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Un livre, une vape, interview : Armelle Carbonel nous fait visiter “Sinestra”

Mis à jour le 20/11/2023 à 22h34
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Après “Criminal Loft” et “Majestic Murder”, Armelle Carbonel revient pour un troisième huis-clos, “Sinestra”. Elle nous guide dans les couloir de cet édifice sinistre où des enfants, espérant trouver l’abri des fracas de la seconde guerre mondiale, vont être confrontés à la noirceur la plus absolue.

Vaping Post (VP): Armelle Carbonel, bonjour, merci de revenir dire bonjour à la rédaction du Vaping post !
Vous sortez cette semaine « Sinestra », votre nouveau roman, après les succès « Criminal Loft » et « Majestic Murder ». Comme les deux précédents, c’est un huis-clos. Vous n’avez pas peur de vous enfermer dans un genre ?

Armelle Carbonel (AC) : Le seul endroit dans lequel je redoute de m’enfermer est situé sous mon crâne ! Sinon, je n’ai pas la sensation de m’approprier un genre puisque, même si les histoires à huis clos sont récurrentes, ces trois romans sont totalement différents, preuve en est votre sixième question qui pointe du doigt la différence de style. Pour le moment, je me complais dans ces univers oppressants. Le jour où ce ne sera plus le cas, alors je prendrai le large pour explorer d’autres horizons.

VP : Ce nouveau livre paraît aux éditions Ring, que vous avez rejoint pour l’occasion, quand les deux précédents étaient publiés aux éditions Milady. Pouvez-vous nous raconter les raisons et les coulisses de ce changement d’éditeur ?

AC : Je me permets de rectifier… Suite à la mise en liquidation judiciaire de mon précédent éditeur « grand format » (Fleur sauvage), j’ai eu la chance d’intégrer l’équipe de Ring qui m’offrait toute latitude quant à mon choix de conserver mon univers parfois jugé « atypique ». Mais à ce jour, Bragelonne demeure mon éditeur au format poche.

VP : D’ailleurs, vos collègues aux éditions Ring sont, entre autres, Laurent Obertone, journalsite spécialisé dans les faits divers, Stéphane Bourgoin, spécialiste des tueurs en série, Frédéric Ploquin, spécialiste du grand banditisme, Ghyslain Gilberti, spécialiste du thriller sous tension, ça doit être sympa, les conversations à la machine à café. Vous vous côtoyez entre auteurs ? Ça nourrit des échanges ?

AC : Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de les rencontrer tous, encore moins de parler chiffons autour d’un café ! Excepté Stéphane Bourgoin que j’ai eu le plaisir de croiser sur plusieurs salons, tout comme Ghislain Gilberti. Nous sommes géographiquement éloignés et les manifestations littéraires sont si denses qu’elles laissent parfois peu de place à l’échange entre auteurs. Mais je ne perds pas espoir de connaître ces auteurs charismatiques.

VP : Parlons de Sinestra. En quelques mots, sans trop en dire, quelle est l’histoire ?

AC : Sans trop en dire, l’histoire est centrée sur les destins de quatre enfants atteints de désordres psychiques qui trouvent refuge au Val Sinestra pour échapper au conflit mondial. Mais rien de bon ne les attend dans ce refuge isolé des Grisons… L’horreur en toile de fond révèle parfois des passions inavouables ou des amours inavouées, une infime lueur dans l’obscurité qu’on appelle l’espoir. Sinestra est leur histoire.

VP : Pourquoi avoir choisi ce contexte de la seconde guerre mondiale ?

AC : Pour tenter de l’expliquer, il faut prendre en considération les différents paramètres qui m’ont amenée à écrire Sinestra. J’ai pour habitude de suivre les reportages ayant trait au paranormal et j’ai découvert l’existence du Val Sinestra à travers l’un deux, il y a maintenant cinq ans. Cet hôtel niché au cœur des Grisons m’a totalement subjuguée. Je me rappelle parfaitement avoir pensé : « un jour, j’écrirai une histoire qui se déroulera là-bas ». Aussitôt, mon imagination a superposé aux images des enfants, puis quelques secondes plus tard, j’ai « vu » la guerre, la misère, le chaos. On ne peut pas toujours expliquer la magie de ces instants-là. A l’époque, je ne me sentais pas capable de traiter un sujet aussi douloureux et délicat. Alors j’ai attendu de mûrir…

VP : Une chose m’a frappé, peut-être que c’est mon imagination, mais… « Criminal Loft » se déroulait dans le milieu de la télé réalité, son style était descriptif et graphique. « Majestic Murder » parlait de théâtre, son style était flamboyant et… Théâtral. « Sinestra » se rapprocherait du compte, son style est elliptique et onirique et emprunte beaucoup au vocabulaire suranné des comptes de fée et de la poésie. Est-ce que ce style adapté à l’histoire est travaillé, ou est-ce l’histoire qui vous impose un peu la façon de la raconter ?

