ils s’inscrivent dans la durée.
Et pour elle, l’explication en est très simple : c’est l’augmentation du prix du tabac. Et… rien d’autre. Et ce n’est pas fini “Au-delà de la hausse de la fiscalité nationale, qui a déjà porté ses fruits, nous travaillons au niveau européen, sur le cadre fiscal européen” a ajouté la ministre. Madame Buzyn a également révélé ses espoirs sur la prise en charge des aides au sevrage vendues en pharmacie.
La vape ? Connais pas
Ces chiffres, par ailleurs excellents, sont peut-être, sans doute même, révélateurs des motivations d’arrêt des anciens fumeurs, mais, on le constate aussitôt, ne mentionnent pas du tout les moyens mis en œuvre par ces derniers pour réussir leur arrêt.
C’est comme si, pour la ministre de la Santé, la vape, par exemple, n’existait pas du tout, ou était un autre sujet qui n’a rien à voir avec le tabac. Sur ce million de fumeurs, combien ont arrêté grâce à la vape ? Combien vapotent encore ? Et combien reprendraient le tabac si celle-ci se voyait infliger un cadre punitif, comme cela est en projet au niveau européen ?
Bref, Madame Buzyn s’approche sans doute de la réalité lorsqu’elle mentionne les motivations d’arrêt, mais s’enferre dans une erreur persistante lorsqu’elle en ignore les moyens. Le risque politique est pourtant réel : si demain la vape se trouvait enfermée dans un ghetto, le chiffre des fumeurs qui reprendraient le tabac pourrait à nouveau exploser, et ce, pour le plus grand bénéfice, sans doute non pas de la filière légale et étatique des buralistes, mais des trafiquants.