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Quelle explication scientifique derrière le hit ?

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Nous savons tous que la nicotine est en grande partie responsable du hit, cette contraction de la gorge qui s’opère lors de l’inhalation de la vapeur. Mais vous-êtes vous déjà demandé quels étaient les processus en jeu dans ce phénomène qui pour beaucoup de vapoteurs aujourd’hui, fait partie intégrante du plaisir de la vape ?

Rencontre avec Jérémy Sorin

Jérémy Sorin : Technicien pôle analyse, recherche et Développement LFEL

Jérémy Sorin : Technicien pôle analyse, recherche et Développement au LFEL

J’ai rencontré Jérémy Sorin lors de ma visite au Laboratoire Français du E-liquide (LFEL) à Pessac. Ce jeune scientifique qui travaille aujourd’hui au pôle analyse, m’a fait part de ses précédents travaux universitaires sur la cigarette électronique. Parce qu’il a notamment abordé le sujet du “Hit throat” je lui ai demandé de bien vouloir me donner son point de vue personnel sur la question. Voici son analyse.

Réflexion sur les origines moléculaires du hit throat

L’actuel succès de la cigarette électronique (EC) repose en partie sur le fait que son utilisation permet au vapoteur de recréer partiellement le caractère plaisant de l’acte de fumer. En effet, outre la conservation du geste, l’utilisation d’une EC recrée une partie des sensations périphériques ressenties lors de la consommation d’une cigarette standard. Ce sont ces sensations que la communauté de vapoteur nomme hit throat. On l’assimile à une sensation de contraction ou de bref picotement au niveau du larynx lors du passage d’une vapeur nicotinée.

Bien que le phénomène existe depuis la création de la cigarette, son origine moléculaire reste mal connue. Pourtant la compréhension des mécanismes à l’origine du hit throat est un enjeu majeur, car des études montrent que les sensations ressenties lors de la consommation d’une cigarette ou de l’utilisation d’une EC contribuent à réduire l’envie de fumer du vapoteur. En d’autre terme, l’intensité du hit throat et des sensations éprouvées lors du vapotage régulerait l’envie de consommer de la nicotine du vapoteur.
Nous explorerons ici quelques pistes plausibles quant à l’origine moléculaire du hit throat.

La nicotine : acteur principal du hit throat

Il est maintenant clair que la nicotine est le composant du E-liquide responsable du hit throat lorsqu’elle est inhalée. En effet, l’intensité du hit throat produit par un E-liquide est proportionnelle à la quantité de nicotine qu’il contient. Plus précisément, l’intensité du phénomène est strictement lié à la quantité de nicotine en contact avec le larynx, elle dépend donc de nombreux paramètres tels que la puissance de la batterie utilisée ou encore la façon de vapoter du vapoteur.

Le caractère contractant de la nicotine

Le récepteur endogène de la nicotine, c’est-à-dire la structure moléculaire à laquelle la nicotine va se lier pour entrainer une action physiologique, est le récepteur nicotinique à l’acétylcholine (AChR). L’AChR est aussi le récepteur d’un neurotransmetteur, l’acétylcholine, qui une fois liée à l’AChR, induit un signal menant à la contraction de la fibre musculaire. La forme ionisée de la nicotine qui ressemble fortement à l’acétylcholine peut donc se lier à l’AChR et pourrait induire une activité contractante similaire. La présence de ces récepteurs au niveau de jonctions neuromusculaires proches du Larynx laisse penser que l’action entrainée par la liaison de la nicotine à l’AChR serait à l’origine du hit throat. Ceci est concordant avec la description donnée par la communauté des vapoteurs qui s’accordent à décrire le hit throat comme une brève contraction.

Le caractère irritant de la nicotine

Des études faites sur le rat montrent que la nicotine possède un caractère irritant. En effet, la nicotine serait à l’origine de l’activation de nerfs sensoriels également activés par des molécules irritantes. L’activation de tels nerfs se traduit par un bref picotement, c’est ce qui est à l’origine du picotement ressenti lorsque l’on dépose un peu de E-liquide sur la langue. De plus la comparaison du profil d’activation de ces nerfs par la nicotine avec d’autres substances irritantes montre que la nicotine induit une réponse brève et spécifique quand les autres molécules induisent des réponses plus étalées dans le temps. Il est donc probable que le léger picotement souvent associé au hit throat soit dû au caractère irritant de la nicotine.

Conclusion

Devant ces constatations, ma vision du hit throat et de ses origines se complexifie quelque peu. En effet, plus qu’une simple contraction comme il est le plus souvent décrit, le hit throat pourrait être la combinaison d’une sensation de contraction et d’une sensation de brève irritation toutes deux induites par la nicotine.

Le développement d’une molécule capable de recréer le Hit throat lorsqu’elle est inhalée via une EC présente un intérêt de santé publique car elle permettrait de réduire la consommation de nicotine d’un vapoteur tout en réduisant la sensation de manque qui lui est associée. En ce sens, le développement d’une telle molécule constitue un axe de recherche que nous souhaitons approfondir au LFEL. Néanmoins elle ne pourra pas jouer sur le caractère contractant de la nicotine puisque celui-ci proviendrait de sa liaison à l’AChR, un récepteur impliqué dans de nombreux processus physiologiques indépendants de l’action de la nicotine.

Pour recréer le hit throat, nous avons donc fait le choix d’utiliser des molécules au potentiel irritant telles que la capsaïcine, une molécule qui donne son caractère piquant au piment. Cette molécule est utilisée par l’industrie pharmaceutique dans divers test de toux provoquée, preuve de son innocuité à l’inhalation. En outre la capsaïcine a été utilisée dans des cigarettes standards afin d’augmenter les sensations périphériques provoquées par ces cigarettes et notamment étudier leur influence sur l’envie de fumer des consommateurs. Des essais visant à établir une formulation adéquate de E-liquide contenant de la capsaïcine sont en cours dans notre laboratoire.