AC : A chaque fois que je pose un décor, les premiers mots sont décisifs. Le style s’impose de lui-même comme une évidence selon l’époque, le sujet, l’orientation que je souhaite donner au roman. Je m’imprègne de l’atmosphère, m’ancre à mes personnages et je les laisse s’exprimer. Il est évident que la plume est différente selon qu’on se glisse dans la peau d’un sociopathe au 21ème siècle, acteur majeur d’une télé-réalité, ou dans celle d’une enfant de onze ans en 1942… . Je ne force en rien le style et tente même d’en atténuer les effets pour ne pas nuire à la compréhension de l’histoire. Je n’avais perçu Sinestra comme doté d’une narration poétique aux frontières du conte, mais c’est sans doute ce qui apporte une touche de magie à la littérature. Elle s’adapte à la sensibilité de chacun au point que le livre n’appartient plus à l’auteur mais à celui qui le lit.

VP : D’ailleurs, sans être un compte, « Sinestra » en emprunte quelques codes : les enfants, la forêt, les grands méchants loups évoqués sous forme de menace invisible, le château… C’est voulu ?

AC : Pas de manière consciente, en tout cas. Il s’avère que le Val Sinestra existe réellement. Cet édifice inquiétant, situé au cœur des Grisons, est cerné par de vastes forêts qui abritent naturellement la faune et la flore. Je n’ai rien inventé ! Les codes existent dans la réalité, je n’ai fait qu’exploiter l’angoisse qu’ils suscitent.

VP : La fin est claire et nette, je le précise pour nos lecteurs, vous allez jusqu’au bout du récit, il n’y a ni mystère ni cliffanger, et pourtant, on a du mal, en refermant le livre, à savoir si ça finit bien ou mal. Le prix à payer est immense et on ne peut pas en dévoiler beaucoup plus sans trop en dire. Est-ce qu’on peut parler d’un happy end désespéré ?

AC : Je parlerais davantage d’un happy end inespéré compte tenu des épreuves terribles traversées par ces enfants. Si justice il y a dans ce monde, peut-être s’immisce-t-elle dans les dernières lignes ? Quant à parler de « fin », c’est un tantinet prématuré… (sourire).

VP : D’ailleurs, quand vous avez commencé « Sinestra », comme lorsque vous commencez un livre en général, connaissez-vous la fin par avance ? Et, si vous décidez de la fin d’une histoire avant de commencer le livre, peut-elle évoluer en fonction de l’écriture, ou est-ce que vous vous tenez à un plan strict ?

AC : Je connais la destination mais je découvre l’itinéraire au fur et à mesure. Quand je commence une histoire, ma perception de la fin est à l’échelle d’une ville, puis elle s’affine progressivement jusqu’à marquer un point précis sur la carte de mes envies.

VP : Vous vapotez toujours ? Quels liquides avez-vous vapoté en écrivant « Sinestra » ?

AC : Je vape toujours, goût pain d’épice (sourire).

VP : C’est le mois sans tabac, actuellement, que diriez-vous à toutes celles et tous ceux qui voudraient arrêter la cigarette ?

AC : Si la volonté est bien présente, alors le succès est assuré. Je suis de tout cœur avec vous !

VP : Il y a toujours un délai relativement important entre la fin de l’écriture du livre et sa publication, ça fait combien de temps que vous avez fini « Sinestra » ? Vous avez déjà le thème du suivant ?

AC : J’ai terminé l’écriture de Sinestra il y a cinq mois. Je me suis octroyée quelques semaines pour quitter le Val, prendre du recul par rapport à « mes enfants ». Je ne peux pas rester longtemps sans écrire… Alors je me concentre actuellement sur les recherches qui viendront pimenter mon prochain roman.

VP : Pour finir, le dernier mot est pour vous : qu’aimeriez-vous dire aux lecteurs du Vaping Post ?

AC : En ces temps appropriés, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année !

“Sinestra”, Armelle Carbonel, éditions Ring, 390 pages, 19.95 euros (et les vives recommandations du Vaping Post)